VIH/sida
Aperçu général
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) s’attaque aux cellules du système immunitaire, en les détruisant ou en les rendant inefficaces. Aux premiers stades, les personnes infectées ne présentent pas de symptômes. Cependant, l’évolution de l’infection entraîne une vulnérabilité accrue à un grand nombre de pathologies que l’organisme pourrait normalement combattre avec un système immunitaire sain (OMS, 2015).
Le syndrome d’immunodéficience acquise (sida) constitue le stade le plus avancé de l’infection au VIH. Il peut apparaître au bout de 10 à 15 ans. Les traitements antirétroviraux permettent de ralentir son évolution, sans toutefois guérir l’infection (OMS, 2015).
Le VIH peut se transmettre à l’occasion de rapports sexuels non-protégés, d’une transfusion de sang contaminé ou de l’échange de seringues. Il existe aussi un risque de transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement au sein (OMS, 2015).
Apparu dans les années 1980, le VIH/sida reste aujourd’hui un problème majeur de santé publique. En 2014, 2 millions de personnes ont été nouvellement infectées par le virus et 1,2 millions de personnes sont décédées de maladies liées au sida (ONUSIDA, 2015)
Malgré tout, des progrès notables ont été enregistrés ces dernières années: de 2000 à 2015, le nombre des nouvelles infections a diminué de 35 % et le nombre des décès liés au sida de 24 % (ONUSIDA, 2015), permettant d’atteindre les cibles fixées par les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Vers une « féminisation » de l’épidémie
Alors que les hommes étaient majoritairement touchés par le virus au début de l’épidémie, on assiste depuis plusieurs années à une « féminisation » du VIH/sida :
- En 2013, 16 millions de femmes dans le monde étaient séropositives, soit 50 % de tous les adultes atteints du VIH/sida (ONUSIDA, 2014, cité par ONU-Femmes, n.d).
- La féminisation de l’épidémie touchait surtout l’Afrique sub-saharienne, où les femmes représentaient 58% des adultes vivant avec le VIH/sida en 2013 (ONUSIDA, 2014, cité par ONU-Femmes, n.d).
- Le VIH/sida constituait en 2013 la principale cause de mortalité chez les femmes âgées de 15 à 44 ans dans le monde (OMS, 2013, cité par ONU-Femmes, n.d).
- En 2013, environ 60 % de tous les nouveaux cas d’infection par le VIH/sida constatés chez les jeunes concernaient les adolescentes et les jeunes femmes, soit près de 1 000 jeunes femmes nouvellement infectées par le VIH/sida chaque jour (ONUSIDA, 2014, cité par ONU-Femmes, n.d).
Pourquoi les femmes sont plus exposées au risque de contracter le virus
Facteurs biologiques
Il existe au départ des facteurs biologiques qui rendent les femmes plus susceptibles d’être infectées par le VIH que les hommes: zones de muqueuses plus exposées pendant les rapports sexuels; risques de micro-déchirures et de saignements; plus forte teneur en virus des fluides sexuels transmis par les hommes, etc (OMS, n.d).
Normes sociales et culturelles
Mais les normes sociales et culturelles entourant la sexualité contribuent aussi fortement à la vulnérabilité des femmes au virus. Dans de nombreuses sociétés, les hommes sont encouragés à avoir d’avantage de partenaires sexuelles que les femmes et à choisir ces partenaires parmi des femmes beaucoup plus jeunes. Le mariage précoce, comme de nombreuses normes sociales associées à la féminité, crée des rapports de pouvoir inégaux au sein du couple et empêche les femmes d’exercer un contrôle sur leur sexualité. En outre, des pratiques néfastes telles que le lévirat (lorsque le frère d’un défunt “hérite” de la veuve de son frère et l’épouse) ou le mythe de la vierge (la croyance erronée qu’un homme infecté par le VIH pourra être guéri en ayant des rapports sexuels avec une jeune fille vierge) contribuent à la propagation de l’épidémie (OMS, 2008).
Violence à l’égard des femmes
Les violences contre les femmes constituent un facteur majeur de leur vulnérabilité au VIH/sida. Les rapports sexuels forcés peuvent contribuer à la transmission du VIH du fait des lacérations résultant de l’usage de la force. La violence ou la peur de la violence peuvent empêcher les femmes de demander à leur partenaire d’utiliser un préservatif, de refuser des rapports sexuels non désirés et de poser des questions sur leur statut sérologique (OMS/ONU, 2008). Une étude réalisée en Afrique du Sud démontre ainsi que les femmes subissant des violences de leurs partenaires avaient 50% de probabilité supplémentaire de contracter le virus (Avert, n.d, citant une étude du Lancet, 2010).
Accès aux ressources, à l’éducation et aux services de santé
Dans de nombreuses sociétés, l’accès des femmes aux ressources et aux biens est limité, les obligeant à recourir à des stratégies de survie qui les rendent plus vulnérables au VIH (OMS, 2008).
Plus les filles sont scolarisées, moins elles encourent le risque de contracter le VIH. Les effets de l’instruction en matière de protection contre le VIH sont encore plus prononcés dans le secondaire. L’éducation permet également aux femmes d’accéder à un emploi rémunéré, un facteur qui contribue à les mettre à l’abri de l’épidémie (OMS, 2008). Or en 2012, seuls 36% des pays en développement disposant de données avaient atteint la parité des sexes dans l’enseignement secondaire (ONU, 2015).
Les femmes et les filles font également face à des barrières d’accès aux services d’éducation et de santé sexuelle et reproductive. Par exemple, au Kenya, au Rwanda et au Sénégal, plus de 70% of des jeunes filles non-mariées et sexuellement actives n’avaient pas accès à la contraception en raison de restrictions liées à l’âge (Avert, n.d, citant une étude de la Fédération internationale du planning familial, 2013).
Les femmes face aux conséquences du virus
Accès aux traitements
ONUSIDA (2015) estime que 41% de l’ensemble des adultes vivant avec le VIH avaient accès aux traitements antirétroviraux en 2014, contre 23% en 2010. En Afrique sub-saharienne, les femmes étaient 43% à avoir accès aux traitements contre 33% pour les hommes en 2013 (ONUSIDA, 2014).
Parmi les femmes enceintes, 73% avaient accès aux traitements antirétroviraux en 2014 pour prévenir la transmission du VIH à leurs bébés (ONUSIDA, 2014). L’OMS (n.d) estime néanmoins que les programmes de santé publique ne devraient pas se contenter de traiter les femmes qu’en tant que mères, mais aussi en tant que personnes qui ont besoin de soins à titre individuel.
Stigma et discrimination
Les femmes vivant avec le VIH sont susceptibles d’être stigmatisées pour leur ‘immoralité’ et pour avoir enfreint les tabous relatifs à la sexualité féminine. Les mères peuvent être tenues pour responsables d’avoir infecté leurs enfants. L’annonce de leur séropositivité peut également entraîner la violence et l’abandon de leur partenaire, qui peut les accuser d’avoir introduit le virus au sein de la famille. Enfin, la peur (souvent justifiée) d’être stigmatisées peut écarter de nombreuses femmes séropositives de l’accès aux traitements (OMS, 2008).
Fardeau de la prise en charge
Les femmes assument l’essentiel des soins aux personnes vivant avec le VIH. Partant du principe qu’il s’agit d’un rôle qui leur incombe « naturellement », cette charge n’est ni rémunérée ni soutenue (voir article sur « le travail non rémunéré des femmes »). Des recherches effectuées dans sept pays indiquent que plus de 50% des orphelins sont pris en charge par des femmes de la famille, en particulier les grands-mères (OMS, 2008). Les veuves et orphelines de personnes décédées de maladies liées au sida sont d’autant plus pénalisées que bien souvent, elles ne jouissent pas des mêmes droits à l’héritage que les hommes.
Pistes pour renforcer l’égalité femmes-hommes dans les réponses publiques au VIH/sida
Au moins deux grands axes se dégagent pour renforcer l’égalité femmes-hommes dans les réponses publiques au VIH/sida (OMS, 2008):
1) des interventions structurelles qui visent à transformer les inégalités femmes-hommes dans des secteurs tels que l’économie, la santé, l’éducation et les affaires juridiques. Par exemple, le programme IMAGE (Intervention with Microfinance for AIDS and Gender Equity) conduit en Afrique du Sud a fourni des microcrédits à des femmes pauvres en zones rurales, assortis d’ateliers sur l’égalité des sexes et le VIH, ainsi que d’une mobilisation des hommes autour des normes de masculinité dans le couple. Le programme semble avoir abouti à des résultats prometteurs, avec une réduction de 55% la violence contre les femmes par leur partenaire parmi les participants et de 24% des rapports sexuels non-protégés chez les jeunes (OMS, 2013b).
2) l’intégration de la sexospécificité dans la planification nationale pour le VIH/sida et les services associés tels que les services de conseil et de dépistage du VIH, les centres de traitement, etc. Selon ONUSIDA, seuls 57 % des 104 pays déclarants possèdent actuellement une stratégie contre le VIH/sida comprenant un budget spécifique attribué aux femmes. Entre autres exemples d’initiatives dans ce domaine, on peut citer l’audit de genre conduit au Cambodge en vue d’aider l’Autorité nationale de lutte contre le sida et le Ministère de la Condition féminine à définir les points essentiels de l’intégration de la dimension genre dans le Plan stratégique national 2011-2015 sur le VIH/sida. La transmission du VIH/sida au sein du couple y est ainsi devenue une priorité (ONU-Femmes, n.d).
Références
Avert (n.d.), Women and HIV/AIDS, site web consulté le 2 mars 2016,
OMS/ONUSIDA (2008), Lutter contre les inégalités entre les sexes : renforcer la programmation relative au VIH/sida pour les femmes et les filles, http://www.who.int/hiv/pub/toolkits/2-1b_Gender_Jan09FR_last.pdf?ua=1
OMS (2015), Aide-mémoire N°360: VIH/sida, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs360/fr/
OMS (n.d), Inégalités entre les sexes et VIH/sida, page web consultée le 2 mars 2016, http://www.who.int/gender/hiv_aids/fr/
OMS (2013), Aide-mémoire N°334: Santé des femmes, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs334/fr/
OMS (2013b), 16 Ideas for addressing violence against women in the context of the HIV epidemic, http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/95156/1/9789241506533_eng.pdf
ONU (2015), Objectifs du Millénaire pour le développement – Rapport 2015, New York, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2015/pdf/rapport_2015.pdf
ONU-Femmes (n.d), VIH/sida, pages web consultées le 2 mars 2016, http://www.unwomen.org/fr/what-we-do/hiv-and-aids
ONUSIDA (2014), The Gap Report, http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/UNAIDS_Gap_report_en.pdf
ONUSIDA (2015), Fiche d’information 2015, http://www.unaids.org/fr/resources/campaigns/HowAIDSchangedeverything/factsheet
Liens externes
ONUSIDA (2015), Le sida en chiffres 2015 http://www.unaids.org/fr/resources/documents/2015/AIDS_by_the_numbers_2015
ONUSIDA/Union Africaine (2015), Émanciper les jeunes femmes et les adolescentes: accélérer la fin de l’épidémie de SIDA en Afrique, http://www.unaids.org/fr/resources/documents/2015/JC2746