Écarts de salaire entre femmes et hommes
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Écarts de salaire entre femmes et hommes
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<h2>Définitions et enjeux des écarts salariaux</h2>
Aucun pays au monde n’accorde aux femmes et aux hommes le même salaire pour un travail équivalent (World Economic Forum, 2015). Les écarts salariaux sont le reflet des vastes inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché du travail et dans la société au sens large. Il existe plusieurs définitions des écarts de salaires entre femmes et hommes : En 2015, le salaire annuel moyen d’une femme était de 11 000$ contre 21 000$ pour un homme. Les femmes avaient ainsi 10 ans de retard par rapport aux rémunérations de leurs homologues masculins, puisque les hommes gagnaient en moyenne 11,000$ par an en 2006 (World Economic Forum, 2015). Il existe d’importantes disparités selon les pays. Une étude de l’OIT portant sur un échantillon de 38 pays a établi que les salaires moyens des femmes sont inférieurs de 4% (en Suède) à 36%(aux États-Unis) à ceux des hommes (OIT, 2014). Les femmes de l’Union européenne perçoivent en moyenne un salaire horaire inférieur d’environ 16% à celui des hommes. En France, cet écart est de 15% (UE, 2014). Ces disparités se retrouvent également dans les économies émergentes et en développement, où les écarts de salaire n’étaient pas nécessairement plus élevés que dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2012). Ainsi au <a href="http://www.wikigender.org/fr/pays/rwanda/">Rwanda</a>, les femmes gagnaient 88% du salaire des hommes à travail égal contre 65% en <a href="http://www.wikigender.org/fr/pays/chine/">Chine</a> (World Economic Forum, 2015). L’écart salarial est encore plus important pour les femmes aux revenus élevés. Dans les pays de l’OCDE, celles-ci gagnaient en 2010 21% de moins que leurs homologues masculins, contre 16% en moyenne sur l’ensemble de la population (OCDE, 2012). L’une des causes des écarts de salaire est que les femmes et les hommes travaillent souvent dans des secteurs différents. Dans les pays de l’OCDE, les services représentent 80% de l’emploi féminin contre 60% pour les hommes. En moyenne, une femme sur trois employée dans les services travaille dans la vente et l’hôtellerie-restauration. La santé et les services de proximité obtiennent les plus forts taux de féminisation (78%) suivis de l’enseignement (70%), avec d’importantes variations d’un pays à l’autre (OCDE, 2012). Or ces secteurs présentent des niveaux de salaires inférieurs à ceux proposés dans les secteurs à dominante masculine (OCDE, 2012; UE, 2014). La maternité constitue également un facteur pénalisant pour les salaires des femmes, selon une étude de l’OIT (2014). Par exemple, au <a href="http://www.wikigender.org/fr/pays/mexique/">Mexique</a>, les mères gagnent environ 33% de moins que les femmes sans enfant (OIT, 2014). Plus généralement, la répartition inégale du <a href="http://www.wikigender.org/fr/wiki/le-travail-non-remunere-des-femmes/">travail domestique et des soins non rémunérés</a> représente un facteur déterminant des inégalités salariales entre femmes et hommes. Les femmes gagnent 65% du salaire masculin lorsqu’elle passent deux fois plus de temps que les hommes sur les travaux domestiques, et 40% seulement lorsqu’elles y consacrent cinq fois plus de temps (Centre de développement de l’OCDE, 2014). Les normes sociales et culturelles de genre qui cantonnent la femme au foyer et font de l’homme le principal soutien de famille jouent un rôle important dans ces inégalités. Les femmes peuvent ainsi « choisir » de travailler à temps partiel ou dans le secteur informel afin pouvoir combiner plus facilement leur emploi avec leurs responsabilités familiales. Elles peuvent également privilégier la sécurité d’un emploi dans le secteur public avec des horaires réguliers, dans l’optique d’assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale (ONU Femmes, 2015). Les tâches considérées comme typiquement féminines ont en outre tendance à être sous-évaluées. Par exemple les travaux physiques, généralement effectuées par des hommes, sont souvent appréciés de façon plus favorable que ceux effectués par des femmes. Une caissière de supermarché gagnera ainsi moins qu’un homme travaillant dans l’entrepôt du même magasin (UE, 2014). Dans de nombreux pays, la législation restreint les professions que les femmes sont autorisées à exercer. En Russie, ces restrictions prennent la forme d’une liste de 456 métiers non-accessibles aux femmes. A l’origine conçues pour les protéger, ce type de mesures limite en fait leurs opportunités professionnelles (Banque mondiale, 2014). Enfin, les écarts de salaire peuvent tout simplement être dus à des «discriminations directes», par lesquelles les femmes sont moins traitées favorablement que les hommes (UE, 2014 ; Maison Blanche, 2015). Selon la Présidence américaine (2015), ces écarts inexpliqués représenteraient 41% de l’écart salarial entre femmes et hommes aux États-Unis. Parmi les différentes pistes proposées pour avancer sur l’égalité salariale, on peut retenir les suivantes: Centre de développement de l’OCDE (2015), <em>SIGI Regional Report: Europe and Central Asia</em>, http://www.oecd.org/dev/development-gender/SIGI-BrochureECA-2015-web.pdf Centre de développement de l’OCDE (2014), Unpaid Care Work: The missing link in the analysis of gender gaps in labour outcomes, http://www.oecd.org/dev/development-gender/Unpaid_care_work.pdf OCDE (2016), Écart salarial hommes-femmes (indicateur). doi: 10.1787/b64d7a8e-fr (Consulté le 18 mars 2016) OCDE (2012), <em>Inég</em><em>alités hommes-femmes: Il est temps d’agir</em>, OECD Publishing, Paris, <u>http://dx.doi.org/10.1787/9789264179660-5-fr</u> OECD Observer (2015), Pay gap, No 302 Q1 2015, http://oecdobserver.org/news/fullstory.php/aid/4817/Pay_gap.html OIT (2016), <em>Les Femmes au Travail, Tendances 2016</em>, <a href="http://www.ilo.org/gender/Informationresources/Publications/WCMS_457537/lang–fr/index.htm">http://www.ilo.org/gender/Informationresources/Publications/WCMS_457537/lang–fr/index.htm</a> OIT (2014), <em>Rapport mondial sur les salaires 2014/15</em>, <a href="http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_324655/lang–fr/index.htm">http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_324655/lang–fr/index.htm</a> ONU Femmes (2015), <em>Progress of the World’s Women 2015-2016</em>, http://progress.unwomen.org/en/2015/pdf/UNW_progressreport.pdf Union Européenne (2014), <em>Éliminer l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne</em>, <a href="http://ec.europa.eu/justice/gender-equality/files/gender_pay_gap/140319_gpg_fr.pdf">http://ec.europa.eu/justice/gender-equality/files/gender_pay_gap/140319_gpg_fr.pdf</a> White House (2015), Gender pay gap : recent trends and explanations, Council of Economic Advisers Issue Brief, April 2015, https://www.whitehouse.gov/sites/default/files/docs/equal_pay_issue_brief_final.pdf World Economic Forum (2015), The Global Gender Gap Report 2015, <a href="http://reports.weforum.org/global-gender-gap-report-2015/">http://reports.weforum.org/global-gender-gap-report-2015/</a> Banque mondiale (2015), <em>Women, Business and the Law 2016: Getting to Equal</em>, <a href="http://wbl.worldbank.org/~/media/WBG/WBL/Documents/Reports/2016/Women-Business-and-the-Law-2016.pdf">http://wbl.worldbank.org/~/media/WBG/WBL/Documents/Reports/2016/Women-Business-and-the-Law-2016.pdf</a> <strong> </strong> |