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Préférence pour les garçons en Asie Centrale et Caucase
Préférence pour les garçons en Asie Centrale et Caucase
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<h2>Aperçu général</h2> La préférence pour les garçons en Asie Centrale et dans le Caucase est un phénomène relativement récent, apparu au début des années 1990 après la chute de l’Union Soviétique. Les normes sociales favorisant les garçons au sein de la famille, combinées au développement des technologies de diagnostic prénatal et au déclin de la fécondité, ont entraîné un déséquilibre démographique important dans plusieurs pays. Le nombre de femmes manquantes dans la région serait ainsi estimé à 171 000 (FNUAP, 2015), contribuant à perpétuer les inégalités femmes-hommes et à mettre en péril la stabilité de la région. <h2>Définitions de la préférence pour les garçons</h2> <strong> </strong>Au début des années 1990, le Prix Nobel d’économie Amartya Sen estimait qu’il manquait environ 100 millions de femmes dans le monde en raison de traitements discriminatoires : avortements sélectifs, infanticides ou négligences expliqueraient ce déficit démographique (Sen, 1990). En 2010, les chercheurs Nicola Jones, Caroline Harper et Carol Watson ont proposé une notion plus globale, la « préférence donnée aux garçons », prenant en compte l’ensemble des différentiels d’investissements et de soins reçus par les filles et les garçons depuis leur conception (Jones et al, 2010). Alors que les déséquilibres démographiques entre femmes et hommes concerneraient seulement certaines régions (l’Asie, le Caucase, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord), la préférence donnée aux garçons ainsi comprise serait beaucoup plus répandue. <h2>Mesurer la préférence pour les garçons en Asie Centrale et dans le Caucase</h2> D’après une analyse régionale de l’indicateur « Institutions Sociales et Égalité femme-homme » (Centre de développement de l’OCDE, 2015), la moitié des dix pays présentant les plus hauts niveaux de préférence pour les garçons se trouvent dans le Caucase, en Asie Centrale et en Europe de l’Est. En Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, ainsi que dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), en Géorgie et en Ukraine, les garçons naissent en beaucoup plus grand nombre que les filles. Le ratio peut atteindre jusqu’à 1.11 en Arménie et 1.13 en Azerbaïdjan (Division des populations des Nations Unies, 2015, cité dans Centre de développement de l’OCDE, 2015). Les préférences de fécondité semblent elles aussi favoriser les garçons. Tous les pays de la sous-région enregistrent ainsi des pourcentages beaucoup plus élevés de fils que de filles parmi les derniers enfants nés dans les familles – jusqu’à 61 % en Arménie et 60% en Azerbaïdjan (Division des populations des Nations Unies, 2015, cité dans Centre de développement de l’OCDE, 2015). En revanche, contrairement aux autres régions touchées par le phénomène des femmes manquantes, il ne semble pas y avoir de taux anormalement élevé d’infanticides ou de mortalité infantile féminine. La sélection du sexe s’effectue avant la naissance, en ayant recours aux technologies de diagnostic prénatal. L’Azerbaïdjan aurait ainsi le deuxième taux le plus élevé d’avortements sélectifs au monde, juste derrière la Chine (Conseil des Droits de l’homme, 2014; cité dans Centre de développement de l’OCDE, 2015). Loin de s’améliorer, le phénomène des femmes manquantes aurait tendance à s’accentuer dans la sous-région d’Asie Centrale selon le FNUAP (2015), en raison notamment du déclin continu des taux de fécondité. En matière d’éducation, il ne semble pas y avoir de préférence marquée pour les fils jusqu’au secondaire inclus, à part au Kirghizistan et Tadjikistan. En revanche, cette préférence s’exprime plus nettement au niveau supérieur : 31% des personnes interrogées dans la sous-région jugent ainsi qu’aller à l’université est plus important pour les garçons que pour les filles (OCDE, n.d.) <h2>Causes du phénomène en Asie Centrale et dans le Caucase</h2> La préférence pour les fils en Asie Centrale et dans le Caucase est déterminée par des facteurs multiples (OCDE, 2015 ; FNUAP, 2015) : <ul> <li>L’existence de normes sociales et familiales très ancrées favorisant les garçons</li> <li>L’émergence de technologies reproductives modernes</li> <li>Les effets du déclin de la fécondité sur les stratégies reproductives des couples.</li> </ul> <h2>Surmonter la préférence pour les garçons : quelques pistes pour les politiques publiques</h2> La plupart des pays de la sous-région se sont engagés à lutter contre la préférence pour les garçons par l’adoption des textes suivants : <ul> <li>Le <a href="https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/icpd_fre.pdf">Programme d’Action Population et Développement</a> (1994)</li> <li>La <a href="http://assembly.coe.int/nw/xml/XRef/Xref-XML2HTML-fr.asp?fileid=18020&lang=fr">résolution 1829 du Conseil de l’Europe</a> (2011) appelant les Etats membres à interdire la sélection prénatale du sexe de l’enfant</li> <li>La <a href="http://www.coe.int/fr/web/bioethics/oviedo-convention">Convention d’Oviedo du Conseil de l’Europe</a> (1997) qui interdit également cette pratique, à part pour raisons médicales.</li> </ul> Dans les faits pourtant, la mise en œuvre de ces instruments reste un défi majeur pour la plupart des pays de la sous-région. Afin d’éliminer la préférence pour les garçons en droit et en pratique, le FNUAP a formulé des recommandations aux décideurs de la sous-région, notamment: <ul> <li>Le développement de nouvelles directives déontologiques sur le recours aux technologies de sélection prénatale et leur diffusion au sein du secteur médical, ainsi que le renforcement des cadres juridiques existants en la matière ;</li> <li>Des reformes juridiques dans tous les domaines affectant l’égalité des sexes, notamment en matière d’accès à l’emploi, à l’éduction, aux droits de propriété et à l’héritage, etc.;</li> <li>Des campagnes de plaidoyer et de sensibilisation des populations à grande échelle ;</li> <li>Des incitations économiques permettant de contrebalancer la perception que les filles représenteraient une charge financières (FNUAP, 2015).</li> </ul> <h2>Exemple d’initiative : campagne de sensibilisation des jeunes en Arménie</h2> En 2015, plusieurs ONGs présentes en Arménie (<a href="http://blog.worldvision.org/content/caring-equality">World Vision Armenia</a>, <a href="http://promundoglobal.org/resources/caring-for-equality/">Promundo</a> and <a href="http://men-care.org/2015/03/23/caring-for-equality-ending-prenatal-sex-selection-in-armenia-2/">MenCare</a>) ont lancé un manuel visant à engager les jeunes de 14 à 18 ans dans la transformation de normes sociales discriminatoires. À travers des séances en groupes conduites par des éducateurs, les jeunes ont été sensibilisés à des thèmes tels que la violence contre les femmes ou les avortements sélectifs. Ils ont également été formés à la conduite de campagnes de mobilisation à l’échelle locale, afin de contribuer à diffuser les valeurs de l’égalité femmes-hommes au sein de leurs communautés (OCDE, 2015). <h2>Références<em> </em></h2> Centre de développement de l’OCDE (2015),<em> Europe and Central Asia, SIGI Regional Report</em>, Editions OCDE, Paris, http://www.oecd.org/dev/development-gender/SIGI-BrochureECA-2015-web.pdf Centre de développement de l’OCDE (2014), <em>Social Institutions and Gender Index. 2014 Synthesis Report</em>, Editions OCDE, Paris, <a href="http://www.genderindex.org/sites/default/files/docs/BrochureSIGI2015.pdf">www.genderindex.org/sites/default/files/docs/BrochureSIGI2015.pdf</a> FNUAP (2015), Preventing gender-biased sex selection in Eastern Europe and Central Asia, Issue Brief 4, Bureau regional du Fonds des Nations Unies pour la Population, Istanbul, http://www.unfpa.org/sites/default/files/resource-pdf/GBSS%20Brief_WEB.pdf <strong> </strong>Jones, N., Harper, C. et Watson, S. (2010), <em>Stemming girls’ chronic poverty: Catalysing development change by building just social institutions</em>, Chronic Poverty Research Center, Manchester, <em><u>.chronicpoverty.org/publications/details/stemming-girls-chronic-poverty.</u></em> OCDE (n.d), Base de données Genre, Institutions et Développement Sen, A.K. (1990), December “More Than 100 Million Women Are Missing”,<em> The New York Review of Books, </em>December 20, 1990 Issue <a href="http://www.nybooks.com/articles/1990/12/20/more-than-100-million-women-are-missing/">http://www.nybooks.com/articles/1990/12/20/more-than-100-million-women-are-missing/</a> <h2>Liens externes</h2> ONU Femmes (2011), La “préférence aux garçons” perpétue la discrimination et les violations des droits des femmes – Elle peut et doit cesser, http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2011/6/son-preference-perpetuates-discrimination-and-violations-of-women-s-rights-it-must-and-can-end#sthash.NkSHkYiS.dpuf FNUAP – Site web (n.d.), Sélection prénatale du sexe, consulté le 4 janvier 2016, http://www.unfpa.org/fr/s%C3%A9lection-pr%C3%A9natale-du-sexe OMS (2011), <em>Preventing gender-biased sex selection: an interagency statement by OHCHR, UNFPA, UNICEF, UN Women and WHO, World Health Organization, </em>Genève: <u>http://www.unfpa.org/resources/preventing-gender-biased-sex-selection</u>
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