Les femmes et l’entrepreneuriat en Asie du Sud-Est
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Les femmes et l’entrepreneuriat en Asie du Sud-Est
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<h2>Définitions</h2>
L’entrepreneuriat peut se définir comme une activité liée à la formation de nouvelles entreprises, y compris l’auto-entreprise. Il implique la découverte, l’évaluation et l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire de nouveaux biens et services, de nouvelles structures d’organisation, de nouveaux marchés, processus et matériaux, par des moyens qui, éventuellement, n’existaient pas auparavant (Pesqueux, 2011). Les femmes entrepreneurs désignent les propriétaires ou copropriétaires <em>de facto</em> d’une entreprise, qui sont impliquées dans sa gestion au quotidien et prennent les décisions stratégiques clés (Debroux, 2010). Les entreprises gérées par des femmes sont en moyenne plus petites que celles gérées par des hommes, en termes d’employés, de chiffre d’affaires et de profits. En outre, ces entreprises opèrent plus souvent dans le secteur informel et sont plus souvent basées dans des locaux temporaires ou à la maison. Les études montrent que les entreprises féminines ne sont pas moins productives que les hommes mais font face à une série de contraintes qui les empêchent de déployer pleinement leur potentiel (APEC et al, 2013, citant une étude de la Banque mondiale). Les entreprises féminines de la région sont en augmentation et se développent rapidement. Ainsi, en Malaisie, le nombre de petites et moyennes entreprises détenues par des femmes augmenterait d’environ 10% chaque année (APEC et al, 2013). Les femmes Philippines détiendraient 40% des PME du pays. Quant à la Thaïlande, elle compterait la plus forte proportion de femmes PDG au monde à 49% (Brown et Passi, 2013). Les PME sont au cœur du développement économique de l’Asie du Sud-Est, ce qui offre de nombreuses opportunités aux femmes entrepreneurs. Pourtant, il reste des écarts significatifs entre femmes et hommes en matière d’entrepreneuriat dans la région. Selon les chiffres de l’OIT (2015), seules 1,5% des femmes en Thaïlande étaient employeurs contre 3,6% d’hommes en 2012. En Malaisie, cette proportion était respectivement de 1,5 et 5% la même année. Des études chiffrées démontrent que l’entrepreneuriat féminin est non seulement bon pour les femmes et leur autonomisation économique, mais aussi pour la croissance de leur pays. Selon les estimations de la Commission des Nations Unies pour la région Asie-Pacifique (UNESCAP, 2013), les restrictions à la participation des femmes au marché du travail, en particulier en matière d’entrepreneuriat, couteraient 89 milliards par an aux pays d’Asie-Pacifique. <em>Carences des politiques publiques</em> Dans les différents pays de la région, les exemples de politiques publiques inadaptées à la situation des femmes chefs d’entreprise abondent. Ainsi, la plupart des politiques de soutien à l’entrepreneuriat sont concentrées sur l’expansion d’entreprises bien établies opérant dans l’économie formelle, alors que les entreprises féminines sont souvent de très petite taille et opèrent dans le secteur informel. En outre, les longues procédures administratives liées à la création d’entreprises pénalisent plus les femmes que les hommes, du fait de leurs responsabilités familiales et domestiques qui leur laissent moins de temps (UNESCAP, 2013). Aux Philippines et en Malaisie, les femmes chefs d’entreprises estiment que les craintes liées à leur sécurité constituent un frein à l’expansion de leurs activités, ce qui suggère que les services publics de police et de justice pourraient potentiellement être améliorés (APEC & al, 2013). <em>Accès au financement et au crédit</em> La proportion de femmes détenant des PME et qui n’ont pas accès au crédit (certaines par choix) serait de 79 à 97% selon une étude portant sur le Cambodge, l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam (Women’s World Banking, 2013). Les normes juridiques discriminatoires peuvent freiner l’accès au financement, par exemple en Thaïlande où les femmes mariées ont besoin du consentement de leur mari pour certaines transactions comme des prêts bancaires (Brown et Passi, 2013). Elles pâtissent également d’une faible connaissance des procédures d’accès au crédit et sont en compétition avec des hommes qui ont plus d’antécédents de crédit et de meilleurs rapports de solvabilité (Women’s World Banking, 2013). <em>Développement des capacités</em> Dans toute la région, les femmes n’ont pas les mêmes opportunités en termes d’accès à l’éducation et à la formation, ce qui peut créer un différentiel de compétences et de connaissances par rapport aux hommes. Ainsi, les femmes entrepreneurs de la région APEC étaient en moyenne moins informées que leurs homologues masculins des nouvelles technologies qui pourraient aider leur entreprise (APEC et al, 2013). Etant donné le temps consacré aux tâches domestiques, les femmes ont aussi moins l’occasion de développer leurs réseaux professionnels formels (APEC et al, 2013). <em>Normes sociales et culturelles</em> Les normes sociales et attitudes entourant le rôle des femmes constituent un frein puissant à leurs projets entrepreneuriaux. Une étude a montré que plus de 60% des hommes et 40% des femmes interrogés en Inde et en Malaisie considéraient que les hommes faisaient de meilleurs chefs d’entreprise que les femmes (UNESCAP, 2013). Cela peut-être influencé par les perceptions sur les aptitudes innées à chacun des deux sexes. Ainsi, aux Philippines, la négociation est souvent considérée comme une compétence masculine (Women’s World Banking, 2013). Les entrepreneurs masculins sont également plus susceptibles de penser que le travail d’une femme consiste à prendre soin de sa famille, ce qui peut générer des attitudes discriminatoires envers leurs homologues féminines. Certaines femmes entrepreneurs elles-mêmes de la région Asie du Sud-Est ont indiqué avoir créé leur entreprise afin d’avoir plus de flexibilité dans leurs horaires et passer plus de temps à la maison (APEC et al, 2013). Brown, M., Passi, S. (2013), “The Female Factor”, in <em>The Globe</em>, 12 mai 2013, http://sea-globe.com/women-southeast-asia/ Debroux, P. (2010), Female Entrepreneurship in East and South-East Asia: Opportunities and challenges, Chandos Publishing, https://books.google.fr/books?id=BIZwAgAAQBAJ&lpg=PR17&dq=female%20entrepreneurship%20southeast%20asia&hl=fr&pg=PR17#v=onepage&q=female%20entrepreneurship%20southeast%20asia&f=false OIT (2015), Indicateurs Clés du Marché du Travail 2015, http://www.ilo.org/global/statistics-and-databases/research-and-databases/kilm/lang–fr/index.htm Pesqueux, Y. (2011), Entrepreneur, entrepreneuriat (et entreprise) : de quoi s’agit-il? <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00567820/document">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00567820/document</a> UNESCAP (2013), <em>Enabling Entrepreneurship for Women’s Economic Empowerment in Asia and the Pacific,</em> http://www.unescap.org/resources/enabling-entrepreneurship-womens-economic-empowerment-asia-and-pacific Women’s World Banking (2013), <em>Access to Finance of Women-Owned SMEs in Southeast Asia: An Assessment of Five Countries</em>, <a href="https://www.womensworldbanking.org/wp-content/uploads/2015/09/Access-to-Finance-of-Women-Owned-SMEs-in-Southeast-Asia-An-Assessment-of-Five-Countries1.pdf">https://www.womensworldbanking.org/wp-content/uploads/2015/09/Access-to-Finance-of-Women-Owned-SMEs-in-Southeast-Asia-An-Assessment-of-Five-Countries1.pdf</a> Merchant-Vega, N., Bollinger, K. (2012), “Overcoming Challenges to Women’s Entrepreneurship in the Asia-Pacific” in <em>The Diplomat</em>, 8 septembre 2012, http://thediplomat.com/2012/09/overcoming-challenges-to-womens-entrepreneurship-in-the-asia-pacific/ |