Le rôle des femmes dans la protection de l’environnement au Liban : zoom sur Tripoli
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Le rôle des femmes dans la protection de l’environnement au Liban : zoom sur Tripoli
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<p style="text-align: center;"><em>Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée</em></p> <p style="text-align: center;"><strong>Date de publication: 2 mai 2019</strong></p> Table des matières
<h1><span style="color: #345cad;"><strong>Introduction </strong></span></h1> Cet article porte sur le rôle des femmes et leur implication dans la protection de l’environnement dans le Caza (juridiction) de Tripoli, l’un des six cazas qui composent le gouvernorat du Liban-Nord. Le Caza de Tripoli, a une superficie de 33km<sup>2</sup> avec plus de 600 000 habitant-e-s et comprend cinq municipalités : Tripoli, El Mina, El Qalamoun, El Baddawi et Wadi el Nahlé. La guerre civile, le confessionnalisme, les politiques régionales et les répercussions du conflit syrien ont contribué à la marginalisation sociale, politique et économique de Tripoli et à l’appauvrissement de ses habitant-e-s. [1] Selon l’index de performance environnementale 2018 de l’Université de Yale et de l’Université de Columbia, le Liban fait partie des pays les plus pollués au monde [2]. En ce qui concerne la situation environnementale du Caza de Tripoli la quantité d’eau puisée dans les sources et les nappes a diminué ces dernières années en raison des sécheresses et des précipitations peu abondantes. Les taux de pollution élevés ainsi qu’une mauvaise gestion des déchets et des eaux usées accentuent une situation préoccupante pour l’environnement comme pour la santé publique. Cet article s’appuie principalement sur un diagnostic produit par l’association Donia for sustainable development (Donia pour le développement durable, ci-après Donia), qui a été chef de file d’un <em>pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes</em> à Tripoli au Liban en collaboration avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM) et l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed). Pour réaliser le diagnostic, Donia a rencontré des ministères, des membres des conseils municipaux, la radio El Fajr et des étudiantes de la Faculté de Santé Publique de l’Université libanaise, et mené des groupes de discussion avec des activistes et des femmes au foyer, ainsi qu’une enquête auprès de 300 femmes et un atelier de travail avec des acteurs de la société civile et des expertes en environnement. En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser les réalités des femmes au niveau local et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des <em>pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes</em> en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative. Toutes les informations liées aux résultats des pôles locaux sont disponibles sur <a href="http://www.euromedwomen.foundation">www.euromedwomen.foundation</a>, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro-méditerranéenne. Dans le Caza de Tripoli, le taux de femmes qui occupent des postes à responsabilité est de 2,2%, soit en deçà de la moyenne nationale de 5,6%. Après les élections de 2016, la représentation féminine dans le Caza de Tripoli a été réduite de moitié avec seulement deux élues, toutes deux responsables des commissions sociales de Tripoli et El Mina. L’élue de la municipalité d’El Mina, provenant d’une famille d’activistes engagés dans les questions environnementales, a souligné les difficultés qu’elle a rencontrées pour devenir présidente de la commission de l’environnement, poste dont elle a finalement été privée. [4] Pendant et après la guerre civile (1978-1990), les femmes tripolitaines ont joué un rôle important dans l’histoire du pays grâce à leurs initiatives au sein des organisations de la société civile dans les secteurs social, culturel et éducatif. Néanmoins, leur participation dans les questions liées au processus de paix a été limitée. [5] Actuellement, la lutte pour les droits des femmes est menée par les associations féministes et se concentre sur les questions qui affectent le plus les femmes, telles que la violence basée sur le genre, le mariage précoce, la garde des enfants, le renforcement de leurs capacités politiques et économiques et les quotas de femmes dans les conseils élus. Le faible taux de femmes dans le marché de travail est une autre priorité pour l’émancipation des femmes au Liban. À Tripoli comme ailleurs au Liban, il est malheureusement habituel de prendre les décisions concernant la gestion des déchets sans dialoguer avec les activistes et les expert-e-s. Et ce, malgré la présence d’un réservoir de spécialistes en environnement car Tripoli accueille le seul département universitaire en sciences environnementales du Liban et la présence féminine y est majoritaire. En 2017-2018, 91% des étudiant-e-s étaient des femmes. [8] Malgré cela, la participation des étudiantes aux enjeux environnementaux reste faible et se limite aux manifestations, aux campagnes de nettoyage de plages et à l’embellissement des routes. [9]
<h1><span style="color: #345cad;"><strong>Obstacles à la participation des femmes dans la protection de l’environnement </strong></span></h1> Les 300 femmes interrogées par Donia en 2018 ont cité plusieurs obstacles pour participer à la protection de l’environnement tels que : le manque de connaissance et de conscience des problèmes environnementaux, le manque de temps disponible, les faibles revenus et la fatigue. La situation sécuritaire instable, la faible mobilisation de la communauté en général, l’absence de conteneurs de tri, le manque de confiance à l’égard des entreprises chargées de la collecte, les rôles de genre stéréotypés, la peur du harcèlement et le manque d’encouragement, voire l’opposition, de l’entourage sont d’autres freins identifiés par les femmes ayant répondu à l’enquête. La faible conscience écologique se reflète également dans les pratiques (la majorité des femmes ne trient pas les déchets) et dans la méconnaissance des solutions qui pourraient être apportées. Ainsi, sur un total de 300 femmes, seulement 113 ont déjà participé à des actions environnementales, même si 90% des femmes interrogées se sont montrées intéressées par ce type d’initiative. [13] En dépit de ces bonnes volontés, le lancement d’actions de protection de l’environnement risque d’être freiné par l’absence de lois adéquates, le manque de financement et la faible coopération des institutions publiques dans ce domaine. Afin d’améliorer la situation, toutes les entités et personnes impliquées dans le diagnostic mené par l’association Donia en 2018 ont proposé plusieurs pistes d’action pour le futur : <strong>[2] </strong>Université de Yale et Université de Columbia, Index de performance environnementale 2018, p. 4, <a href="https://epi.envirocenter.yale.edu/downloads/epi2018policymakerssummaryv01.pdf">https://epi.envirocenter.yale.edu/downloads/epi2018policymakerssummaryv01.pdf</a> <strong>[3]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 11. <strong>[4]</strong> Ibid. <strong>[5]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 10. <strong>[6]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 9. <strong>[7]</strong> Ibid. <strong>[8]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 10. <strong>[9] </strong>DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 19. <strong>[10]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 14. <strong>[11]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 20. <strong>[12]</strong> Ibid. <strong>[13]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 19. <strong>[14]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 21. <strong>[15]</strong> DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 22. <strong>[16] </strong>Ibid. |