Eclairer Les Femmes d’Afrique, l’Enjeu de l’Initiative Mama Light
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Eclairer Les Femmes d’Afrique, l’Enjeu de l’Initiative Mama Light
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Par Aurélie KYHENG
Table des matières
<h2>Qu’est-ce que la fondation H.R.H Princess Abze Djigma ?</h2> Descendante de la princesse mossi Yennenga, H.R.H Princess Abze Djigma du Burkina Faso a placé sa vie et son influence au service des populations les plus vulnérables, notamment des femmes et des jeunes africains. C’est dans ce but qu’elle a créé la fondation H.R.H Princess Abze Djigma, organisation non-lucrative qui s’implique en faveur du respect des droits humains, de l’environnement et de l’égalité femmes-hommes. Principalement localisée en Afrique subsaharienne et en particulier au Burkina Faso, la fondation propose des aides adaptées à la population et à ses ressources afin d’apporter énergie et lumière dans les foyers. Elle agit principalement dans les pays en développement (PED), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits états insulaires en développement (PIED). <img class="wp-image-11588 size-full" src="https://www.wikigender.org/wp-content/uploads/2018/09/Princess-BK.png" alt="" width="178" height="225" /> H.R.H Princess Abze Djigma du Burkina Faso <h2>Activités et principaux objectifs de la fondation</h2>La fondation H.R.H Princess Abze Djigma soutient et œuvre pour la mise en application des objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030. La majorité de ses actions vise également à favoriser la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, ratifié en 2016 par 174 pays. L’Accord de Paris prévoit notamment la baisse des émissions de gaz à effet de serre, objectif difficile à atteindre que les organisations et fondations s’efforcent de faire appliquer. <strong>Encadré 1 : Femmes et précarité énergétique</strong> Près de 14 % de la population mondiale (1,3 milliard d’habitants) n’a pas accès à de l’énergie au quotidien (Le Monde de l’énergie, 2017). Cette pénurie est majoritairement située en Asie du Sud et en Afrique. Par ailleurs, près de 3 milliards de personnes ont seulement accès à une énergie très polluante (charbon, paille, bois, kérosène…), causant plus de 4 millions de décès par an. De très nombreux foyers sont donc condamnés à vivre dans une grande pauvreté. Des instruments comme la COP 21 ou l’Agenda 2030 tentent d’y remédier car, pour certaines organisations comme l’Organisation des Nations Unis (ONU), énergie et développement sont liés. Si le Burkina Faso est l’un des pays avec le meilleur taux d’ensoleillement, il présente aussi un déficit électrique colossal, dû à une demande en énergie élevée face à une trop faible disponiblité, causant de nombreux problèmes en terme d’éducation, de santé et pour l’égalité femmes-hommes. Ce déficit s’explique notamment par un manque d’investissement, nécessaire pour équiper le pays en infrastructures. Le gouvernement burkinabè a toutefois annoncé en 2016 la construction d’une nouvelle centrale solaire, la plus grande du pays (Sékou Projet Voltatic, 2017). Les premières victimes de cette précarité énergétique sont les femmes. En effet, en vertu des rôles traditionnels associés à chaque genre, les femmes sont souvent responsables de la préparation des repas. Le manque d’électricité et de ressources les oblige à aller chercher du bois souvent très loin, qu’elles brûlent ensuite pour la cuisine, tout en inhalant de nombreuses particules polluantes et dangereuses pour la santé. Dans plus de huit ménages sur dix, le bois est le principal combustible utilisé pour la cuisine et dans près de neuf cas sur dix, ce sont des femmes qui le collectent (OCDE, 2018). L’eau, une ressource également indispensable, se trouve souvent à des kilomètres des villages, obligeant les femmes à partir avant le lever du soleil et à affronter un périple hostile dans le noir. En plus de leurs responsabilités domestiques, beaucoup de femmes burkinabè travaillent dans de petits commerces très souvent informels où elles s’abiment les yeux, une fois la nuit tombée (Fasotour, s.d.). Aux abords de 2050, la population africaine devrait enregistrer une vraie explosion démographique, se traduisant par une population atteignant les 2 milliards d’habitants, contre 1,2 milliard aujourd’hui (Le Monde de l’énergie, 2017). En parallèle, la demande en ressources énergétiques augmentera singulièrement, impliquant de trouver rapidement des solutions accessibles et adaptées (bioénergies…), pour combler le manque d’accès actuel. Le projet MamaLight repose ainsi sur l’énergie solaire, ressource plus qu’accessible dans cette région, afin de permettre aux petits commerces, aux femmes et aux enfants d’avoir accès à une énergie renouvelable et indispensable (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). Toute l’initiative MamaLight repose sur les produits et les kits que la société AbzeSolar, créée et dirigée par H.R.H Princesse Abze Djigma, vend à un prix bas et abordable pour les familles africaines. La société propose des kits maisons ou travail (qui approvisionnent plusieurs machines et dispositifs en énergie), des panneaux solaires, des chauffe-eaux, des lampes LED portable ou bien des batteries (AbzeSolar, 2018). Tous les produits développés par la fondation fonctionnent à l’énergie solaire. L’initiative MamaLight se base sur des piliers fidèles aux idéaux de H.R.H Princess Abze Djigma : un accès pour tous à l’électricité et à l’éclairage pour favoriser l’éducation. De plus, le projet participe à l’amélioration des indicateurs de santé en apportant de l’électricité dans les hôpitaux (pour les accouchements, les opérations…), et au développement économique en alimentant les machines, les usines et les commerces en électricité (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). Ces initiatives contribuent aussi à améliorer les conditions de vie des Burkinabè et plus particulièrement des femmes. Le but principal de la fondation est de développer un socle solide pour une société qui respecte l’égalité femmes-hommes, le développement et l’amélioration du statut de la femme (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). Cependant, elle permet aussi aux petits commerces du secteur informel de se développer et prévoit la création de 1000 coopératives qui, à leur tour, engendreront la création de milliers d’emplois en Afrique (The SDG Business Forum, 2016). Les actions que réalise la fondation en faveur du développement énergétique de l’Afrique ont été récompensées par l’ONU, qui l’a qualifié de « l’une des 14 solutions révolutionnaires pour la réalisation des objectifs de développement durable ». H.R.H Princess Abze Djigme a été remerciée pour son projet MamaLight par le secrétaire général de l’ONU, H.E Ban Ki-Moon, dans une lettre publique (ONU, 2017).
<strong>Encadré 2 : Entretien à la princesse Mossi Abze Djigma</strong></p>
<strong>Fondation Mama Light</strong> <em>Quelle étape charnière a été décisive dans votre engagement sur le terrain ? Quel facteur a déterminé la création de votre fondation ?</em> Altesse Royale du Royaume Mossi ayant bénéficié d’une éducation de haut niveau dans le système royal et à l’étranger, cela m’est apparu comme une suite logique. Je crois au potentiel de nos communautés et à nos valeurs. Les solutions existent : je me les suis appropriées et me suis donné le mandat humaniste de les rendre accessibles, abordables et à la disposition des milliards de personnes à la base de la pyramide, « the Billion Bottom ». Il s’agit des personnes, y compris dans les pays de l’OCDE, qui sont obligées de combiner deux, voire trois emplois pour survivre. L’Initiative MAMA-LIGHT for Sustainable Energy est mondiale et a vocation à être implémentée dans tous les endroits où un besoin existe. <em>Pourquoi avoir appelé votre projet MamaLight ? </em> Car nos mères éclairent nos vies aux sens propre comme au figuré. MAMA-LIGHT est un hommage au genre humain, un rappel lumineux du besoin de fraternité entre les genres et d’amour pour nos mamans, et ceci sans distinction de races et de niveau social. <em>Lors de vos visites sur le terrain, que ressentez-vous face à la réaction des personnes concernées par vos projets? </em> Un paragraphe ne suffira pas ! Cela me remplit de joie de savoir que ma créativité contribue effectivement à émanciper économiquement des femmes et à réduire les effets pervers de la sexualité précoce. J’ai entendu de nombreux témoignages : par exemple une jeune fille, grâce à un investissement de 15 centimes d’euro par jour sur 5 mois pour acquérir sa lampe solaire MAMA-LIGHT, m’a dit « MAMA-LIGHT, ce n’est pas un gadget, c’est une vraie lumière qui me permet coudre les vêtements y compris la nuit, qui ne fait pas mal aux yeux, et qui m’a permis d’acheter ma moto », ou le père d’un adolescent qui était certain que son fils ferait ses devoirs le soir grâce à la lampe, ou encore des parents de jeunes filles qui n’auront pas à assumer les frais d’une éventuelle grossesse… Vous pouvez consulter <a href="https://www.dw.com/en/lighting-up-burkina-faso/av-42312084">ici</a> un reportage de la chaîne allemande Deutsche Welle sur l’impact de mes activités dans un village de 1000 âmes <strong>Votre ressenti/expérience de femme</strong> <em>Avez-vous été victime de discrimination du fait de votre appartenance au genre féminin ? Sous quelle forme ? Comment les avez-vous dépassées ?</em> On est victime quand on n’a pas d’armes de défense. J’ai eu l’avantage de recevoir des conseils très avisés dans ce domaine par ma grand-mère, ma mère ainsi que de mon père. Et par la suite, croyez-le ou non, par d’autres hommes. J’ai un caractère qui me permet de tenir tête et je pars du principe que si quelqu’un ne m’apprécie pas, il a probablement ses raisons, mais étant donné que je ne dépends pas de son amour pour avancer, cela ne constitue en rien un facteur déstabilisant. C’est lui qui a un problème, pas moi, donc la vie est belle et je continue. Comme toute personne, homme ou femme, j’ai bien sûr été confrontée à la discrimination: dans mon cursus scolaire, du collège au lycée, au travail une fois, mais ma réaction a été tellement radicale que ça a stoppé les ardeurs des autres. Il faut parfois forcer le respect ! Quelle norme sociale ou coutume considérée comme discriminante envers les femmes burkinabè vous révolte le plus ? Dans le Royaume Mossi, c’était l’excision. Mais le Gouvernement a pris des dispositions légales et a mené des actions sur le terrain avec la société civile. Nous devons tous rester vigilants, mais je me suis réjouie de la position de notre Empereur Mossi Le Moogo Naaba Baongo sur les violences faites aux femmes au Burkina Faso, je forme le vœu que d’autres rois d’Afrique lui emboîtent le pas. Quels conseils voudriez-vous partager auprès de la nouvelle génération de femmes et hommes engagés pour la parité femmes-hommes ? <!–more–> |