La COP21: Genre et climat
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La COP21: Genre et climat
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Cet article a été rédigé par Ouafae Sananes et Noémie Réant du Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International de la France
La COP21 était un des rendez-vous très attendu de l’année 2015. Cet évènement a en effet suscité une large mobilisation de la part de la société civile et des pouvoirs publics relatif à la promotion des droits des femmes aux processus internationaux. Organisatrice et présidente de cette édition, la <a href="http://www.wikigender.org/countries/europe-and-central-asia/gender-equality-in-france/">France</a> fait de la diplomatie des droits des femmes un enjeu central de sa politique de développement. Une vision qu’elle n’hésite pas à porter au cœur des enceintes internationales par un plaidoyer soutenu dont les effets commencent à s’en faire ressentir. L’autonomisation sociale, économique, politique et culturelle des femmes est désormais inscrite au top des agendas internationaux, tant au plan des négociations des <a href="http://www.wikigender.org/fr/wiki/objectifs-de-developpement-durable-odd/">ODD pour 2030</a>, qu’à l’union européenne, au G20 et G7 ou à l’Union pour la Méditerranée. La COP21 incarne ce nouvel élan, traduit par l’insertion des droits humains et de l’égalité femmes-hommes à l’accord universel de Paris. La conférence Paris Climat était une nouvelle occasion de constater les avancées réalisées, que certain.e.s jugent encore trop insuffisantes, et ce, à juste titre, dans le domaine de l’égalité. C’était aussi un rendez-vous avec la société civile, premiers acteurs de terrain à constater les progrès et les difficultés que rencontrent les femmes face au dérèglement climatique. Des échanges entre les experts, la société civile et les pouvoirs publics, ressort un constat partagé. Le dérèglement climatique produit un impact différencié sur les femmes du fait de leur rôle socialement construit. En effet, les femmes sont les plus affectées par l’intensité et la fréquence des catastrophes climatiques. Parce qu’elles ont à leur charge la survie de leur famille, de la communauté et par extension la préservation de la biodiversité des écosystèmes, les femmes sont les premières à développer des stratégies d’adaptation. Leurs initiatives sont néanmoins encore peu reconnues tant au niveau local, national qu’international. L’Accord de Paris, approuvé le samedi 12 décembre 2015, est le résultat d’une mobilisation sans faille de divers acteurs (société civile, pouvoirs publics, la recherche) sur les questions de gouvernance environnementale et de droits de l’Homme. Depuis le début de cette initiative, la France s’est pleinement mobilisée à l’élaboration d’une gouvernance climatique intégrant les principes des droits de l’Homme ainsi que l’égalité femmes-hommes. Toutefois, de nombreux obstacles subsistent à la réalisation de ces principes directeurs. Beaucoup de pays ne reconnaissent pas encore l’égalité entre les femmes et les hommes, préférant des termes tels que « complémentarité » ou « équilibre » entre les sexes. Bien que le lien entre genre et climat soit établi, il est encore nécessaire que les parties traduisent ces engagements en actions dans les programmes de développement. Afin de lutter contre le dérèglement climatique avec efficacité, il est primordial de tenir compte des besoins stratégiques des femmes et des filles et de l’impact différencié du dérèglement climatique sur elles. Cela implique l’élaboration de nouveaux outils d’analyse, de nouveaux indicateurs spécifiques, une collecte des données sexospécifiques systématique (données désagrégées par sexes), afin de mieux identifier les besoins selon le genre et de mieux analyser la réalité du terrain. Cela permettra également d’analyser la question des régimes d’accès à la terre, de l’utilisation et du contrôle des ressources naturelles. Renforcer la participation et le leadership des femmes dans les processus de décision, et de mise en place de projets, leur accorder un accès à l’éducation et à la formation professionnelle, leur assurer l’accès et la maîtrise des technologies et des moyens de production, constituent les priorités du développement humain levier de la lutte contre le dérèglement climatique. Afin que ces initiatives réalisent leur plein potentiel, il reste impératif que l’égalité entre les femmes et les hommes soit intégrée de manière transversale à l’ensemble des politiques de développement durable et par extension aux programmes d’adaptation, d’atténuation, d’accès et de transfert des technologies. |