Ségrégation dans les filières d’éducation
Aperçu général et définition
Dans les pays de l’OCDE, les femmes sont désormais plus nombreuses que les hommes dans l’enseignement supérieur. En 2012, 58% des diplômes universitaires étaient ainsi obtenus par des femmes (OCDE, 2015).
Les progrès des femmes et des filles en matière d’éducation masquent néanmoins d’autres types d’écarts entre les sexes : les filles sont en effet beaucoup moins susceptibles que les garçons de choisir les filières scientifiques, technologiques, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM), diplômes qui sont pourtant les plus demandés sur le marché du travail. De leur côté, les garçons sont sous-représentés dans les filières de la santé et de l’enseignement (OCDE, 2015 ; OCDE, 2012).
Le phénomène semble également exister dans de nombreuses régions en développement, malgré la persistance de disparités entre femmes et hommes dans l’accès à l’enseignement supérieur (OCDE, 2012).
C’est cette tendance des femmes et des hommes à choisir des orientations différenciées et parfois inégalement valorisées qu’on désigne par les termes de « ségrégation dans les filières d’éducation ».
Enjeux de la ségrégation éducative pour l’égalité femmes-hommes
La ségrégation éducative pose problème car elle se transforme par la suite en ségrégation professionnelle, qui pèse lourdement sur les opportunités d’emploi des femmes, diminue leur potentiel de rémunération et induit une sous-utilisation de capital humain (OCDE, 2012).
Au delà des arguments économiques, l’enjeu est d’offrir à chacun la possibilité de choisir librement une orientation professionnelle correspondant à ses aspirations et compétences, sans être influencé par la pression sociale et les stéréotypes de genre (OCDE, 2015).
La ségrégation des filières en chiffres
Selon des études récentes, les femmes sont sous-représentées dans toutes les filières STIM, mais plus particulièrement dans l’ingénierie et l’informatique, secteurs pourtant porteurs sur le marché de l’emploi. Ainsi en 2012, seuls 20% des diplômés en informatique étaient des femmes – contre 23% en l’an 2000. En revanche, plus de 70% des diplômés des sciences de la santé et de l’éducation étaient des femmes (OCDE, 2015 ; OCDE, 2014).
Après leurs études, les femmes diplômées des filières STIM ne sont que 43% à faire carrière dans ces domaines, contre 71% pour les hommes détenteurs des mêmes diplômes (OCDE, 2015).
Des tendances semblables se retrouvent dans de nombreux pays en développement. Ainsi dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, les femmes représentent moins d’un tiers des étudiants dans l’ingénierie, la production et le bâtiment, tandis que les filières sanitaires et sociales sont majoritairement féminines, à l’exception de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite (UNESCO, 2010 ; OCDE, 2012).
Certains pays font toutefois figure d’exception, comme l’Indonésie où il n’y a quasiment pas de différences entre femmes et hommes dans le choix des filières d’éducation supérieure (OCDE, 2012).
Causes possibles du phénomène
Tout au long de leur scolarité, les filles obtiennent de meilleurs résultats en lecture que les garçons. Il n’y a pas de différence significative en mathématiques en primaire, mais l’écart se creuse en général à l’avantage des garçons dans cette matière à partir du secondaire (OCDE, 2015, à partir de l’enquête PISA 2012).
Les écarts de performance dans les différentes matières n’expliquent cependant qu’en partie l’ampleur de la ségrégation éducative: même les filles qui obtiennent d’excellents résultats en mathématiques et en sciences ne sont pas plus susceptibles que les autres de s’orienter ensuite vers l’informatique ou l’ingénierie. Les différences dans les choix d’orientation s’expliquent donc d’avantage par les attitudes des élèves, leurs motivations et leurs centres d’intérêt, que par des différences d’aptitudes. Les stéréotypes femmes-hommes dans ces domaines apparaissent très tôt, dans les familles comme à l’école (OCDE, 2015 ; OCDE, 2012).
Certaines études soulignent par ailleurs que les « choix » d’orientation féminins seraient en réalité conditionnés par les contraintes anticipées par les jeunes femmes quant à la prise en charge des enfants et les options d’emploi qui leurs seront accessibles par la suite (Commission Européenne, 2014 ; OCDE, 2012).
Comment atténuer la ségrégation éducative?
La ségrégation dans les filières d’éducation peut être surmontée par des efforts conjoints des pouvoirs publics, des parents et des enseignants pour :
- Susciter dès leur plus jeune âge l’intérêt des filles pour les matières scientifiques et celui des garçons pour la lecture, à la maison comme à l’école ;
- Inclure dans les programmes de formation des enseignants des cours destinés à les sensibiliser aux stéréotypes sexués et encourager plus de mixité au sein des professions de l’enseignement ;
- Renforcer l’attractivité des filières STIM pour les filles, en employant par exemple davantage de contenus pédagogiques adaptés aux filles et en proposant des modèles de réussite féminins (OCDE 2015 ; OCDE, 2012).
Références
Commission Européenne (2014), A New Method to Understand Occupational Gender Segregation in European Labour Markets. Luxembourg: Bureau des publications de l’Union Européenne, http://ec.europa.eu/justice/gender-equality/files/documents/150119_segregation_report_web_en.pdf
OCDE (2015), Trends Shaping Education 2015, Spotlight 7: Gender Equality, http://www.oecd.org/edu/ceri/Spotlight7-GenderEquality.pdf
OCDE (2014), Education at a Glance 2014: OECD Indicators, Editions de l’OCDE Paris, http://dx.doi.org/10.1787/eag-2014-en
OCDE (2012), « L’égalité hommes-femmes dans l’éducation », in OECD, Inégalités hommes-femmes: Il est temps d’agir, Editions de l’OCDE Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264179660-4-fr
UNESCO (2010), Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous : atteindre les marginalisés, Editions UNESCO, Paris, http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001875/187513F.pdf
Liens externes
OECD (2015), « Comment expliquer l’inégalité entre les sexes dans l’éducation? », PISA à la loupe, No. 49, Editions de l’OCDE Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5js4xffc0pbr-fr
OECD (2015), « What some countries are doing to promote gender equality in education », in OECD, The ABC of Gender Equality in Education: Aptitude, Behaviour, Confidence, OECD Publishing, Paris.
DOI: http://dx.doi.org/10.1787/9789264229945-10-en