Préférences liées à la fécondité
Définitions
Les préférences liées à la fécondité font référence aux désirs des couples ou des individus d’avoir ou non un enfant, à l’intervalle de temps souhaité entre chaque enfant, et au nombre d’enfants considérés comme « idéal ». Ces préférences permettent d’informer les programmes de planning familial de la demande potentielle de contrôle de la fécondité au sein d’une population donnée (DHS, n.d.).
La possibilité pour les hommes et les femmes d’exercer librement ces préférences fait partie intégrante des droits reproductifs, définis comme « le droit des individus et des couples de décider sans discrimination, coercition ni violence s’ils veulent avoir des enfants, combien et quand, en ayant les informations nécessaires et les moyens adéquats pour prendre de telles décisions » (Programme d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement, cité dans FNUAP et al, 2014).
Enjeux pour le développement
Les préférences liées à la fécondité représentent un enjeu important pour le développement.
En termes de santé publique, l’espacement des naissances permet notamment de réduire la mortalité infantile. La contraception évite aux femmes les grossesses non-désirées et donc les avortements qui peuvent être réalisés dans des conditions risquées pour leur santé. La possibilité d’éviter les grossesses trop précoces ou trop tardives limite quant à elle les risques sanitaires pour la mère et l’enfant (DHS, 2014 ; FNUAP et Institut Guttmacher, 2014).
Les bénéfices économiques du planning familial ont également été démontrés. Des études réalisées dans des régions pauvres du Ghana et du Bangladesh soulignent que le recours à la contraception a permis aux femmes d’augmenter leurs revenus et leur participation au marché du travail. Le contrôle de la fécondité engendrerait en outre une « dividende démographique », en diminuant la part de la population jeune et dépendante financièrement au profit de la population en âge de travailler (FNUAP et Institut Guttmacher, 2014).
Mesures des préférences liées à la fécondité
L’indicateur « Institutions Sociales et Égalité femme-homme » (SIGI en anglais) élaboré par le Centre de développement de l’OCDE à partir de données collectées dans 160 pays, intègre parmi les différentes variables prises en comptes le taux de femmes n’ayant pas accès à la contraception alors qu’elles en avaient besoin (Centre de Développement de l’OCDE, 2014, à partir de données compilées par l’UNICEF, l’OMS et le programme d’enquêtes démographiques et sanitaires).).
Dans les pays en développement, on estime que la moitié des femmes en âge de procréer souhaitent éviter une grossesse, mais un quart d’entre elles, soit 225 millions, n’ont pas recours à une méthode contraceptive efficace (FNUAP et Institut Guttmacher, 2014).
Les disparités régionales sont importantes. En Asie du Sud, on note une augmentation du recours à la contraception (par 57% des femmes âgées de 15 à 49 ans) et un déclin des besoins non-pourvus en planning familial (de 21% en 1990 à 14% en 2012), même si les zones rurales restent à l’écart de ces progrès (Centre de développement de l’OCDE, 2014).
En Amérique Latine, 12% des femmes mariées n’ont pas accès au planning familial alors qu’elles en ont besoin, reflétant leur faible capacité de décision au sein de la famille (Centre de développement de l’OCDE, 2014).
En Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, l’accès à la contraception moderne reste rare. De nombreux pays d’Afrique sub-saharienne, dont l’Ethiopie, le Madagascar, le Malawi ou le Rwanda, ont toutefois mis en place d’ambitieuses politiques de planning familial, permettant des avancées importantes (FNUAP et Institut Guttmacher, 2014).
Dans les pays de l’OCDE, les besoins en planning familial sont largement pourvus par les contraceptifs modernes, avec une moyenne de 78%, même si certains pays tels que la Grèce ou la Turquie ou la Pologne sont à des niveaux plus bas (Fabic, M. et al, 2014, citant des chiffres de la Division des Populations des Nations Unies, 2013).
Implications pour les politiques de planning familial
Pour soutenir les droits des femmes à faire librement leurs choix en matière de fécondité, un partenariat global associant Etats, organisations internationales et société civile a été mis en place en 2012 sous la plateforme « Planning Familial 2020 » » hébergée par la Fondation des Nations. L’idée est de permettre à 120 millions de femmes d’avoir accès à la contraception d’ici 2020, en se concentrant en particulier sur la mise en place de politiques publiques et de financement appropriés, la qualité de la prestation de services et la levée des barrières socio-culturelles empêchant les femmes d’y accéder (Planning Familial 2020, n.d.).
Parmi les principes devant guider les services, la plateforme Planning Familial 2020 recommande que ceux-ci soient :
- Disponibles (dans des lieux appropriés et répartis équitablement sur le territoire)
- Accessibles (abordables financièrement et accessibles par les transports, sans discrimination, etc.)
- Acceptables (respectueux de la déontologie médicale, des valeurs et des cultures des usagers)
- Transparents et responsables (à même de traiter les violations des droits des patients ou les omissions dommageables)
- De la plus haute qualité (techniquement compétents et centrés sur les besoins des usagers)
- Participatifs (impliquant les femmes et les communautés dans les décisions les concernant)
Références
Centre de Développement de l’OCDE (2014), Social Institutions and Gender Index. 2014 Synthesis Report, Editions OCDE, Paris, www.genderindex.org/sites/default/files/docs/BrochureSIGI2015.pdf.
FNUAP et Institut Guttmacher (2014), Adding It Up 2014, The Costs and Benefits of Investing in Sexual and Reproductive Health, New York: Guttmacher Institute http://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/Adding%20It%20Up-Final-11.18.14.pdf
FNUAP, Institut Danois des Droits de l’Homme et Bureau du Haut Commissiariat aux droits de l’homme (2014), Reproductive Rights are Human Rights – A Handbook for National Human Rights Institutions, New York : Nations Unies http://www.unfpa.org/publications/reproductive-rights-are-human-rights#sthash.fqQVcqcj.dpuf
USAID (2014), “Unmet Need for Family Planning among Young Women: Levels and Trends”, DHS Comparative Reports No.34, February 2014, http://dhsprogram.com/pubs/pdf/CR34/CR34.pdf
The DHS Program (n.d.), “Fertility and Fertility Preferences”, site web consulté le 15 janvier 2016, http://dhsprogram.com/topics/Fertility-and-Fertility-Preferences.cfm
Planning Familial 2020 (n.d.), «About us », site web consulté le 15 janvier 2016, http://www.familyplanning2020.org/about
Fabic, M. et al. (2014), Meeting demand for family planning within a generation: the post-2015 agenda, The Lancet, Volume 385, Issue 9981, 1928 – 1931, février 2014, https://www.usaid.gov/sites/default/files/documents/1864/MeetingFPwithinGeneration.pdf
Liens externes
Alkema, L. et al. (2013), National, regional and global rates and trends in contraceptive prevalence and unmet need for family planning between 1990 and 2015: a systematic and comprehensive analysis. The Lancet. Vol. 381, Issue 9878, pp. 1642–1652, ww.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2812%2962204-1/abstract
United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division (2015), Model-based Estimates and Projections of Family Planning Indicators 2015. New York: United Nations, http://www.un.org/en/development/desa/population/theme/family-planning/cp_model.shtml