Les mutilations génitales féminines au Burkina Faso
Malgré son interdiction, l’excision reste largement répandue au Burkina Faso. De larges disparités régionales existent : deux tiers des femmes ont été victimes de MGF au Burkina Faso (63 %), plus des trois quarts dans les régions du Centre-Est (75 %), du Nord (76 %), du Plateau Central (77 %) et du Sahel (83 %). La pratique semble moins commune dans les régions du Centre-Ouest (25 %) et du Centre (36 %). De même, l’excision est plus fréquente dans les milieux ruraux (68 %) que dans les milieux urbains (48 %), et parmi les femmes qui ne sont jamais allées à l’école (70 %) que celles qui ont fréquenté l’université (28 %). Aucune couche sociale n’est épargnée : le niveau de revenu du ménage n’est pas corrélé avec la prévalence de la pratique. Elle semble en revanche diminuer avec le temps. Une part de 81 % des femmes de plus de 40 ans en a été victime, contre 57 % des femmes de 18 à 29 ans.
Les rituels liés à l’excision varient d’une province à une autre. Si l’âge moyen des victimes est de 6 ans et demi au Burkina Faso, une fille est généralement excisée avant ses 5 ans dans les provinces de Bam, Gnagna, Mouhoun, Soum, Ioba, Kompienga, Tuy et Ziro ; après 8 ans dans les provinces de Bazega, Houet, Nahouri, Oubritenga, Sanguie, Zoundweogo, Kourweogo et Zondoma. L’âge moyen de l’ablation génitale est de 11 ans chez les filles habitant le Boulkiemde, 12 ans dans le Sissili, 13 ans dans le Sourou et 15 ans dans le Nayala. La pratique est effectuée à plus de 80 % par des exciseuses, confirmant la professionnalisation et l’acceptation sociale de cette violence.
L’excision persiste en raison des croyances et normes sociales la justifiant et du concept de « femme bonne à marier ». En effet, à niveaux égaux d’urbanisation, d’éducation ou de revenu, les provinces ayant des taux d’acceptation plus élevés ont aussi des taux de prévalence plus élevés. La pratique est effectuée à plus de 80 % par des exciseuses, confirmant sa professionnalisation et son acceptation sociale. Si la majorité (82 %) de la population pense que cette pratique violente et néfaste pour la santé de la femme et son plaisir devrait être abandonnée, et notamment les femmes (84 %), un Burkinabè sur cinq (18 %) pense néanmoins qu’elle devrait être conservée. Ceci est notamment lié à la croyance que l’excision est exigée par la religion. Un habitant de la région des Cascades sur deux partage cette opinion, deux sur cinq dans les régions du Centre-Est (45 %) et du Nord (41 %).
En outre, la persistance de la pratique est liée à son rapport avec le mariage. Pour la moitié des hommes, il est préférable de se marier avec une femme excisée ; pour les trois quarts dans les régions du Haut-Bassins, du Sahel et de la Boucle du Mouhoun. Les hommes de l’Est et du Centre-Ouest semblent faire exception : pour les trois quarts d’entre eux il vaut mieux se marier avec une femme non excisée.
[1] Site Internet des Nations Unies, « Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, 6 février », http://www.un.org/fr/events/femalegenitalmutilationday/
[2] OCDE (2018), Étude Pays SIGI Burkina Faso. Les données sont disponibles ici.