Le virus Zika
Qu’est-ce que le virus Zika?
Déclaré «urgence de santé publique de portée mondiale » par l’OMS en février 2016, le virus Zika se transmet principalement par des piqûres de moustique de type “Aedes” (OMS, 2016).
Les sujets atteints présentent en général des symptômes bénins, de type grippaux, qui disparaissent dans un délai de deux à sept jours. Néanmoins, les autorités sanitaires s’inquiètent des possibles liens entre la flambée actuelle du virus et une recrudescence des complications neurologiques (syndrome de Guillain-Barré) ainsi qu’une augmentation importante du nombre de nouveau-nés atteints de microcéphalie dans les zones affectées (OMS, 2016).
La microcéphalie est une malformation néonatale définie par une taille de la tête beaucoup plus petite que celle des autres nourrissons du même âge. Elle peut s’accompagner de graves troubles du développement du cerveau (OMS, 2016).
À l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement ou de vaccin spécifique contre le virus Zika. Les efforts de prévention se concentrent sur l’éradication des foyers de moustiques et la protection des humains contre les piqûres (OMS, 2016).
Quelques cas, beaucoup plus rares, de transmission du virus par voie sexuelle semblent également avoir été observés. L’utilisation de préservatifs pourrait donc contribuer à la prévention du virus (OMS, 2016).
Étendue de l’épidémie
Le virus Zika a été découvert en 1947 mais sa propagation est restée limitée et sporadique jusqu’en 2007, date à laquelle une première flambée épidémique est survenue dans le Pacifique. Depuis 2013, de nouvelles flambées épidémiques ont été signalées dans le Pacifique, dans les Amériques et en Afrique, avec une recrudescence en 2015 (OMS, 2016).
Le virus circule actuellement dans 52 pays, dont 29 de la région Amérique Latine et Caraïbes. La plupart des cas se concentrent jusqu’à présent dans deux pays: le Brésil, où le nombre de cas pourrait atteindre jusqu’à 1,5 millions, et la Colombie avec plus de 37 000 cas en février 2016 (OMS, 2016; ONU-Femmes, 2016).
Implications du virus Zika pour les femmes et leurs droits reproductifs
Les femmes sont en première ligne face au virus Zika. Selon ONU-Femmes (2016), les femmes représentent 65% des cas d’infection dans l’ État de Bahia au Brésil et 67% au niveau national en Colombie. Pour l’agence onusienne, c’est le signe que les populations les plus pauvres et vulnérables – parmi lesquelles les femmes sont représentées de façon disproportionnée – sont aussi les plus exposées aux risques de pandémies.
Les autorités sanitaires enquêtent toujours sur les liens possibles entre la maladie chez la femme enceinte et la microcéphalie chez le nouveau-né. En attendant que ces liens soient confirmés, l’OMS recommande aux femmes enceintes et à celles qui souhaitent avoir un enfant de prendre des précautions supplémentaires, notamment pour se protéger des piqûres de moustiques (OMS, 2016).
Certains pays latino-américains ont également conseillé à leurs ressortissantes de repousser leur projet de grossesse, jusqu’à deux ans dans le cas du Salvador et de six à huit mois en Colombie (The Guardian, 2016; The Telegraph, 2016).
Ce type de réponses sanitaires a fait l’objet de critiques par les associations féministes et les instances internationales. Pour l’Organisation Panaméricaine de la Santé, “retarder une grossesse est une décision individuelle qui concerne la femme, son partenaire et son médecin” (PAHO, 2016).
Ces recommandations sur les reports de grossesse sont en outre formulées dans un contexte où l’avortement reste illégal ou strictement limité aux cas de viol et de danger pour la vie de la mère, comme en Colombie et au Brésil. “Dans des situations où les violences sexuelles sont endémiques, et les services de santé reproductive criminalisés ou tout simplement inaccessibles, conseiller aux femmes de retarder leur grossesse ne va pas aider à surmonter la crise” a ainsi estimé le Haut-Commissaire aux Droits de l’homme des Nations Unies Zeid Ra’ad Al Hussein dans un communiqué (2016).
Au Brésil, des associations de femmes, d’avocats et de médecins ont décidé de saisir la Cour suprême en vue d’autoriser les porteuses du virus Zika à interrompre leur grossesse en cas de microcéphalie. Cette position suscite l’opposition des autorités religieuses, qui jugent que l’urgence sanitaire décrétée par l’OMS ne justifie pas l’avortement et réaffirment le principe de respect de la vie (RFI, 2016).
Pistes pour une réponse sanitaire respectueuse des droits des femmes
ONU-Femmes (2016) et le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (2016) incitent les pays concernés par Zika à placer les femmes et leurs droits au cœur de leur réponse au virus:
- En fournissant une information claire et factuelle sur la maladie et les moyens de protéger les femmes et leurs familles;
- En garantissant l’accès de tous et de toutes à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité: contraception, éducation sexuelle, soins maternels et services d’avortement sécurisés. ONU-Femmes note que la levée des restrictions en cette période critique pourrait faire une grande différence dans la vie des femmes;
- En assurant d’urgence une protection sociale et des services médicaux appropriés aux familles touchées par les complications liées aux virus et les microcéphalies.
- En impliquant étroitement les organisations féminines dans les réponses nationales et internationales au virus.
Références
Haut-Commissariat aux droits de l’homme (2016), Upholding women’s human rights essential to Zika response – Zeid, http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=17014&LangID=E#sthash.GWuuqU81.dpuf
ONU-Femmes (2016), Women must be at the centre of the response to the Zika virus, says UN Women Executive Director Statement by Phumzile Mlambo-Ngcuka, UN Under-Secretary-General and Executive Director of UN Women, http://www.unwomen.org/fr/news/stories/2016/2/ed-statement-on-zika-virus#sthash.gkiOnlk6.dpuf
Organisation Mondiale de la Santé (2016), Zika : Strategic Response Framework and Joint Operational Plan, January-June 2016, http://www.who.int/emergencies/zika-virus/strategic-response-framework.pdf?ua=1
Organisation Mondiale de la Santé (2016), Maladie à virus zika : aide mémoire, consulté le 28 février 2016, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/zika/fr/
Organisation Panaméricaine de la santé (2016), PAHO Statement on Zika Virus Transmission and Prevention, http://www.paho.org/hq/index.php?option=com_content&view=article&id=11605&Itemid=41716&lang=en
Brodzinsky, S. (2016), Rights groups denounce zika advice to avoid pregnancy in Latin America, The Guardian, 27 janvier 2016, http://www.theguardian.com/global-development/2016/jan/27/rights-groups-denounce-zika-advice-to-avoid-pregnancy-in-latin-america
Sullivan, V. (2016), Zika virus outbreak highlights how limited women’s reproductive rights are, The Telegraph, 3 février 2016, http://www.telegraph.co.uk/women/life/zika-virus-outbreak-highlights-how-limited-womens-reproductive-r/
Condominas, B. (2016), Zika: l’Eglise face à la question de l’avortement en Amérique latine, RFI, 10 février 2016, http://www.rfi.fr/ameriques/20160210-amerique-latine-virus-zika-eglise-catholique-avortement
Liens externes
Diniz, D. (2016), The Zika Virus and Brazilian Women’s Right to Choose, The New York Times, 8 février 2016, http://www.nytimes.com/2016/02/08/opinion/the-zika-virus-and-brazilian-womens-right-to-choose.html?_r=0
Institute of Development Studies (2016), What does Zika mean for sexual and reproductive health and rights?http://www.ids.ac.uk/opinion/what-does-zika-mean-for-sexual-and-reproductive-health-and-rights