Intervention de Mme Hary Andriamboavonjy

Directrice de la Coordination régionale et de la transversalité

Organisation internationale de la Francophonie

Lancement de la Plateforme Wikigender en français

OCDE, Paris

16 décembre 2015

 

 

Excellences, mesdames et messieurs, chers invités,

Je remercie l’OCDE d’avoir organisé cet échange aujourd’hui pour le lancement de la Plateforme Wikigender en français. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est heureuse d’appuyer cette initiative qui vise à renforcer la participation et la contribution des francophones sur la scène internationale dans le domaine de l’égalité femme-homme, et plus spécifiquement de l’approche de « genre et développement ».

Permettez-moi de vous rappeler quelques éléments relatifs à l’engagement de la Francophonie en faveur de l’égalité femme-homme. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) représente une des plus grandes aires linguistiques du monde. Ses 80 Etats et gouvernements membres partagent la langue française comme porteuse de valeurs universelles et humanistes. L’engagement de la Francophonie en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité entre les sexes remonte à 1994 à Dakar, dans le cadre de la préparation de la Quatrième conférence mondiale sur les femmes à Beijing (1995).

Depuis 2000, date de la première Conférence des femmes de la Francophonie au Luxembourg, la Francophonie reconnaît sa responsabilité dans la lutte contre les discriminations et les violences à l’égard des femmes dans tous les domaines relevant de sa compétence. En 2010 puis en 2013, les Etats membres de la Francophonie ont réaffirmé leur engagement en adoptant la Déclaration, puis le Plan d’action francophone sur les violences faites aux femmes et aux filles, lors des 54ème et 57ème session de la Commission de la Condition de la femme des Nations Unies, reconnaissant et abordant déjà le poids des normes sociales comme obstacle à l’atteinte de l’égalité entre les sexes, notamment dans le cadre des cibles définies pour l’Objectif du millénaire pour le développement 3 « Promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes ».

Lors du 20e anniversaire de la Plateforme d’action de Beijing en mars dernier, plateforme qui consacre l’approche « genre et développement » pour atteindre l’objectif d’égalité entre les sexes, la Francophonie a choisi de promouvoir l’autonomisation économique des femmes par l’adoption d’une déclaration ambitieuse par ses Ministres en charge du genre en marge de la 60e session de la Commission de la Condition de la Femme, et en réunissant les représentants de la société civile francophone.

Ainsi, la Francophonie œuvre sans relâche pour que les francophones, les institutions comme la société civile, prennent pleinement part aux débats, s’expriment davantage sur la scène internationale et participent à de grands fora internationaux pour partager bonnes pratiques, leçons apprises, mais aussi attentes et préoccupations en vue de la mise en œuvre des engagements nationaux et internationaux dans le domaine de l’égalité femme-homme, des droits et de l’autonomisation des femmes.

Les francophones ont des choses à dire. Et la Francophonie est heureuse de s’allier à l’OCDE pour la mise en place d’un outil qui leur permettra de contribuer sur les aspects théoriques, pratiques et politiques de cette approche fondamentale qu’est l’approche « genre et développement ».

Je dois également vous dire que dès 2013 la Francophonie a non seulement beaucoup œuvré pour le maintien et le renforcement d’un objectif spécifique dédié à l’égalité, aux droits et à l’autonomisation des femmes (un objectif dit « transformatif » visant les fondements structurels des inégalités entre les sexes, dans ses dimensions sociale, économique et environnementale), mais aussi pour la prise en compte de la notion de culture dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.

La Secrétaire générale de la Francophonie, S.E. Mme Michaëlle Jean, souhaite renforcer la Francophonie de proximité prenant en compte toutes les diversités et notamment la diversité culturelle : non pas pour faire place à une sorte de relativisme culturel qui mettrait en danger le cadre universel des droits de l’Homme, et par la même les droits des femmes, mais justement pour prendre en compte ces réalités socioculturelles afin de mieux répondre aux défis du développement durable. Je pense que cela est en cohérence totale avec l’approche de genre et développement et la démarche de nos collègues du Centre de développement de l’OCDE.

Ainsi l’ODD 5 comprend les engagements suivants : mettre fin à la discrimination et à la violence fondées sur le genre, aux mariages précoces et aux mutilations génitales féminines ; garantir l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, protéger les droits reproductifs des femmes et des filles ; éliminer les disparités de genre dans les écoles et garantir l’égalité d’accès à l’éducation ; dispenser une éducation qui mette en exergue l’égalité de genre et les droits humains ; offrir davantage d’opportunités économiques aux femmes et reconnaître leurs droits à accéder aux ressources ; réduire le poids du travail de soins et des travaux domestiques non rémunéré assumé par les femmes et les filles ; garantir la pleine participation des femmes aux processus décisionnels.

Tous ces engagements sont des outils précieux qui doivent permettre aux organisations de la société civile francophone d’interpeler nos pays membres et tous les acteurs du développement pour que ces objectifs soient mis en œuvre de façon cohérente au niveau local. Les solutions monolithiques ne sont plus d’actualité avec les ODD qui reconnaissent la nécessité de comprendre le contexte et les circonstances propres à chaque pays pour mesurer les progrès accomplis de manière efficace.

Les ODD sont des objectifs mondiaux vers lesquels il faut tendre, mais ne sont pas dotés d’un caractère obligatoire : ils peuvent et doivent être adaptés aux contextes nationaux. La société civile, et particulièrement la société civile francophone, aura besoin de se renforcer pour participer efficacement aux processus de suivi. La plateforme Wikigender en français constitue un autre outil formidable en ce sens pour veiller à ce que les États appliquent les principes fondamentaux que sont la nécessaire allocation de ressources, le maintien des acquis mais surtout la réalisation progressive de l’égalité femme-homme et la pleine protection des droits des femmes. Et je pense ici aux données et analyses que nous pourrions mettre en exergue dans les situations de crise et de conflits, puisque de nombreux pays au sein de l’espace francophone y sont actuellement confrontés.

L’OIF a été de tous les grands rendez-vous importants de cette année (Beijing+20, Incheon, Addis-Abeba, Agenda post-2015, CdP21) et elle a fait siens les engagements qui en ont résulté, parce qu’avec ses 80 Etats et gouvernements, répartis sur les 5 continents, elle est au cœur de toutes les urgences du monde, au cœur de ses inégalités et disparités, de ses crises et de ses conflits, mais elle est aussi au cœur de forces, d’accomplissements, de diversité, de capacités de faire, de produire, de créer, d’innover et de se mobiliser.

L’OIF s’est engagée résolument en faveur de ce programme de développement pour l’après 2015 et sera aux côtés de ses pays membres les plus vulnérables pour les aider à saisir l’opportunité que représentent les perspectives du renforcement du financement du développement, dans la ligne de la conférence d’Addis-Abeba ; elle sera là pour les accompagner, aussi, dans l’élaboration de stratégies nationales de développement durable. Et dans ce cadre, elle sera très attentive aux enjeux de genre qui sont au centre des préoccupations de notre Secrétaire générale.

Pour toutes ces raisons, l’OIF se félicite de cette coopération avec le Centre de développement de l’OCDE pour renforcer les capacités des acteurs et actrices de l’égalité femme-homme en Francophonie, pour en engager de nouveaux, et pour enrichir le débat international par une meilleure intégration des enjeux et perspectives des francophones sur le genre.

Je vous remercie de votre attention.