Santé et bien-être – Wikigender https://www.wikigender.org/fr/ L'égalité des sexes Wed, 07 Dec 2022 14:51:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Atelier virtuel sur comment aborder les discriminations liées au genre en Afrique de l’Ouest https://www.wikigender.org/fr/wiki/25997-2/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/25997-2/#respond Thu, 22 Apr 2021 19:05:19 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=25997

 

Des données statistiques à l’action politique: aborder les discriminations liées au genre dans les institutions sociales     

Atelier virtuel en Afrique de l’Ouest  

    

27 avril 2021   

10 h – 13 h (CET)   

Merci de vous inscrire ici 

 

Le Centre de développement de l’OCDE, en partenariat avec le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), vous invite à un atelier virtuel réunissant les organisations de la société civile travaillant sur l’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest le 27 avril 2021 à 10 h, heure de Paris,pour une discussion politique interactive.    

En s’appuyant sur l’Index « Institutions Sociales et Égalité Femmes-Hommes » de l’OCDE, l’atelier virtuel a pour objectif d’identifier les progrès réalisés, les principaux défis et les opportunités en termes d’autonomisation des femmes et d’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest. Les participants incluront les organisations de la société civile, des organismes de recherche, des think tanks, des experts en genre, des militants et défenseurs de l’égalité femmes-hommes et des fondations, qui partageront leurs perspectives et expertises sur l’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest dans trois domaines principaux :    

  1. Les restrictions et privations faites aux femmes en termes de santé et d’autonomie reproductive; 
  2. L’autonomisation économique des femmes et l’accès aux ressources productives et financières;
  3. La voix politique, le leadership et l’action des femmes. 

Cet atelier est le point de départ d’une série d’ateliers politiques virtuels en Afrique dans le cadre du projet “Des données statistiques à l’action politique: aborder les institutions sociales régissant les comportements des femmes et des hommes afin d’améliorer l’égalité femmes-hommes en Afrique”, organisé avec le soutien de la Coopération autrichienne au développement.    

Rejoignez la conversation sur Twitter avec @OECD_Centre, @Wikigender, @SWAC_OECD en utilisant les hashtags #SIGI et #SIGIAfrique

Pour plus d’informations, merci de contacter dev.gender@oecd.org. 

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L’impact de la Covid-19 sur l’égalité hommes-femmes et les Objectifs de Développement Durable (ODD) https://www.wikigender.org/fr/wiki/limpact-de-la-covid-19-sur-legalite-hommes-femmes-et-les-objectifs-de-developpement-durable-odd/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/limpact-de-la-covid-19-sur-legalite-hommes-femmes-et-les-objectifs-de-developpement-durable-odd/#respond Fri, 17 Jul 2020 11:20:43 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=25357

Introduction

La pandémie liée à la Covid-19 constitue une menace sérieuse pour la réalisation des ODD liés au genre. Ses conséquences socio-économiques mettent en péril certaines des améliorations observées depuis 2015 en matière d’égalité hommes-femmes et d’autonomisation des femmes. Compte tenu de l’état d’avancement des ODD avant le déclenchement de la crise et de leurs liens les uns avec les autres, il est évident que les conséquences économiques et sociales de la pandémie vont exacerber les inégalités et les discriminations existantes à l’égard des femmes et des filles, en particulier des plus marginalisées. La crise d’Ébola (2014-2015) en Afrique de l’Ouest et l’épidémie de Zika (2015-2016) en Amérique latine ont révélé que les crises de santé publique peuvent mettre un frein aux politiques et aux réformes visant à transformer les relations entre les hommes et femmes. En effet, les crises privent les femmes de ressources nécessaires à leurs besoins tandis que ces mêmes crises accroissent les besoins auxquels font face femmes. Il est donc essentiel de prendre conscience de l’impact actuel du Covid-19 ainsi que de ses implications pour la réalisation des ODD si des mesures préventives ne sont pas prises.

Conséquences de la Covid-19 pour les ODD ayant un lien avec la condition des femmes et des filles

Compte tenu des vastes et multiples implications de la crise du Covid-19, tous les ODD, et en particulier les objectifs et indicateurs liés au genre, sont susceptibles d’être touchés. Reconnaître cet impact est une première étape essentielle pour concevoir des politiques de relance socio-économiques qui aideront à atteindre les ODD et l’égalité des sexes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une liste exhaustive, si l’on considère le problème sous l’angle du genre, il est évident qu’au moins les ODD suivants souffriront de ralentissement, voire de recul :

ODD 8 – « Travail décent » : « Les femmes représentent environ deux tiers du personnel de santé dans le monde et […] environ 85 % des infirmières et des sages-femmes dans les 104 pays pour lesquels des données sont disponibles » (OCDE, 2020). Cette concentration sectorielle, ainsi que la surreprésentation des femmes dans certains secteurs tels que le commerce de détail et l’hôtellerie, signifie que les femmes sont exposées de manière disproportionnée à la Covid-19 au travail et sont plus touchées que les hommes par les mesures de confinement.

ODD 3 – « Bonne santé et bien-être » : En temps de crise sanitaire, les ressources allouées à la santé reproductive et sexuelle sont détournées et réorientées vers la réponse d’urgence. Comme constaté au cours de la crise d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-2015, cela a contribué à une augmentation de la mortalité maternelle dans les régions ayant de faibles capacités de soins de santé (Wenham, Smith et Morgan, 2020). Par exemple, en Sierra Leone, des études d’impact menées après la crise ont révélé une baisse drastique de l’utilisation des services de santé au cours de la crise, entraînant, selon les estimations les plus prudentes, 3 600 décès maternels, néonatals et mort-nés supplémentaires sur la période 2014-2015 (Sochas, Channon et Nam, 2017).

ODD 4 – « Une éducation de qualité » : La crise Ébola a également révélé une augmentation significative des grossesses adolescentes au cours de l’épidémie suite à la fermeture des écoles, se traduisant, en retour, par une augmentation du taux d’abandon scolaire – en particulier pour les mères adolescentes —  au cours de la période post-crise (Bandiera et al., 2019). En parallèle, l’augmentation à venir de la charge de travail non rémunéré et des tâches domestiques qui pèse sur les épaules des femmes et des filles – en particulier les soins rendus aux malades – aura probablement des conséquences importantes sur les perspectives d’éducation des filles.

ODD 2 – « Faim Zéro » : Dans les pays où les normes sociales impliquent une préférence pour les garçons plutôt que pour les filles, la pandémie pourrait amplifier ces préférences de plusieurs façons. Par exemple, dans des contextes de ressources alimentaires limitées, les ménages où les normes sociales discriminatoires sont répandues pourraient être amenés à privilégier les garçons par rapport aux filles, ce qui aurait une incidence négative directe sur le deuxième objectif stratégique. De même, dans un contexte de ressources limitées, la préférence pourrait être accordée aux garçons par rapport aux filles en matière d’éducation et de santé (ODD 3 et 4).

ODD 1 – « Pas de pauvreté » et ODD 10 – « Inégalités réduites » : Étant donné que les conséquences économiques de l’épidémie – par exemple les licenciements, la perte de revenus, la précarité de l’emploi – pourraient davantage toucher les femmes, une augmentation des niveaux de pauvreté des femmes dans le monde est très probable.

Conséquences de la Covid-19 pour l’ODD 5 en particulier

Plus spécifiquement, la pandémie aura de graves conséquences pour la réalisation de l’ODD 5, « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Avant la crise, on estimait que 2,1 milliards de filles et de femmes vivaient dans des pays qui n’atteindraient pas les cibles liées à l’égalité entre les sexes d’ici 2030 (Equal Measures 2030, 2020). Alors que le rythme des progrès commence à ralentir, les pays développés et en développement vont avoir besoin de plus de temps ainsi que de mesures fortes afin d’atteindre les cibles liées à l’égalité entre les sexes. Les cibles suivantes de l’ODD 5 seront en particulier gravement touchées :

ODD 5.1 sur l’élimination de « toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles » : D’après le SIGI (Social Institutions and Gender Index) de l’OCDE, de nombreuses nouvelles législations visant à renforcer l’égalité des sexes et à abolir les lois discriminatoires bénéficiaient d’engagements politiques croissants avant la crise (OCDE, 2019). Toutefois, la crise a paralysé la capacité de nombreux États à adopter à et mettre en œuvre de nouvelles lois.

ODD 5.2 sur l’élimination de « toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles » : Des données récentes révèlent que 18% des femmes dans le monde ont subi des violences physiques et/sexuelles de leur conjoint au cours des 12 derniers mois. De nouvelles données ajoutent que la violence domestique a augmenté au cours des mesures de confinement. Par exemple, la ligne d’assistance téléphonique nationale contre les violences domestiques du Royaume-Uni indique une augmentation de 25 % du nombre d’appels téléphoniques au cours de la première semaine de confinement et la multiplication par 1,5 des visites sur son site web (ONU Femmes, 2020).

ODD 5.3 sur l’élimination de « toutes les pratiques préjudiciables » : Avant la crise, les données suggéraient un déclin des mariages d’enfants en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne (Centre de développement de l’OCDE, 2019). La pauvreté induite par la pandémie pourrait engendrer une augmentation des mariages précoces et forcés. Dans le même temps, dans les pays à faibles revenus, la crise sanitaire va gravement compromettre les capacités et les ressources financières des gouvernements, ce qui aura des répercussions sur les capacités législatives et d’application de la loi de ces pays. Par exemple, les poursuites engagées contre les auteurs de mutilations génitales féminines risquent de s’atténuer, alors même que cette pratique semble s’être accrue depuis le début de la pandémie.

ODD 5.4 sur la reconnaissance et le partage des travaux domestiques non rémunérés : Avant l’épidémie de Covid-19, les femmes effectuaient déjà 75 % du travail domestiques non rémunéré dans le monde (Centre de développement de l’OCDE, 2019). La crise actuelle a souligné l’importance du rôle des individus qui s’occupent des personnes âgées ainsi que des personnes de santé fragile. En outre, dans de nombreux endroits, les écoles ont fermé, ce qui signifie que les enfants restent à la maison. Ces dynamiques contribuent à augmenter la charge de travail non rémunéré. Il sera probablement très difficile de revenir à la répartition d’avant la crise et presque impossible de parvenir à une répartition équitable du travail domestique non rémunéré entre les hommes et les femmes d’ici 2030.

ODD 5.6 sur la garantie de l’accès aux soins de santé sexuelle et aux droits en matière de procréation: La fourniture de produits de santé sexuelle et reproductive, y compris les protections hygiéniques, pourrait être affectée par la pression exercée sur les chaînes d’approvisionnement (UNFPA, 2020). La crise du Zika en Amérique latine mis en exergue le lien entre les gangs et l’accès des femmes aux soins gynécologiques, les réseaux informels prenant le contrôle de l’accès aux approvisionnements.

Conclusions

Alors que la crise de la Covid-19 se poursuit, la prise de conscience de son impact sur l’accomplissement des objectifs fixés dans l’Agenda 2030. Si les mois passés ont montré qu’il est toujours possible de s’adapter, il est maintenant essentiel de se pencher sur l’impact que les réponses apportées à la crise de la Covid-19 auront sur le développement humain à travers le monde. En tournant notre regard vers l’avenir, il est possible de comprendre que les mesures prises aujourd’hui seront fondamentales pour le futur. Cette prise de conscience s’accompagne de la possibilité d’élaborer des politiques publiques qui tiennent compte des inégalités entre les sexes et qui favorisent des redressements socio-économiques équitables.

Ressources supplémentaires de l’OCDE sur la Covid-19

Références

Bandiera, O. et al. (2019). “The Economic Lives of Young Women in the Time of Ebola: Lessons from an Empowerment Program”. Impact Evaluation series, No. WPS 8760. World Bank Group, Washington D.C. http://documents.worldbank.org/curated/en/452451551361923106/The-Economic-Lives-of-Young-Women-in-the-Time-of-Ebola-Lessons-from-an-Empowerment-Program.

Equal Measures 2030 (2020). Bending the Curve Towards Gender Equality by 2030. https://www.equalmeasures2030.org/wp-content/uploads/2020/03/EM2030BendingTheCurveReportMarch2020.pdf.

OECD (2020). Women at the Core of the Fight Against COVID-19 Crisis. OECD Publishing, Paris. https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=127_127000-awfnqj80me&title=Women-at-the-core-of-the-fight-against-COVID-19-crisis.

OECD (2019). SIGI 2019 Global Report: Transforming Challenges into Opportunities, Social Institutions and Gender Index. OECD Publishing, Paris. https://dx.doi.org/10.1787/bc56d212-en.

OECD Development Centre (2019). Gender, Institutions and Development Database (GID-DB) 2019. https://oe.cd/ds/GIDDB2019.

Sochas, L., A. Channon and S. Nam (2017). “Counting indirect crisis-related deaths in the context of a low-resilience health system: the case of maternal and neonatal health during the Ebola epidemic in Sierra Leone”. Vol. 32, pp. 32-39. http://dx.doi.org/10.1093/heapol/czx108.

UNFPA (2020). COVID-19: A Gender Lens – Protecting sexual and reproductive health and rights, and promoting gender equality. UNFPA. https://www.unfpa.org/sites/default/files/resource-pdf/COVID-19_A_Gender_Lens_Guidance_Note.pdf.

Wenham, C., J. Smith and R. Morgan (2020). COVID-19: the gendered impacts of the outbreak, Lancet Publishing Group. http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30526-2.

United Nations (n.d.). Sustainable Development Goal 5. Retrieved from https://sustainabledevelopment.un.org/sdg5.

United Nations (n.d.). Transforming our world: the 2030 Agenda for Sustainable Development. Retrieved from https://sdgs.un.org/2030agenda.

UN Women (2020). COVID-19 and Violence Against Women and Girls: Addressing the Shadow Pandemichttps://www.unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/sections/library/publications/2020/policy-brief-covid-19-and-violence-against-women-and-girls-en.pdf?la=en&vs=5842.

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Défis et progrès de la lutte contre la violence à l’égard des femmes en Algérie https://www.wikigender.org/fr/wiki/defis-et-progres-de-la-lutte-contre-la-violence-a-legard-des-femmes-en-algerie/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/defis-et-progres-de-la-lutte-contre-la-violence-a-legard-des-femmes-en-algerie/#respond Thu, 28 Nov 2019 11:08:41 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=24071

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro – Méditerranée

Date de publication: 28 novembre 2019

[toc]

Introduction

La violence contre les femmes (VCF) existe partout dans le monde. Elle affecte la santé physique et mentale des femmes, limite leur contrôle et leur jouissance de leur propre corps, leur capacité à participer à la société et leur présence dans les espaces publics [1]. Selon la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la VCF comprend « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée[2]. »

Ce type de violence est non seulement perpétué par des personnes physiques, mais aussi par l’État. Bien que la Déclaration demande aux États de prendre les mesures nécessaires pour prévenir et punir les actes de VCF, ceux-ci constituent souvent une source d’insécurité pour les femmes: discrimination au travail, inégalité devant la loi, absence ou laxisme des lois qui punissent la violence de genre, etc. Ainsi, outre la violence directe, les femmes souffrent de violence structurelle qui, comme son nom l’indique, émane de structures qui nient la satisfaction des besoins. La violence directe et la violence structurelle sont soutenues et légitimés par la violence culturelle, qui se manifeste dans les attitudes de la société [3].

« Outre la violence directe, les femmes souffrent de violence structurelle qui, comme son nom l’indique, émane de structures qui nient la satisfaction des besoins ».

En Algérie, comme dans le monde entier, ce grave problème conditionne l’existence et le quotidien de nombreuses femmes. Une étude de diagnostic coordonné par l’association Femmes en Communication (FEC) d’Alger examine la VCF en Algérie et les défis auxquels le pays doit encore faire face pour mettre fin à ce type de violence. L’étude, qui a pris comme exemple le cas de la wilaya d’Oran, indique aussi les progrès menés en vue d’une société plus égalitaire. Ce diagnostic a été élaborée dans le cadre du projet Pôles Locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes. Ce projet, lancé par l’IEMed en synergie avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée et financé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France), vise à autonomiser les acteurs et actrices locaux/les et diffuser leurs actions et conclusions au niveau international.

Cet article se basera principalement mais pas uniquement sur le diagnostic du FEC pour, d’une part, exposer et commenter les obstacles et défis de la lutte contre la violence à l’égard des femmes en Algérie et, d’autre part, mettre en relief l’impact de la mobilisation sociale dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes, spécialement au niveau local.

VCF en Algérie : état de la question et défis

Malgré la ratification —avec des réserves— de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) [4] par l’Etat algérien et la récente création de mécanismes institutionnels favorables à l’égalité femmes-hommes, comme le Ministère de la Solidarité Nationale, de la Famille et de la Femme (MSNFCF) et le Conseil National de la Famille et de la Femme (CNFF) [5], la situation des femmes reste précaire. Elles sont toujours dans une position encline à la pauvreté et à la dépendance économique, limitant leurs libertés et leurs chances de réalisation personnelle et augmentant leur risque de souffrir de violence directe.

D’un côté, l’analphabétisme touche les femmes principalement. En 2008, dans les zones rurales, le taux de femmes analphabètes était deux fois plus élevé que celui des hommes (41% contre 21,8%). D’un autre côté, les conditions d’accès au travail sont également alarmantes: seulement 16,09% de la population salariée active sont des femmes. Même lorsqu’ils ont accès à un emploi, leur salaire ne représente en moyenne qu’un tiers de celui de leurs homologues masculins. En plus, les conditions de certains groupes de femmes est encore plus préoccupante : les mères célibataires sont victimes de stigmatisation et les femmes handicapées et les femmes migrantes subissent une double discrimination [6].

Ce retard en matière d’égalité femmes-hommes au niveau social, politique et juridique est dû, d’une part, aux réserves que l’Algérie maintient sur le CEDEF (articles 2, 9, 15, 16 et 18 qui concernent principalement le Code de la famille et qui sont contraires à la Constitution algérienne) [7] et, d’autre part, à la non-ratification de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples [8]. Les deux faits constituent un obstacle à la transformation de certaines lois et politiques nationales.

Au niveau social, le rôle des médias est décisif. Le diagnostic de FEC montre que les médias constituent un obstacle majeur à l’égalité des sexes. Peu de femmes journalistes occupent des postes élevés dans le secteur de l’information. En plus, les contenus transmis sont encore pleins de messages misogynes qui demeurent ancrés dans l’imaginaire collectif de la société et qui nourrissent la violence structurelle et culturelle.

En outre, selon le même diagnostic, le Gouvernement compte principalement sur les ONG indépendantes pour répondre aux besoins sociaux, juridiques et financiers des femmes victimes de la violence. Cependant, les ONG devraient être une source complémentaire de soutien à la société civil —aux femmes dans ce cas particulier— et non pas la source principale de bien-être et de garanties humaines. Cette responsabilité incombe en premier lieu aux États, qui ont le devoir de satisfaire ces besoins et d’autres qui pourraient compromettre la sécurité de leur population [9], non seulement du point de vue militaire traditionnel, mais surtout en termes de sécurité humaine.

Néanmoins, ce n’est pas un hasard si l’État algérien s’appuie sur certains secteurs de la société civile pour combler les failles du tissu institutionnel en termes de droits et de prestations sociaux. Des auteurs et auteures tels que Louisa Dris-Ait Hamadouche parlent de cela en tant que stratégie de résilience du gouvernement pour préserver la stabilité du pays [10]. Pourtant, comme on expliquera plus tard, plusieurs associations qui oeuvrent pour la protection des groupes vulnérables et pour la défense de leurs droits, comme celles qui luttent contre la VCF, ont pu utiliser cette situation en leur faveur.

La société civile comme moteur de changement

Les révoltes populaires de 1988 ont accéléré les réformes politiques. Dans ce contexte et avec l’approbation de la Constitution de 1989, la loi 90-31 a été adoptée en 1990. Elle permettait la liberté d’association et facilitait les procédures administratives pour la création et les activités des associations. Cette ouverture a toutefois été de courte durée : la nouvelle loi a été abolie avec l’arrivée des incidents du début des années 90 qui ont marqué le commencement de la décennie noire [11].

La fin de ce conflit n’a pas diminué les restrictions imposées aux associations. Cependant, des milliers d’associations avaient déjà été créées et ont continué de l’être jusqu’à ce jour (91 102 associations enregistrées selon des données du ministère de l’Intérieur de 2018) [12]. Nonobstant, le type de relation que ces associations entretiennent avec le gouvernement conditionne leur travail [13].

Ainsi, on peut classifier les organisations de la société civile en trois courants: celles qui s’opposent ouvertement au régime (dont la marge de manoeuvre est très limitée et qui sont hors le cadre légal); celles de la périphérie qui indirectement remettent en cause la légitimité et la gestion des autorités; et, enfin, celles qui ont occupé le vide institutionnel en ce qui concerne les sphères sociale, culturelle et environnementale [14]. Celles-ci, auxquelles appartiennent les associations luttant contre le VCF, sont perçues par le gouvernement comme un outil de maintenance du système et non pas comme une menace.

Mais le fait que les associations luttant contre le VCF aient adopté une attitude collaborative envers le gouvernement ne signifie pas qu’elles soient des marionnettes. En fait, elles utilisent cette stratégie pour exercer de la pression et promouvoir des changements dans les politiques publiques [15]. L’influence des associations sur les politiques publiques se produit principalement au niveau local et dans le secteur social, environnemental et éducatif [16].

Les progrès de la lutte contre la VCF : des actions au niveau local

D’une part, on peut parler de l’action de Femmes en Communication, l’association directrice du pôle local d’Oran responsable du diagnostic sur la VCF, comme on a déjà expliqué. Depuis 1995, son objectif est de promouvoir toute forme d’expression féminine à travers les nouvelles technologies afin de lutter contre la faible représentation féminine dans les institutions, de promouvoir la participation des femmes à la citoyenneté et de dénoncer le VCF. FEC réalise cette tâche via la radio en ligne «Voix des Femmes».

Après le diagnostic, le pôle local d’Oran a conçu un projet de sensibilisation qui a engagé des journalistes, les administrations publiques et les acteurs locaux à placer à Oran un centre d’accueil et d’hébergement pour les femmes victimes de violences [17].

Par ailleurs, le travail du collectif Stop à la violence ! Les droits aux femmes maintenant est également remarquable. Il a été le promoteur des amendements du Code Pénal adoptés en 2015 criminalisant la violence verbale et le harcèlement sexuel dans les lieux publics. Après cela, d’autres associations ont lancé des campagnes de diffusion des modifications de la loi

Ce le cas de l’Association de l’Information et de la Communication en milieu de jeunes de Guelma (INFO-COM Jeunes de Guelma), dont la campagne de plaidoyer (qui s’inscrit au cadre du projet CSO WINS de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée visant à renforcer les capacités des organisations de la société civile à effectuer une défense en faveur des droits des femmes) a atteint plus de 850 jeunes, ainsi que des médias locaux et nationaux comme El Watan, Annasr, Vitaminedz, etc. Elle a également encouragé les victimes à dénoncer cette forme de violence dans la province de Guelma, en Algérie [18].

Ensuite, INFO-COM Jeunes de Guelma a organisé trois rencontres de dialogue politique en avril 2019 dans trois villes algériennes différentes. Ces rencontres portaient sur les obstacles qui empêchent l’application réelle de la réforme du Code Pénal. Grâce à la mobilisation sociale, les pouvoirs locaux et les médias se sont engagés à promouvoir la sensibilisation et le dialogue autour de ce sujet [19].

Conclusion

Une fois exposés et analysés les défis et les progrès de la lutte contre la violence à l’égard des femmes en Algérie, ainsi que le rôle et l’impact de la société civile au niveau local, on conclut que, même s’il reste un long chemin à parcourir, ils existent des mécanismes pour combattre les VCF et atteindre l’égalité femmes-hommes. D’une part, à l’exception du Code de la famille, les lois civiles établissent l’égalité entre femmes et hommes. Des conventions internationales favorables à cet objectif ont également été ratifiées.

D’autre part, les associations de la société civile œuvrant pour les droits des femmes ont réussi, par le biais de stratégies de collaboration avec le gouvernement, à influencer les politiques publiques, en particulier au niveau local. Grâce à la pression exercée par la mobilisation sociale, les administrations publiques et les médias ont adopté des stratégies de lutte contre le VCF.

Malgré cela, il est urgent de modifier le Code de la famille afin que les lois internationales puissent être appliquées efficacement. Il serait également utile de ratifier la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. En outre, la loi doit obliger les médias à respecter la législation nationale et internationale relative à l’égalité des sexes. Enfin, si l’État ne compte pas répondre en première personne aux besoins des femmes victimes de violence, il devrait réduire les obstacles bureaucratiques imposés aux associations qui le font et leur offrir le soutien financier nécessaire pour accroître leur impact.

Références

[1] HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES DROITS DE L’HOMME (OHCHR), Violence contre les femmes : série d’informations sur la santé sexuelle et reproductive et les droits associés.
[2] HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES DROITS DE L’HOMME (OHCHR), Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 1993 https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/ViolenceAgainstWomen.aspx
[3] GALTUNG, J. La violencia: cultural, estructural y directa. Cuadernos de estrategia, (183), 147-168, 2016
[4] HAUT-COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES DROITS DE L’HOMME (OHCHR), Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, 1979 https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CEDAW.aspx
[5] FEMMES EN COMMUNICATION, Diagnostic de terrain : La violence contre les femmes en Algérie : focus sur Oran https://docs.euromedwomen.foundation/files/ermwf-documents/7064_diagnosticalgeriecombattrelaviolencefr.pdf
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Ibid
[8] ORGANISATION DE L’UNITÉ AFRICAINE (OUA), Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, 1981 https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/afr_charter_human_people_rights_1981f.pdf
[9] UNITED NATIONS, Responsibility to protect, 2005 https://www.un.org/en/genocideprevention/about-responsibility-to-protect.shtml
[10] DRIS-AÏT HAMADOUCHE, LOUISA, Au coeur de la résilience algérienne: un jeu calculé d’alliances. Confluences Méditerranée, nº 3, pp. 195-210, 2018 https://doi.org/10.3917/come.106.0195
[11] THIEUX, L. Sociedad civil y cambio político y social en Argelia: evolución de discursos y estrategias. Revista de Estudios Internacionales Mediterráneos, 2018: https://repositorio.uam.es/bitstream/handle/10486/686485/REIM_25_5.pdf?sequence=1&isAllowed=y
[12] MINISTÈRE DE L’INTERIEUR, DES COLLECTIVITÉS LOCALES ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE http://www.interieur.gov.dz/index.php/fr/
[13] THIEUX, L. Sociedad civil y cambio político y social en Argelia: evolución de discursos y estrategias. Revista de Estudios Internacionales Mediterráneos, 2018: https://repositorio.uam.es/bitstream/handle/10486/686485/REIM_25_5.pdf?sequence=1&isAllowed=y
[14] Ibid
[15] Ibid
[16] BENRAMDANE, Djamel, Les associations algériennes, des acteurs émergents en quête de reconnaissance. Informe del Comitato Internazionale per lo Sviluppo dei Popoli (CISP), 2015
[17] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Créer les conditions favorables à la mise en place d’un centre d’accueil et d’hébergement des femmes victimes de violence à Oran, 2016 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/news/view/6226/creer-conditions-favorables-a-mise-en-place-un-centre-accueil-hebergement-femmes-victimes-violence-a-oran
[18] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Fin de la campagne d’INFO-COM Jeunes contre le harcèlement sexuel à Guelma, 2017 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/news/view/7276/fin-campagne-infocom-jeunes-contre-harcelement-sexuel-a-guelma
[19] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Dialogues politiques sur les violences contre les filles dans la wilaya de Guelma, 2019 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/news/view/8737/dialogues-politiques-sur-violences-contre-filles-dans-wilaya-guelma

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/defis-et-progres-de-la-lutte-contre-la-violence-a-legard-des-femmes-en-algerie/feed/ 0
Le changement climatique et les oasis tunisiennes de Tozeur: une opportunité pour renforcer le leadership et l’activité économique des femmes https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/#respond Mon, 28 Oct 2019 15:04:08 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=24004

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 28 octobre 2019

[toc]

Introduction 

Dans son dernier rapport « Le climat mondial en 2015-2019 », l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a averti que le réchauffement planétaire s’accélère, de même que les caractéristiques y associées telles que l’élévation du niveau de la mer, la diminution de la glace de mer, la fonte des glaciers, et les événements extrêmes tels que les vagues de chaleur, les sécheresses, les glissements de terrain, les inondations et les ouragans [1]. Bien que ces événements affectent l’humanité tout entière, leurs répercussions peuvent affecter de manière radicale la vie, les modes de vie, la consommation et la dynamique économique et sociale de certains groupes, en particulier ceux dont la vie dépend fortement des ressources naturelles ou qui subit un certain degré de perte résultant de l’épuisement ou la pénurie des ressources [2].

De nombreux acteurs internationaux ont démontré que les femmes font partie des groupes les plus vulnérables au changement climatique, en particulier dans les domaines où les rôles et relations de genre acheminent des inégalités femmes-hommes. Par exemple, 80% des personnes déplacées dans le monde par le changement climatique sont des femmes, selon le PNUD [3], qui a également conclu que «les femmes n’ont pas accès ou ne peuvent pas facilement accéder à des fonds pour couvrir les pertes liées aux violentes intempéries ou pour recourir aux technologies d’adaptation. Les femmes sont également victimes de discrimination dans l’accès à la terre, aux services financiers, au capital social et à la technologie. [4]’’

Malgré l’impact disproportionné du changement climatique sur les femmes et les d’alarme des scientifiques, ces risques doivent être affrontés avec espoir et considérés comme une opportunité de renforcer l’autonomie des femmes et d’accroître leur contribution à la recherche d’alternatives et de solutions durables aux problèmes environnementaux et à leurs conséquences socio-économiques. Cet article tente d’explorer la relation spécifique entre le changement climatique et les femmes dans les oasis de Tozeur (Tunisie), dont l’écosystème a été perturbé et certaines de ses cultures résistantes au changement climatique ont disparu en raison de politiques agricoles inappropriées.

L’article est basé sur un diagnostic de terrain réalisé par l’association La Ruche de la citoyenneté active de Tozeur, avec le soutien de la Fondation des Femmes de l’Euro – Méditerranée (FFEM) et de l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), dans le cadre du projet « Renforcement des capacités des acteurs de l’égalité » consistant à analyser les réalités locales des femmes et les politiques publiques par le biais de consultations et de dialogues au niveau local, à travers la mise en place de pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes dans 7 pays du sud de la Méditerranée, dont la Tunisie (Plus d’informations sur le projet de ces pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation). L’article est également basé sur des enquêtes de perception menées auprès de 32 entités environnementales ou autonomisant les femmes dont des associations, des syndicats et des groupes de développement agricole (GDA), aussi bien que sur quatre discussions de groupe avec des acteurs institutionnels et civiques de Chebika, Tamagheza, Hezouwa et Nafta.

Tozeur: Démographie, faits et un écosystème fragile 

Vu son emplacement géographique, le gouvernorat de Tozeur et ses 6 délégations (Tozeur, Hezoua, Tamagheza, Nefta, Deguèche et Hamma) se caractérisent par un climat aride caractérisé par l’évaporation très élevée et une pluviométrie extrêmement faible ne dépassant jamais les 100 mm/an [5].

Tozeur est le gouvernorat le moins peuplé de Tunisie, son nombre d’habitants représentant moins de 1% de la population tunisienne. Plus de la moitié de sa population est constituée de femmes, en raison de la récente migration croissante de jeunes hommes à la recherche de meilleures conditions de vie dans les villes et les régions voisines.

L’économie de ce gouvernorat est dominée par l’agriculture, principalement par la production de dattes dans les palmiers, qui reste le secteur le plus important en termes de superficie, de volume de production et de revenus, à la suite de décennies de politiques agricoles soutenant la monoculture de palmiers dattiers. Ces politiques ont cependant conduit à l’épuisement des ressources hydrauliques et à la perte progressive du savoir-faire des Oasien-ne-s, qui ont adopté une agriculture intégrée pour s’adapter aux conditions climatiques difficiles.

Une agriculture intégrée est typiquement menée avec la superposition de trois étages : au plus haut des palmiers dattiers, au niveau intermédiaire des arbres fruitiers (oranger, bananier, grenadier, pommier, etc.) et à l’ombre, à l’étage le plus bas les plantes (maraîchage, fourrage, céréales) [6]. La culture en trois étages crée un microclimat oasien qui réduit l’évaporation, permet la mise en culture de plusieurs espèces en valorisant l’eau et le sol et abrite et préserve une grande diversité animale [7]. Par conséquent, la dépendance d’un seul type d’agriculture, associée à des températures élevées et à la pénurie d’eau, a commencé à fragiliser l’écosystème oasien et à constituer une menace sérieuse pour ses habitant-e-s et leurs moyens de subsistance.

Cette situation fragile a toutefois poussé la population de Tozeur à s’engager dans le tourisme, secteur qui présente de grands potentiels

Les savoirs traditionnels et les pratiques économiques des femmes oasiennes

Comme la plupart des femmes oasiennes en Afrique du Nord, les femmes à Tozeur jouent un rôle important dans la gestion et la conservation de la biodiversité. Elles possèdent un savoir et un savoir-faire acquis depuis des siècles dans la conservation, la transformation et la valorisation des produits du palmier dattier, des autres fruits et des sous-produits de la palmeraie et de ses espèces environnantes [8].

Leur mode de vie, leurs positions, leurs rôles, leurs coutumes, leurs comportements et même leurs activités économiques sont très variés et régis par la nature de leur région. Par exemple, dans les régions montagneuses de Tamagheza, Chbika et Mides où le mode de vie est semi-rural, les femmes participent aux travaux du champ de l’étage bas (l’irrigation, le binage, le désherbage, etc…) et contribuent ainsi à maintenir la qualité du sol. Elles sont également responsables de l’hygiène des troupeaux et des bergeries.
Les femmes de la région de Hezoua sont semi-nomades, elles partent avec leurs maris éleveurs à la recherche de pâturages désertiques.

Dans les zones urbaines telles que Tozeur et Nafta, la division entre agriculture et vie domestique est très claire. Les femmes de ces régions ne travaillent pas habituellement dans les champs, où les tâches sont considérées comme difficiles pour les femmes, mais elles contribuent à tri, remplissage et packaging des dattes, d’une part, conservation et transformation en produits de terroir (par ex. sirop de dattes, pâte de dattes, vinaigre de dattes, etc.) et d’artisanat (vannerie à partir des roseaux), Elles contribuent aussi
massivement à l’artisanat et aux produits laitiers artisanaux. Les femmes se profitent également d’autres produits oasiens tels que les légumes, les plantes aromatiques et médicinales. Par ailleurs elles tissent des vêtements et des tapis à partir des peaux de chameaux et des restes de tissus.

Sous-représentation des femmes oasiennes dans la sphère publique

Malgré la contribution importante des femmes à l’économie locale et à la préservation de la biodiversité des oasis et à leur participation remarquable aux premières élections municipales suivant la révolution de 2018
(sur 36 listes électorales, 11 étaient dirigées par des femmes à Tozeur), leur présence dans la gouvernance locale et la scène politique reste faible. Après les élections municipales de 2018, les femmes de Tozeur n’ont remporté que des sièges en tant que vice-présidentes. Il en va de même pour la société civile: 70% des membres des organisations ciblées par l’enquête sur laquelle cet article est partiellement basé étaient des femmes, alors que ce chiffre s’inverse au niveau des postes de décision (seulement 30% des femmes actives dans les associations sont dans les comités de direction).

Dans l’enquête, 3/4 des personnes interrogées ont déclaré que le niveau d’intégration du genre dans les projets de développement à Tozeur était insuffisant et que les programmes spécifiques dans la région ne
prenaient pas en compte les besoins et les attentes des femmes oasiennes. Par exemple, seuls 3 des 40 projets de développement programmés pour les régions de Chebika, Tamagheza et Mides dans le cadre du projet de gestion durable des écosystèmes oasis (SMOE), financé par la Banque mondiale, sont consacrés aux femmes. De même, les femmes ne représentent que 3% des membres des GDA nommés par l’État pour gérer les ressources naturelles locales, y compris l’eau, les forêts et les pâturages.

Initiatives existantes et efforts prometteurs pour autonomiser les femmes oasis 

La révolution des jasmins a ouvert la voie à une participation accrue des femmes à tous les niveaux. À Tozeur, plusieurs initiatives ont été menées par ou pour les femmes et divers programmes et projets ont été lancés pour améliorer la vie des femmes et renforcer leur leadership. En 2017, la Commission régionale de développement agricole (CRDA) a créé un GDA pour femmes à Tozeur dans le cadre d’un projet mené depuis 2013 avec le soutien du ministère allemand de la Coopération
économique et du Développement (BMZ) et de l’agence allemande de coopération internationale (GIZ), pour promouvoir la participation des femmes au développement rural durable [9].

Les organisations de la société civile jouent également un rôle important dans l’autonomisation des femmes et le renforcement de leur entrepreneuriat. Le centre WES de Tozeur [10] est un bon exemple car les réalisations de certaines de ses bénéficiaires ont été reconnues aux niveaux local et national. Tel est e cas de Fathia Arfaoui, une femme au foyer de Bouhlel, qui a remporté plusieurs prix pour la qualité de ses produits dérivés de la datte, après avoir suivi l’un des programmes de formation du Centre WES.

Un autre bon exemple est l’entreprise sociale Shanti, qui a lancé le projet El Mensej comme solution pour lutter contre la pollution de l’environnement causée par les déchets de tissu, ainsi que pour perpétuer un savoir et une tradition en péril [11].

« Investir dans des initiatives permettant aux femmes de récupérer le patrimoine agricole contribuerait à l’autonomisation économique des femmes oasiennes » © La Ruche de la citoyenneté active de Tozeur

En 2018 et à la suite du diagnostic de terrain sur lequel repose cet article, l’association La Ruche de la citoyenneté active à Tozeur a mené plusieurs activités visant à renforcer la résilience des femmes oasiennes face au changement climatique et à améliorer les revenus des artisanes à travers la promotion du savoir faire local et des produits qu’y dont liés (gastronomie, artisanat …). Ces activités comprenaient aussi une formation sur les questions de genre et le changement climatique à l’intention des élu-e-s locaux et des membres de la société civile de Tozeur, la production et la diffusion de vidéos et d’émissions radiophoniques sur les plats traditionnels en relation avec la biodiversité des oasis, et la distribution d’un catalogue pour faciliter la commercialisation des produits locaux élaborés par les femmes de la région de Tozeur [12].

Conclusion 

Les femmes de Tozeur ont une relation étroite avec l’oasis. Par conséquent, tout déséquilibre affectant l’écosystème de l’oasis aura évidemment un impact sur leur vie, ce qui signifie qu’elles doivent être
impliquées dans toutes les décisions liées au développement local.

Investir dans des initiatives permettant aux femmes de récupérer et de faire revivre les connaissances ancestrales et le patrimoine agricole et culturel contribuerait à l’autonomisation économique des femmes à Tozeur et à la préservation de l’environnement. Un programme d’amélioration de la qualité des produits, de l’emballage et du marketing augmentera les revenus des ventes de ces femmes et les aidera à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

La recherche scientifique dans le domaine de l’adaptation et de la résilience au changement climatique dans les régions oasiennes doit être développée et explorée davantage. Il est également nécessaire de renforcer les capacités des acteurs civils et institutionnels locaux en matière de planification et d’exécution de projets et programmes tenant compte des questions de genre. Une action urgente visant à protéger et à réintroduire des variétés locales résistantes au changement climatique est également nécessaire.

Références

[1] ORGANISATION METEOROLOGIQUE MONDIALE (OMM), Le climat mondial en 2015-2019, 2019
https://library.wmo.int/index.php?lvl=notice_display&id=21522

[2] ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE, Désastres naturels et vulnérabilité, 1982.[3] PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT, Genre et changement climatique – Vue d’ensemble des liens entre la problématique hommes-femmes et le changement climatique, 2017

[4] Ibid

[5] LA RUCHE DE LA CITOYENNETE ACTIVE DE TOZEUR, Diagnostic de terrain : Changement climatique et
autonomisation économique des femmes oasiennes de Tozeur, 2018 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8362/diagnostic-terrain-changementclimatique-autonomisation-economique-femmes-oasiennes-tozeur

[6] ASSOCIATION QUEBECOISE DES ORGANISMES DE COOPERATION INTERNATIONALE (AQOCI), Communauté de pratique « Genre en pratique » – L’accompagnement des partenaires à l’intégration du genre : L’autonomisation économique des femmes, 2013

[7] Les oasis de Tozeur et Chenini Gabès : diversité et durabilité des formes de valorisation à l’ère de la mondialisation et des crises du développement – Article paru in Marshall A., Lavie E., Chaléard J-L., Fort M., Lombard J. (dir.), 2014, Actes du colloque international : Les oasis dans la mondialisation : ruptures et continuités, Paris, 16 et 17 Décembre 2013, 105-112
http://www.umifre.fr/c/1864

[8] LA RUCHE DE LA CITOYENNETE ACTIVE DE TOZEUR, Diagnostic de terrain : Changement climatique et autonomisation économique des femmes oasiennes de Tozeur, 2018
https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8362/diagnostic-terrain-changementclimatique- autonomisation-economique-femmes-oasiennes-tozeur

[9] Profile Genre de la Tunisie, préparé dans le cadre de la coopération de l’Union européenne avec le Gouvernement de la République tunisienne , 2014
https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/rapport_national_genre_tunisie_2014_complet_fr.pdf

[10] Centre WES Tozeur https://www.facebook.com/Centre-WES-Tozeur-1543117069264012/

[11] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Autonomiser les artisanes de Nefta à travers le recyclage de tissus, 2018
https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/sharedpractices/view/8278/autonomiser-artisanes-nefta-atravers-recyclage-tissus

[12] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Changement climatique et autonomisation économique des femmes à Tozeur, 2018

https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/news/view/8281/climate-change-and-womens-economic-empowerment-in-tozeur

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/feed/ 0
La prostitution et la traite des femmes au Liban https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-prostitution-et-la-traite-des-femmes-au-liban/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-prostitution-et-la-traite-des-femmes-au-liban/#respond Tue, 13 Aug 2019 15:57:25 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=23894

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 13 août 2019

Introduction

À l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, le 30 juillet, nous proposons d’aborder dans cet article le sujet de la traite des femmes aux fins d’exploitation sexuelle au Liban, où la combinaison d’une situation économique déjà délicate, d’un afflux important de réfugié-e-s et d’une scène politique et sociale extrêmement complexe et détériorée, semble encourager l’impunité pour ce type d’exploitation.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la traite à des fins d’exploitation sexuelle reste la forme la plus détectée et les trafiquants ciblent principalement les femmes et les filles: 71 % des victimes dans le monde sont des femmes; principalement des femmes adultes, mais aussi de plus en plus de filles. Près des trois quarts des victimes de la traite identifiées pour l’exploitation sexuelle sont des femmes et 35% des victimes de la traite aux fins de travail forcé sont également des femmes [1]. Plusieurs rapports suggèrent que le Liban est un pays de transit et de destination pour un grand nombre de travailleurs et travailleuses domestiques migrant-e-s, dont un nombre considérable sont victimes de la traite et souffrent des situations d’exploitation du travail. Il s’agit également d’un pays de transit et destination pour des femmes, libanaises et étrangères, exploitées dans le secteur du sexe [2].

Cet article s’appuie principalement sur un diagnostic produit par la Lebanese League for Women’s Rights (Ligue des droits de la femme libanaise – ci-après LLWR) qui a analysé la prostitution dans la banlieue-est de Beyrouth, et plus particulièrement à Sin-El-Fil, une localité très peuplée et habitée par des Libanais-e-s appartenant, majoritairement, à des familles de déplacé-e-s libanais-e-s et des réfugié-e-s syrien-ne-s et irakien-ne-s. Les habitant-e-s de la banlieue-est de Beyrouth, populaire et riche en même temps, font face à des difficultés telles que le chômage, le cout élevé du niveau de vie, et l’absence de services étatiques.

Pour réaliser ce diagnostic, la LLWR a réalisé plus de 15 rencontres avec des acteurs qui travaillent sur la traite des femmes: organismes libanais, associations locales et journalistes. En tant que chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes au Liban, la LLWR a travaillé en collaboration avec l’association Egalité Wardah Boutros pour les droits des femmes (AWB) et d’autres partenaires, aussi bien qu’avec la Fondation des Femmes de l’Euro- Méditerranée (FFEM) et l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed).

En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser les réalités des femmes au niveau local et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative.

En 2017, plus de 15 rencontres ont été menées pour mobiliser les parties qui travaillent au Liban dans le domaine de la traite des êtres humains et de la prostitution. ©IEMed_LLWR

Toutes les informations liées aux résultats des pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro- méditerranéenne.

La situation actuelle : freins et leviers de changement

Le Liban présente une situation socio-économique assez précaire caractérisé par une pauvreté généralisée, du chômage, de divisions confessionnelles, d’amples déséquilibres entre régions rurales et urbaines, ainsi que de profondes disparités sociales entre les étendus de bidonvilles et le peu de gratte-ciels dans des localités comme Sin-El-Fil dans la banlieue-est de Beyrouth. Dans un pays où habitent plus d’un million de réfugié-e-s, soit près d’un sixième de sa population, 25% de la société libanaise vit sous le seuil de la pauvreté. Tenant compte que le gouvernement libanais ne chiffre pas beaucoup de réfugié-e-s dans les statistiques officielles, les effets de la pauvreté pourraient être plus étendues que celles le suggèrent. En outre, la guerre civile et les agressions israéliennes ont beaucoup affectées la vie du peuple libanais.

Au-delà de cela, l’arrivée de déplacé-e-s palestinien-ne-s, irakien-ne-s et syrien-ne-s comme conséquence des conflits dans la région a désormais aggravé les difficultés que la société libanaise affronte. Les pressions et les fardeaux supportés par le Liban tout en répondant aux besoins des réfugié-e-s et de la communauté d’accueil et dont les ressources sont épuisées le rendent souvent incapable de respecter ses obligations envers les réfugié-e-s, ce qui entraîne la marginalisation de nombreux groupes. Dans tel contexte de pauvreté où le tissu social est fragmenté, la traite de personnes s’accentue. Cela affecte notamment des filles et des femmes de diverses nationalités ayant fui leur pays pour des raisons sociopolitiques variées telles que les guerres, la misère ou les changements politiques. Beaucoup de ces femmes et filles ne disposent pas de la documentation adéquate, ce qui limite leur liberté de mouvement et leur accès aux services de base et les expose à un risque accru de harcèlement et d’exploitation [3].

Au Liban, la traite est un fléau de longue date, la prostitution est bien ancrée dans la société et très rarement remise en question. Bien que la prostitution soit interdite au Liban (loi nº164 sur la pénalisation des crimes relevant de la traite des personnes), le phénomène est très visible, il représente même une rentable attraction touristique connue dans la région. Du point de vue légal, les femmes qui pratiquent la prostitution peuvent être criminalisées et pénalisées, contrairement aux clients qui sont exemptés de toute responsabilité, alors même qu’ils sont la raison d’être du marché de la prostitution. Par conséquent, la prostitution ne se définît pas comme une relation contractuelle entre deux parties aux droits égaux, mais comme l’achat de services sexuels qui déshumanise les femmes, les transformant en biens consommables [4].

La prostitution est notamment taboue au Liban où la société, solidement traditionnelle, refuse d’en parler ouvertement. La loi du silence, ayant pour base les coutumes et les traditions nationales, a plusieurs effets : d’une part, un manque flagrant de données et d’informations officielles sur les conditions de travail et de vie des femmes prostituées. Et d’autre part, elle a un effet dissuasif, qui se traduit par une réduction au minimum du nombre d’entités travaillant sur ce sujet. Tout cela contribue à une impunité quasi-totale des coupables [5].

Les statistiques fournies par les organismes publiques offrent cependant une vision biaisée de la réalité avec des chiffres considérablement réduits, qui ne sont pas représentatifs de l’ampleur du problème. Parallèlement, le phénomène des prétendus « mariages » contractés avec des adolescentes de moins de 15 ans augment. Quelques mois après l’union, les jeunes filles sont forcées à se prostituer [6].

Malgré le fait que depuis 2011 la traite des personnes est considérée comme un crime, ni le gouvernement ni le parlement n’ont pris de mesures efficaces pour assurer une législation pertinente. En outre, le Ministère de l’éducation ne prévoit pas dans le cadre de ces programmes le sujet de la traite des personnes ou de la pédophilie. Quant aux municipalités, elles n’ont pas mis en place de structures permettant de lutter contre le problème sous prétexte de manque de compétences sur le sujet [7].

Tenant compte de l’acceptation de la prostitution et de la traite des êtres humains par la société libanaise et son inaction face aux problèmes, ainsi qu’au quasi absence des institutions publiques désignées pour les combattre, les associations qui concentrent leurs efforts sur les racines de la traite et la prostitution sont très peu nombreuses.

Le fait que les racines de la traite et de la prostitution ne soient pas abordées par les ONG a une répercussion sur les médias, qui marginalisent eux aussi les nouvelles sur le sujet. Pourtant, les médias pourraient informer le grand public et jouer un rôle déterminant pour les victimes en relatant l’ampleur du problème et ses terribles conséquences.

Les réseaux sociaux sont utilisés comme plateformes pour fournir un large choix aux «consommateurs» et les visas professionnels rendent plus faciles le droit d’entrer sur le sol Libanais. Ces facteurs favorisent la traite et l’exploitation des filles et des femmes [8].

Conclusion : mécanismes de lutte contre la traite et la prostitution

Au vu de la faible sensibilisation sur la traite et la prostitution au Liban il est essentiel de mettre en place une action commune entre ministères, organismes officiels responsables, municipalités et les ONG. Cette action devra tout d’abord reposer sur l’application de la loi 164, et très particulièrement sur la partie concernant les sanctions applicables à l’encontre des contrevenants.

Afin d’améliorer la situation tous les acteurs impliqués dans le diagnostic mené par l’association LLWR, ont proposé plusieurs pistes d’action pour le futur, à savoir :

-Sensibiliser les administrations publiques au problème de la traite en les responsabilisant sur leur rôle dans l’application des lois existantes et dans la prise de mesures efficaces ;

  • Aborder la traite, la pédophile et la prostitution dans les manuels scolaires libanais ;
  • Concevoir des campagnes de sensibilisation dans les médias avec la participation de spécialistes, pour assurer la compréhension du sujet et transmettre des mesures de prévention ;
  • Informer la population pour qu’elle acquière une plus juste connaissance de l’ampleur du problème et de ses conséquences sur la société libanaises et le droit de femmes ;
  • Favoriser la mobilisation et l’implication des ONG sur le phénomène de la traite facilitant l’accès aux financements ;
  • Lutter contre la situation précaire des personnes subissant la traite pour leur trouver une alternative à la prostitution.

ll reste à noter que malgré le manque d’acteurs dans la lutte contre la traite des femmes et la prostitution, qui est l’une des formes de traite les plus courantes, certains travaillent dur pour changer cette réalité, comme l’Ordre des Avocats de Beyrouth, qui a lancé un guide sur la lutte contre la traite des êtres humains [9].

Références

[1] Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Global report on trafficking in persons 2016, p. 7. https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/8505/global- report-on-trafficking-in-persons-2018

[2] United Nations, Report of the Special Rapporteur on trafficking in persons, especially women and children, Mission to Lebanon, 2016 p. 4, UN, https://www.refworld.org/type,MISSION,UNCHR,,441182190,0.html

[3] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR) Dignostic de terrain : La prostitution et la traite des femmes dans la banlieue-est de Beyrouth, FFEM              and               IEMed,              2018,                          p. 14. https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7894/diagnostic-terrain-la- prostitution-traite-femmes-dans-banlieueest-beyrout

[4] GHADA JABBOUR, Exploring the demand for prostitution: What Male Buyers Say About Their Motives, Practices, and          Perceptions,          Kafa,          2014         p. 10 https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/8121/exploring-demand-for- prostitution-what-male-buyers-say-about-their-motives-practices-and-perception 

[5] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., 14.

[6] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR) Op. cit., p.11

[7] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., p.14

[8] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., p.15

[9] ORDRE DES AVOCATS DE BEYROUTH, Guide pratique sur la lutte contre le trafic des êtres humains, 2014 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7993/guide-pratique-sur-lutte- contre-trafic-etres-humains

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-prostitution-et-la-traite-des-femmes-au-liban/feed/ 0
Les mutilations génitales féminines au Burkina Faso https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-mutilations-genitales-feminines-au-burkina-faso/ Tue, 06 Feb 2018 15:59:10 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=10608 Chaque année, le 6 février marque la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF). En 2018, il est estimé que 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi une forme de MGF. Si cette tendance perdure, ce chiffre augmentera de 3 millions par an.[1] Il est donc crucial de s’interroger sur les causes profondes de la pratique des MGF. Le rapport pays SIGI (Social Institutions and Gender Index) au Burkina Faso publié en janvier par le Centre de développement de l’OCDE met en lumière comment certaines normes sociales discriminatoires empêchent le progrès vers le respect de l’intégrité physique des femmes et des filles.[2]

Malgré son interdiction, l’excision reste largement répandue au Burkina Faso. De larges disparités régionales existent : deux tiers des femmes ont été victimes de MGF au Burkina Faso (63 %), plus des trois quarts dans les régions du Centre-Est (75 %), du Nord (76 %), du Plateau Central (77 %) et du Sahel (83 %). La pratique semble moins commune dans les régions du Centre-Ouest (25 %) et du Centre (36 %). De même, l’excision est plus fréquente dans les milieux ruraux (68 %) que dans les milieux urbains (48 %), et parmi les femmes qui ne sont jamais allées à l’école (70 %) que celles qui ont fréquenté l’université (28 %). Aucune couche sociale n’est épargnée : le niveau de revenu du ménage n’est pas corrélé avec la prévalence de la pratique. Elle semble en revanche diminuer avec le temps. Une part de 81 % des femmes de plus de 40 ans en a été victime, contre 57 % des femmes de 18 à 29 ans.

Les rituels liés à l’excision varient d’une province à une autre. Si l’âge moyen des victimes est de 6 ans et demi au Burkina Faso, une fille est généralement excisée avant ses 5 ans dans les provinces de Bam, Gnagna, Mouhoun, Soum, Ioba, Kompienga, Tuy et Ziro ; après 8 ans dans les provinces de Bazega, Houet, Nahouri, Oubritenga, Sanguie, Zoundweogo, Kourweogo et Zondoma. L’âge moyen de l’ablation génitale est de 11 ans chez les filles habitant le Boulkiemde, 12 ans dans le Sissili, 13 ans dans le Sourou et 15 ans dans le Nayala. La pratique est effectuée à plus de 80 % par des exciseuses, confirmant la professionnalisation et l’acceptation sociale de cette violence.

L’excision persiste en raison des croyances et normes sociales la justifiant et du concept de « femme bonne à marier ». En effet, à niveaux égaux d’urbanisation, d’éducation ou de revenu, les provinces ayant des taux d’acceptation plus élevés ont aussi des taux de prévalence plus élevés. La pratique est effectuée à plus de 80 % par des exciseuses, confirmant sa professionnalisation et son acceptation sociale. Si la majorité (82 %) de la population pense que cette pratique violente et néfaste pour la santé de la femme et son plaisir devrait être abandonnée, et notamment les femmes (84 %), un Burkinabè sur cinq (18 %) pense néanmoins qu’elle devrait être conservée. Ceci est notamment lié à la croyance que l’excision est exigée par la religion. Un habitant de la région des Cascades sur deux partage cette opinion, deux sur cinq dans les régions du Centre-Est (45 %) et du Nord (41 %).

En outre, la persistance de la pratique est liée à son rapport avec le mariage. Pour la moitié des hommes, il est préférable de se marier avec une femme excisée ; pour les trois quarts dans les régions du Haut-Bassins, du Sahel et de la Boucle du Mouhoun. Les hommes de l’Est et du Centre-Ouest semblent faire exception : pour les trois quarts d’entre eux il vaut mieux se marier avec une femme non excisée.

[1] Site Internet des Nations Unies, « Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, 6 février », http://www.un.org/fr/events/femalegenitalmutilationday/

[2] OCDE (2018), Étude Pays SIGI Burkina Faso. Les données sont disponibles ici.

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Genre dans les médias – Mars 2017 https://www.wikigender.org/fr/wiki/revue-des-medias-mars-2017/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/revue-des-medias-mars-2017/#respond Mon, 06 Mar 2017 16:28:02 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=10046 La revue des médias présente chaque semaine une sélection d’articles issues de différents médias sur la thématique « genre et développement ». La liste des articles est mise à jour régulièrement tout au long du mois en cours.

Mars 2017

1-10 Mars

11-17 Mars

 

18-24 Mars

25- 31 Mars

Podcast

Infographie

Journée internationale de la femme: Résistantes à 20 ans

Agées d’une vingtaine d’années, parfois beaucoup moins, pour elles, enfance et adolescence ne riment pas avec insouciance. Ces jeunes résistantes défendent, ou ont défendu une cause avec une force de caractère et une détermination étonnantes, s’engageant aussi bien pour la liberté de leur pays, pour le droit des filles à l’éducation, ou pour les droits de la femme.

Portraits de dix jeunes femmes exceptionnelles qui se sont engagées dans des luttes, souvent au péril de leur vie.

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Voir également

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L’éducation des filles en Afrique https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/#respond Mon, 30 May 2016 07:30:30 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=7554

Quelques chiffres

Depuis 2000, la hausse significative de la scolarisation au primaire a profité dans une large mesure aux filles dans de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne. En 1970, le taux brut de scolarisation au primaire des filles dans cette région était de 44,43%, il atteint 97% en 2013. [1] Selon le dernier Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT), en 2015, 17 pays d’Afrique subsaharienne sur 117 pays dans le monde ont atteint la parité au primaire. Cependant, les progrès enregistrés dans l’élimination des disparités entre les sexes ont été beaucoup moins marqués dans l’enseignement secondaire et supérieur. En Afrique subsaharienne, le nombre moyen de filles scolarisées au secondaire par rapport au nombre de garçons n’a que faiblement progressé depuis 1999, pour s’établir en 2012 à 84 filles pour 100 garçons. [2]

Globalement, le pourcentage d’enfants n’ayant jamais été scolarisés a diminué dans la plupart des pays d’Afrique. Cependant, ce sont toujours les filles les plus pauvres qui ont le moins de chances d’être scolarisées. Au Niger et en Guinée, près de 70 % des filles issues des ménages les plus pauvres ne sont jamais allées à l’école – pourcentage beaucoup plus élevé que chez les garçons – contre moins de 20 % des garçons issus des ménages les plus riches. [2]

La scolarisation des filles dans les OMD, ODD et EPT

Depuis la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, l’éducation constitue un droit fondamental, inscrit dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), puis dans les Objectifs de développement durable (ODD) :

  • La Conférence mondiale sur l’éducation pour tous qui s’est tenue à Jomtiem (Thaïlande) en 1990 a marqué un tournant dans le dialogue international sur le rôle de l’éducation dans les politiques de développement en réaffirmant ce droit. [3]
  • En 2000, l’objectif 5 de l’initiative « l’Education Pour Tous (EPT) » est centré sur « l’élimination des disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2005 et l’instauration de l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite ». [4]
  • En 2000, deux des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont centrés sur l’amélioration de la scolarisation des filles : l’objectif 2 « Assurer l’éducation primaire pour tous » et l’objectif 3 « Promouvoir l’’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». [5]
  • Les Objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2015 réaffirment à nouveau le droit à l’éducation pour tous, notamment des filles. Plusieurs cibles de l’objectif 4 mentionnent cette thématique : la cible 2 « D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire» et la cible 4.3 « D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable ». [6]

En 2015, malgré des progrès indéniables en termes d’accès à l’éducation, la parité filles-garçons n’est toujours pas atteinte en Afrique. [6]

Causes de la non scolarisation des filles

Globalement, les obstacles à la scolarisation des filles sont multiples :

  • Les normes sociales : Les filles sont le plus souvent discriminées du fait du rôle que les sociétés leur assignent. Dans de nombreuses communautés, les normes sociales imposent une division genrée du travail conférant à la fille un statut de future mère de famille, que l’on croit incompatible avec l’école. Les femmes sont le plus souvent en charge des tâches domestiques, de l’éducation des enfants, l’entretien du foyer ou encore la gestion de la nourriture. Avec le mariage, la fille est appelée à quitter sa famille pour une autre, ce qui veut dire qu’investir sur elle est souvent considéré comme une perte, contrairement aux garçons pour qui l’accès à l’éducation est synonyme d’investissement économique. [7]
  • Les grossesses et mariages précoces : Des études montrent que les grossesses et mariages précoces  ont des conséquences négatives sur la scolarisation des filles. Très souvent, cet état entraine un arrêt volontaire ou forcé de la scolarisation de la fille. [8] Ces phénomènes sont particulièrement présents dans les pays à faible revenus où il existe très peu de dispositifs spécifiques d’accompagnement des grossesses à l’école et où l’éducation sexuelle fait défaut. [9]
  • Les violences à l’école : Les violences de genre en milieu scolaire sont très répandues et constituent un autre facteur très important de la déscolarisation des filles en Afrique. Ces violences subies à l’école, sur le chemin ou aux abords de l’école, mettent en jeu des dimensions multiples: économique (cas du sexe transactionnel entre élèves et enseignant.e.s), socioculturelle (tabou sur la sexualité, absence d’éducation à la sexualité, relations de genre inégalitaires) et sanitaire (peu ou pas de sanitaires adaptés). [10] En 2009, une étude de l’UNICEF en République Démocratique du Congo estime que 46 % des élèves féminines interrogées confirment être victimes de harcèlement, d’abus et de violences sexuels de la part de leurs enseignants ou d’autres membres du personnel de l’école. [11]

Les effets positifs de l’éducation des filles

De nombreuses études ont démontré l’impact positif de l’éducation des filles sur la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et sur la promotion de l’égalité entre les sexes. [12] L’éducation est un facteur clé permettant aux femmes d’exercer des activités rémunératrices, de participer aux revenus du ménage et d’acquérir une autonomie économique et sociale. [7] Ainsi, il est aujourd’hui démontré qu’une fille instruite se mariera plus tard, aura moins d’enfants, se nourrira mieux, aura un emploi mieux rémunéré et participera davantage à la prise de décisions dans le domaine familial, social, économique et politique. La scolarisation des filles a également un effet multiplicateur : ses enfants, à leur tour, auront de meilleures chances d’aller à l’école et d’y rester dans de meilleures conditions. [7]

Quelques exemples chiffrés

Selon l’UNICEF, en 2013 au Burkina Faso, parmi les filles âgées de plus de 15 ans, la probabilité d’avoir eu recours au suivi prénatal est de l’ordre de 30% pour celles n’ayant jamais été à l’école contre 45% pour celles ayant complété le cycle secondaire. Au Mali, la probabilité de déclarer une naissance à l’état civil est de 65% pour les mères sans instruction, de 88% pour celles ayant fait l’enseignement primaire et de 98% pour celles ayant achevé le second cycle du secondaire. [13]

Politiques et stratégies pour l’éducation des filles

De nombreux pays se sont dotés de plans gouvernementaux soutenus par des organisations internationales et non gouvernementales (UNICEF, UNESCO, FAWE, Plan International etc.) destinés à améliorer la scolarisation des filles.

Parmi les stratégies les plus pertinentes, nous pouvons citer :

  • Les programmes d’alimentation scolaire ont donné des résultats positifs dans le renforcement de la scolarisation et de la rétention des garçons et des filles à l’école. [13] D’après un examen du programme « Des vivres pour l’éducation » dans 32 pays d’Afrique subsaharienne, la fourniture de repas au sein de l’école a entraîné un accroissement de la scolarisation des filles et des garçons de respectivement 28 % et 22 % au cours de la première année du programme. [2]
  • La réussite scolaire des filles est liée à la présence d’enseignantes qui peuvent jouer un rôle de modèles auprès des filles. Les enseignantes peuvent également faire en sorte que les classes apparaissent comme des lieux plus sûrs et plus accueillants pour les filles et les jeunes femmes, les encourageant ainsi à poursuivre leur éducation. [14]
  • La réduction de la distance pour se rendre à l’école permet d’augmenter le taux de fréquentation de celle-ci. La construction d’écoles de proximité et d’internats pour filles est une solution efficace pour améliorer la scolarisation des filles. [14]
  • L’amélioration des conditions d’études (construction de latrines, électrification des classes, manuels pédagogiques non sexistes et adaptés)  et la formation des enseignants (approches pédagogiques sensibles au genre) sont aussi des facteurs pertinents. [15]

Ces mesures sont spécifiques à un contexte particulier et n’ont pas le même impact dans tous les pays.

Références

  1. UNESCO, Base de données de l’Institut de statistique de l’UNESCO, (consulté le 14/01/16), http://data.uis.unesco.org/?lang=fr#
  2. Rapport mondial de suivi de l’EPT, Education Pour Tous : 2005-2015 Progrès et enjeux, UNESCO, 2015 : http://unesdoc.unesco.org/images/0023/002324/232433f.pdf
  3. Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous, UNESCO, 1990, http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Conf_mondiale_education_pour_tous_Jo_m_t_i_e_n_Th_a_i_l_a_n_d_e_1990.pdf
  4. Rapport final, Forum mondial sur l’éducation, Dakar, Sénégal, avril 2000, http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001211/121117f.pdf
  5. Rapport 2015 – Objectifs du Millénaire pour le Développement, ONU, 2015 : http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2015/pdf/rapport_2015.pdf
  6. Site Internet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/education/
  7. Devers Marie, Rapport sur les bonnes pratiques en matière d’éducation des filles et des femmes en Afrique de l’Ouest, UNICEF, UNGEI, 2014, http://www.ungei.org/resources/files/Rapport_final_30_septembre_2014%282%29.pdf
  8. OCDE, “Why discriminatory social institutions affecting adolescent girls matter”, 2013, (en anglais) http://www.wikigender.org/images//0/08/Adolescent_girls_policy_brief_FINAL.pdf
  9. UNFPA, GEEP, « Sénégal : Etude sur les grossesses précoces en milieu scolaire », 2015, http://countryoffice.unfpa.org/senegal/drive/ETUDESURGROSSESSESENMILIEUSCOLAIREAUSENEGALjuin2015.pdf
  10. Ministère des Affaires étrangères et européenne et Genre en Action, « Les violences de genre en milieu scolaire en Afrique subsaharienne francophone », 2012, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Rapport_violences_en_milieu_scolaire__cle0bafe2.pdf
  11. Papinutto M., « La violence à l’école », 2009, UNICEF, République démocratique du Congo
  12. Eileen Kane, La Banque Mondiale, Girl’s Education in Africa, What do we know about strategies that work, 2004, (en anglais), http://www.ungei.org/resources/files/girls_ed_Africa04_AFRHD.pdf
  13. UNICEF, UNGEI, Ministère français des Affaires étrangères, « Atelier régional sur la lutte contre les violences de genre en milieu scolaire en Afrique de l’Ouest », novembre 2013, http://hivhealthclearinghouse.unesco.org/sites/default/files/resources/rapport_final_atelier_vgms_2013.pdf
  14. UNESCO, “World atlas of gender equality in education”, 2012, http://www.uis.unesco.org/Education/Documents/unesco-gender-education-atlas-2012-fr.pdf
  15. Parce que je suis une fille, Rapport 2012, Progrès et obstacles à l’Education des filles en Afrique, PLAN INTERNATIONAL, 2012, https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&ved=0CC0QFjACahUKEwio64C__93IAhVB1hoKHRPxBhs&url=https%3A%2F%2Fplan-international.org%2Ffile%2F986%2Fdownload%3Ftoken%3DhnCClzE7&usg=AFQjCNESP99vLtpH8yksMNL3kwmLrTfklw&sig2=eJ9vtlDAnKJM1lKGm2wndw&bvm=bv.105841590,d.d2s&cad=rja

Liens externes

Jeanine Eldred, « Alphabétisation et autonomisation des femmes : histoires réussies et inspirantes », Institut pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL), UNESCO, 2014, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/02/alphabetisation-et-autonomisation-des-femmes1.pdf

Unesco, Infographie « Laissées pour compte. L’éducation des filles en Afrique », (consulté le 14/01/16), http://www.uis.unesco.org/_LAYOUTS/UNESCO/no-girl-left-behind/index-fr.html#cover-intro-0

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/feed/ 0
La santé sexuelle et reproductive https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-sante-sexuelle-et-reproductive/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-sante-sexuelle-et-reproductive/#respond Sun, 20 Mar 2016 20:52:06 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=6757

Définition

© Joseph Sohm/Shutterstock.com

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En 1946, l’OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». [1] La santé sexuelle et reproductive recouvre un ensemble de thèmes liés à la sexualité des femmes et des hommes tels que le suivi gynécologique, la planification familiale, la contraception, l’avortement, les grossesses précoces, les infections sexuellement transmissibles, le VIH, la mortalité maternelle, les mutilations génitales féminines, les violences sexuelles etc. [2]

En 1994, la Conférence Internationale sur la population et le développement du Caire définit le concept de santé sexuelle et reproductive comme « le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement ; […] une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, […] capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu’elle le désire. Cette […] condition implique qu’hommes et femmes ont le droit d’être informés et d’utiliser la méthode de planification familiale de leur choix, […], méthodes qui doivent être sûres, efficaces, abordables et acceptables, ainsi que le droit d’accéder à des services de santé qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement et donnent aux couples toutes les chances d’avoir un enfant en bonne santé ». [3]

Conférences et textes clés

De nombreux textes internationaux font indirectement référence à la santé sexuelle et reproductive, telles que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979) ou la Convention relative aux droits de l’enfant (1989). [4]

La Conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994 marque un tournant décisif en affirmant le droit à la « santé sexuelle et reproductive ». [2] Deux des quinze principes énoncés lors de la conférence mentionnent ces droits :

  • Principe 4 : « Promouvoir l’égalité entre les sexes et l’équité ainsi qu’assurer la promotion des femmes, l’élimination de toutes les formes de violence à leur encontre et veiller à ce que les femmes aient les moyens de maîtriser leur propre fécondité sont des éléments capitaux des programmes relatifs à la population et au développement. Les droits des femmes et des fillettes font indéniablement, intégralement, indissociablement partie des droits universels de la personne humaine ».
  • Principe 8 : « Les Etats devraient prendre toutes les mesures appropriées pour assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, un accès universel aux services de santé, y compris ceux qui ont trait à la santé en matière de reproduction, qui comprend la planification familiale et la santé en matière de sexualité ». [3]

Ces principes ont été réaffirmés et élargis en 1995 lors de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes à Beijing dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. Ce document couvre 12 domaines critiques dont un sur « Les femmes et la santé » qui confirment l’importance de droits sexuels et reproductifs. [5]

Mention dans les ODD

La santé sexuelle et reproductive est citée dans deux Objectifs de développement durable (ODD):

  • 7 « D’ici à 2030, assurer l’accès de tous à des services de soins de santé sexuelle et procréative, y compris à des fins de planification familiale, d’information et d’éducation, et la prise en compte de la santé procréative dans les stratégies et programmes nationaux » ;
  • 6 : « Assurer l’accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative et faire en sorte que chacun puisse exercer ses droits en matière de procréation, ainsi qu’il a été décidé dans le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et le Programme d’action de Beijing et les documents finals des conférences d’examen qui ont suivi ». [6]

État des lieux et remise en cause des droits sexuels et reproductifs

Lors de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire en 1994, 179 pays se sont engagés à fournir l’accès universel à la santé reproductive en 2015. Selon Médecins du Monde, même si des progrès ont été faits, les droits sexuels et reproductifs des hommes et surtout des femmes sont limités dans de nombreux pays. En 2012, plus de 200 millions de femmes dans le monde ont eu un besoin de planification familiale non satisfait et plus de 20 millions ont eu recours à un avortement à risque. [2] Des cas de violences sexuelles sont régulièrement dénoncés par des organisations nationales ou internationales. Par exemple, selon l’UNFPA, la République Démocratique du Congo a enregistré plus de 18 000 cas de violences sexuelles et basées sur le genre en 2012. [7]

Les droits sexuels et reproductifs font régulièrement l’objet de remise en cause par les États, notamment l’avortement qui fait partie de la santé sexuelle et reproductive :

  • En 2013, le gouvernement espagnol a souhaité modifier sa loi sur l’avortement qui était légal en le rendant interdit sauf en cas de risque vital pour la vie ou la santé de la mère, viol, et malformation du fœtus. La réforme a abouti à une interdiction aux mineures d’avorter sans consentement parental. [8]
  • En 2014, dans 129 pays l’avortement est limité ou interdit et passible d’une peine de prison, comme au Bangladesh, en Irlande, en Égypte ou au Brésil. [9]

Références

  1. Site Internet de l’OMS, « La définition de la santé de l’OMS », (consulté le 14/01/16), http://www.who.int/about/definition/fr/print.html
  2. Médecins du Monde, « Santé sexuelle et reproductive, Cadre de référence », avril 2013, http://issuu.com/medecinsdumonde/docs/guide_sant___sexuelle_et_reproducti/3?e=1803522/6327549
  3. Rapport de la Conférence internationale sur la population et le développement, Le Caire, septembre 1994, https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/icpd_fre.pdf
  4. IPPF, « Droits et Santé en matière de sexualité et de reproduction : droits humains fondamentaux », (document non daté), www.planningfamilial.lu/download.php?id_file=17
  5. Rapport de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes à Beijing en 1995, http://www.un.org/womenwatch/daw/beijing/pdf/Beijing%20full%20report%20F.pdf
  6. Site Internet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/gender-equality/
  7. UNFPA, Ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant, République Démocratique du Congo, « Ampleur des violences sexuelles en RDC et actions de lutte contre le phénomène de 2011 à 2012 », juin 2013, https://www.unfpa.org/sites/default/files/jahia-news/documents/news/2013/Rapport%20DM%20SGBV%202011-2012.pdf
  8. Le Monde, « L’Espagne va limiter les possibilités d’avortement pour les mineures », 10 septembre 2015, (consulté le 14/01/16), http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/10/espagne-feu-vert-definitif-a-la-limitation-de-l-avortement-pour-les-mineures_4750674_3214.html
  9. The World’s Abortion Laws, Carte du monde des lois selon les pays concernant l’avortement, juin 2014, (en anglais), http://www.reproductiverights.org/sites/crr.civicactions.net/files/documents/AbortionMap2014.PDF

Liens externes

Site Internet de l’OMS, « Santé reproductive », (consulté le 14/01/16), http://www.who.int/topics/reproductive_health/fr/

Equilibres & Populations, Médecins du Monde, Planning Familial, « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs : positionnement en vue de la session spéciale des Nations-Unies sur la CIPD+20 », juin 2013, www.medecinsdumonde.org/content/download/14464/171337/file/Positionnement+Promouvoir+la+sant%C3%A9+et+les+droits+sexuels+et+reproductifs+.pdf

OMS, IPPF, ONUSIDA, UNFPA, « Santé sexuelle et de reproduction et VIH, Liens : examens des preuves et recommandations », décembre 2009, http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/70161/1/WHO_HIV_2009_fre.pdf

Save the Children, UNFPA, “Boîte à outils pour la santé sexuelle et reproductive des adolescents en situation de crise humanitaire », septembre 2009, https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/UNFPA_ASRHtoolkit_french.pdf

Site du Centre des droits reproductifs, (consulté le 14/01/16), http://www.reproductiverights.org/fr

Site du Planning familial français, (consulté le 14/01/16), http://www.planning-familial.org/

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-sante-sexuelle-et-reproductive/feed/ 0
La mortalité maternelle https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-mortalite-maternelle/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-mortalite-maternelle/#respond Sun, 20 Mar 2016 20:39:37 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=6753

Définition

D’après la Classification internationale des maladies, la mortalité maternelle désigne « le décès d’une femme survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison, quelle qu’en soit la durée ou la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite ». Le taux de mortalité maternelle (TMM) correspond au nombre de décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. [1]

La mortalité maternelle en quelques chiffres

En 2015, selon l’OMS, environ 830 femmes meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement et près de 300 000 femmes sont décédées pendant leur grossesse, lors de l’accouchement ou dans les jours qui ont suivi. Depuis 1990, à l’échelle mondiale, les décès maternels ont reculé de 44%, cette baisse s’est accentuée à partir de 2000. [2] La majorité des décès maternels sont provoqués par des hémorragies sévères (27%) ou des infections (11%) pendant l’accouchement, par une hypertension artérielle durant la grossesse (14 %) ou des complications lors d’un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions (8%). [3]

De fortes disparités géographiques

Le taux de mortalité maternelle dans les pays en développement est, en 2015, de 239 pour 100 000 naissances, contre 12 pour 100 000 dans les pays développés. [2] 99% des décès maternels se produisent dans des pays en développement, dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne et près d’un tiers en Asie du Sud. [2] Le Nigéria et l’Inde enregistrent plus d’un tiers de tous les décès maternels survenus dans le monde en 2015, comptant respectivement environ 58 000 (19 %) et 45 000 (15 %) décès maternels. [4] Au sein même d’un pays, on note de fortes disparités entre les populations à faible revenu et à revenu élevé et entre les populations rurales et urbaines. [2] Une grande partie des décès maternels pourraient être évités si toutes les femmes bénéficiaient d’un accompagnement médical et de soins d’urgences de qualité. Les obstacles à cette prise en charge sont principalement économiques et sociaux mais aussi culturels, comme le faible pouvoir de décision des femmes au sein de la famille. [3]

Tableau : Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes) par pays en 2015

Taux de mortalité maternelle (pour 100 000 naissances vivantes) par pays en 2015

 

Source : OMS, Résumé d’orientation, « Tendances de la mortalité maternelle : 1990-2015 », 2015, http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/204113/1/WHO_RHR_15.23_fre.pdf

La santé maternelle dans les OMD et ODD

La santé maternelle a fait l’objet du 5ème objectif du Millénaire pour le développement (OMD), les pays se sont alors engagés à réduire de trois quarts la mortalité maternelle entre 1990 et 2015. En 2015, les décès maternels ont reculé de 44% à l’échelle mondiale, ce qui signifie que le 5ème OMD n’a pas été totalement atteint. [2] La santé maternelle est citée dans l’objectif 3.1 des Objectifs de développement durable (ODD) : « D’ici à 2030, faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes ». [5]

Références

  1. Rapport du Comité national d’experts sur la mortalité maternelle, INSERM, 2006, http://www.invs.sante.fr/publications/2010/mortalite_maternelle/rapport_mortalite_maternelle.pdf
  2. OMS, « Mortalité maternelle », Aide-mémoire N°348, novembre 2015, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs348/fr/
  3. INED, Les Mémos de la Démo, Fiche pédagogique « La mortalité maternelle dans le monde », 2014, https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/263/fichier.fiche.peda.mortalite.maternelle.monde.fr.pdf
  4. OMS, Résumé d’orientation, « Tendances de la mortalité maternelle : 1990-2015 », 2015, http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/204113/1/WHO_RHR_15.23_fre.pdf
  5. Site Internet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/health/

Liens externes

Unicef, « Mortalité maternelle », (consulté le 14/01/16), http://www.unicef.org/french/progressforchildren/2007n6/index_41814.htm

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-mortalite-maternelle/feed/ 0