Pouvoir économique – Wikigender https://www.wikigender.org/fr/ L'égalité des sexes Wed, 07 Dec 2022 14:51:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Atelier virtuel sur comment aborder les discriminations liées au genre en Afrique de l’Ouest https://www.wikigender.org/fr/wiki/25997-2/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/25997-2/#respond Thu, 22 Apr 2021 19:05:19 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=25997

 

Des données statistiques à l’action politique: aborder les discriminations liées au genre dans les institutions sociales     

Atelier virtuel en Afrique de l’Ouest  

    

27 avril 2021   

10 h – 13 h (CET)   

Merci de vous inscrire ici 

 

Le Centre de développement de l’OCDE, en partenariat avec le Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), vous invite à un atelier virtuel réunissant les organisations de la société civile travaillant sur l’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest le 27 avril 2021 à 10 h, heure de Paris,pour une discussion politique interactive.    

En s’appuyant sur l’Index « Institutions Sociales et Égalité Femmes-Hommes » de l’OCDE, l’atelier virtuel a pour objectif d’identifier les progrès réalisés, les principaux défis et les opportunités en termes d’autonomisation des femmes et d’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest. Les participants incluront les organisations de la société civile, des organismes de recherche, des think tanks, des experts en genre, des militants et défenseurs de l’égalité femmes-hommes et des fondations, qui partageront leurs perspectives et expertises sur l’égalité femmes-hommes en Afrique de l’Ouest dans trois domaines principaux :    

  1. Les restrictions et privations faites aux femmes en termes de santé et d’autonomie reproductive; 
  2. L’autonomisation économique des femmes et l’accès aux ressources productives et financières;
  3. La voix politique, le leadership et l’action des femmes. 

Cet atelier est le point de départ d’une série d’ateliers politiques virtuels en Afrique dans le cadre du projet “Des données statistiques à l’action politique: aborder les institutions sociales régissant les comportements des femmes et des hommes afin d’améliorer l’égalité femmes-hommes en Afrique”, organisé avec le soutien de la Coopération autrichienne au développement.    

Rejoignez la conversation sur Twitter avec @OECD_Centre, @Wikigender, @SWAC_OECD en utilisant les hashtags #SIGI et #SIGIAfrique

Pour plus d’informations, merci de contacter dev.gender@oecd.org. 

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La prostitution et la traite des femmes au Liban https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-prostitution-et-la-traite-des-femmes-au-liban/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-prostitution-et-la-traite-des-femmes-au-liban/#respond Tue, 13 Aug 2019 15:57:25 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=23894

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 13 août 2019

Introduction

À l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, le 30 juillet, nous proposons d’aborder dans cet article le sujet de la traite des femmes aux fins d’exploitation sexuelle au Liban, où la combinaison d’une situation économique déjà délicate, d’un afflux important de réfugié-e-s et d’une scène politique et sociale extrêmement complexe et détériorée, semble encourager l’impunité pour ce type d’exploitation.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la traite à des fins d’exploitation sexuelle reste la forme la plus détectée et les trafiquants ciblent principalement les femmes et les filles: 71 % des victimes dans le monde sont des femmes; principalement des femmes adultes, mais aussi de plus en plus de filles. Près des trois quarts des victimes de la traite identifiées pour l’exploitation sexuelle sont des femmes et 35% des victimes de la traite aux fins de travail forcé sont également des femmes [1]. Plusieurs rapports suggèrent que le Liban est un pays de transit et de destination pour un grand nombre de travailleurs et travailleuses domestiques migrant-e-s, dont un nombre considérable sont victimes de la traite et souffrent des situations d’exploitation du travail. Il s’agit également d’un pays de transit et destination pour des femmes, libanaises et étrangères, exploitées dans le secteur du sexe [2].

Cet article s’appuie principalement sur un diagnostic produit par la Lebanese League for Women’s Rights (Ligue des droits de la femme libanaise – ci-après LLWR) qui a analysé la prostitution dans la banlieue-est de Beyrouth, et plus particulièrement à Sin-El-Fil, une localité très peuplée et habitée par des Libanais-e-s appartenant, majoritairement, à des familles de déplacé-e-s libanais-e-s et des réfugié-e-s syrien-ne-s et irakien-ne-s. Les habitant-e-s de la banlieue-est de Beyrouth, populaire et riche en même temps, font face à des difficultés telles que le chômage, le cout élevé du niveau de vie, et l’absence de services étatiques.

Pour réaliser ce diagnostic, la LLWR a réalisé plus de 15 rencontres avec des acteurs qui travaillent sur la traite des femmes: organismes libanais, associations locales et journalistes. En tant que chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes au Liban, la LLWR a travaillé en collaboration avec l’association Egalité Wardah Boutros pour les droits des femmes (AWB) et d’autres partenaires, aussi bien qu’avec la Fondation des Femmes de l’Euro- Méditerranée (FFEM) et l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed).

En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser les réalités des femmes au niveau local et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative.

En 2017, plus de 15 rencontres ont été menées pour mobiliser les parties qui travaillent au Liban dans le domaine de la traite des êtres humains et de la prostitution. ©IEMed_LLWR

Toutes les informations liées aux résultats des pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro- méditerranéenne.

La situation actuelle : freins et leviers de changement

Le Liban présente une situation socio-économique assez précaire caractérisé par une pauvreté généralisée, du chômage, de divisions confessionnelles, d’amples déséquilibres entre régions rurales et urbaines, ainsi que de profondes disparités sociales entre les étendus de bidonvilles et le peu de gratte-ciels dans des localités comme Sin-El-Fil dans la banlieue-est de Beyrouth. Dans un pays où habitent plus d’un million de réfugié-e-s, soit près d’un sixième de sa population, 25% de la société libanaise vit sous le seuil de la pauvreté. Tenant compte que le gouvernement libanais ne chiffre pas beaucoup de réfugié-e-s dans les statistiques officielles, les effets de la pauvreté pourraient être plus étendues que celles le suggèrent. En outre, la guerre civile et les agressions israéliennes ont beaucoup affectées la vie du peuple libanais.

Au-delà de cela, l’arrivée de déplacé-e-s palestinien-ne-s, irakien-ne-s et syrien-ne-s comme conséquence des conflits dans la région a désormais aggravé les difficultés que la société libanaise affronte. Les pressions et les fardeaux supportés par le Liban tout en répondant aux besoins des réfugié-e-s et de la communauté d’accueil et dont les ressources sont épuisées le rendent souvent incapable de respecter ses obligations envers les réfugié-e-s, ce qui entraîne la marginalisation de nombreux groupes. Dans tel contexte de pauvreté où le tissu social est fragmenté, la traite de personnes s’accentue. Cela affecte notamment des filles et des femmes de diverses nationalités ayant fui leur pays pour des raisons sociopolitiques variées telles que les guerres, la misère ou les changements politiques. Beaucoup de ces femmes et filles ne disposent pas de la documentation adéquate, ce qui limite leur liberté de mouvement et leur accès aux services de base et les expose à un risque accru de harcèlement et d’exploitation [3].

Au Liban, la traite est un fléau de longue date, la prostitution est bien ancrée dans la société et très rarement remise en question. Bien que la prostitution soit interdite au Liban (loi nº164 sur la pénalisation des crimes relevant de la traite des personnes), le phénomène est très visible, il représente même une rentable attraction touristique connue dans la région. Du point de vue légal, les femmes qui pratiquent la prostitution peuvent être criminalisées et pénalisées, contrairement aux clients qui sont exemptés de toute responsabilité, alors même qu’ils sont la raison d’être du marché de la prostitution. Par conséquent, la prostitution ne se définît pas comme une relation contractuelle entre deux parties aux droits égaux, mais comme l’achat de services sexuels qui déshumanise les femmes, les transformant en biens consommables [4].

La prostitution est notamment taboue au Liban où la société, solidement traditionnelle, refuse d’en parler ouvertement. La loi du silence, ayant pour base les coutumes et les traditions nationales, a plusieurs effets : d’une part, un manque flagrant de données et d’informations officielles sur les conditions de travail et de vie des femmes prostituées. Et d’autre part, elle a un effet dissuasif, qui se traduit par une réduction au minimum du nombre d’entités travaillant sur ce sujet. Tout cela contribue à une impunité quasi-totale des coupables [5].

Les statistiques fournies par les organismes publiques offrent cependant une vision biaisée de la réalité avec des chiffres considérablement réduits, qui ne sont pas représentatifs de l’ampleur du problème. Parallèlement, le phénomène des prétendus « mariages » contractés avec des adolescentes de moins de 15 ans augment. Quelques mois après l’union, les jeunes filles sont forcées à se prostituer [6].

Malgré le fait que depuis 2011 la traite des personnes est considérée comme un crime, ni le gouvernement ni le parlement n’ont pris de mesures efficaces pour assurer une législation pertinente. En outre, le Ministère de l’éducation ne prévoit pas dans le cadre de ces programmes le sujet de la traite des personnes ou de la pédophilie. Quant aux municipalités, elles n’ont pas mis en place de structures permettant de lutter contre le problème sous prétexte de manque de compétences sur le sujet [7].

Tenant compte de l’acceptation de la prostitution et de la traite des êtres humains par la société libanaise et son inaction face aux problèmes, ainsi qu’au quasi absence des institutions publiques désignées pour les combattre, les associations qui concentrent leurs efforts sur les racines de la traite et la prostitution sont très peu nombreuses.

Le fait que les racines de la traite et de la prostitution ne soient pas abordées par les ONG a une répercussion sur les médias, qui marginalisent eux aussi les nouvelles sur le sujet. Pourtant, les médias pourraient informer le grand public et jouer un rôle déterminant pour les victimes en relatant l’ampleur du problème et ses terribles conséquences.

Les réseaux sociaux sont utilisés comme plateformes pour fournir un large choix aux «consommateurs» et les visas professionnels rendent plus faciles le droit d’entrer sur le sol Libanais. Ces facteurs favorisent la traite et l’exploitation des filles et des femmes [8].

Conclusion : mécanismes de lutte contre la traite et la prostitution

Au vu de la faible sensibilisation sur la traite et la prostitution au Liban il est essentiel de mettre en place une action commune entre ministères, organismes officiels responsables, municipalités et les ONG. Cette action devra tout d’abord reposer sur l’application de la loi 164, et très particulièrement sur la partie concernant les sanctions applicables à l’encontre des contrevenants.

Afin d’améliorer la situation tous les acteurs impliqués dans le diagnostic mené par l’association LLWR, ont proposé plusieurs pistes d’action pour le futur, à savoir :

-Sensibiliser les administrations publiques au problème de la traite en les responsabilisant sur leur rôle dans l’application des lois existantes et dans la prise de mesures efficaces ;

  • Aborder la traite, la pédophile et la prostitution dans les manuels scolaires libanais ;
  • Concevoir des campagnes de sensibilisation dans les médias avec la participation de spécialistes, pour assurer la compréhension du sujet et transmettre des mesures de prévention ;
  • Informer la population pour qu’elle acquière une plus juste connaissance de l’ampleur du problème et de ses conséquences sur la société libanaises et le droit de femmes ;
  • Favoriser la mobilisation et l’implication des ONG sur le phénomène de la traite facilitant l’accès aux financements ;
  • Lutter contre la situation précaire des personnes subissant la traite pour leur trouver une alternative à la prostitution.

ll reste à noter que malgré le manque d’acteurs dans la lutte contre la traite des femmes et la prostitution, qui est l’une des formes de traite les plus courantes, certains travaillent dur pour changer cette réalité, comme l’Ordre des Avocats de Beyrouth, qui a lancé un guide sur la lutte contre la traite des êtres humains [9].

Références

[1] Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Global report on trafficking in persons 2016, p. 7. https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/8505/global- report-on-trafficking-in-persons-2018

[2] United Nations, Report of the Special Rapporteur on trafficking in persons, especially women and children, Mission to Lebanon, 2016 p. 4, UN, https://www.refworld.org/type,MISSION,UNCHR,,441182190,0.html

[3] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR) Dignostic de terrain : La prostitution et la traite des femmes dans la banlieue-est de Beyrouth, FFEM              and               IEMed,              2018,                          p. 14. https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7894/diagnostic-terrain-la- prostitution-traite-femmes-dans-banlieueest-beyrout

[4] GHADA JABBOUR, Exploring the demand for prostitution: What Male Buyers Say About Their Motives, Practices, and          Perceptions,          Kafa,          2014         p. 10 https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/8121/exploring-demand-for- prostitution-what-male-buyers-say-about-their-motives-practices-and-perception 

[5] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., 14.

[6] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR) Op. cit., p.11

[7] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., p.14

[8] LEBANESE LEAGUE FOR WOMEN’S RIGHTS (Ligue des droits de la femme libanaise – LLWR). Op. cit., p.15

[9] ORDRE DES AVOCATS DE BEYROUTH, Guide pratique sur la lutte contre le trafic des êtres humains, 2014 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7993/guide-pratique-sur-lutte- contre-trafic-etres-humains

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Le rôle des femmes dans la protection de l’environnement au Liban : zoom sur Tripoli https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-role-des-femmes-dans-la-protection-de-lenvironnement-au-liban-zoom-sur-tripoli/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-role-des-femmes-dans-la-protection-de-lenvironnement-au-liban-zoom-sur-tripoli/#respond Thu, 02 May 2019 09:47:06 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=18743

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 2 mai 2019

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Introduction

Cet article porte sur le rôle des femmes et leur implication dans la protection de l’environnement dans le Caza (juridiction) de Tripoli, l’un des six cazas qui composent le gouvernorat du Liban-Nord. Le Caza de Tripoli, a une superficie de 33km2 avec plus de 600 000 habitant-e-s et comprend cinq municipalités : Tripoli, El Mina, El Qalamoun, El Baddawi et Wadi el Nahlé. La guerre civile, le confessionnalisme, les politiques régionales et les répercussions du conflit syrien ont contribué à la marginalisation sociale, politique et économique de Tripoli  et à l’appauvrissement de ses habitant-e-s. [1]

Selon l’index de performance environnementale 2018 de l’Université de Yale et de l’Université de Columbia, le Liban fait partie des pays les plus pollués au monde [2]. En ce qui concerne la situation environnementale du Caza de Tripoli la quantité d’eau puisée dans les sources et les nappes a diminué ces dernières années en raison des sécheresses et des précipitations peu abondantes. Les taux de pollution élevés ainsi qu’une mauvaise gestion des déchets et des eaux usées accentuent une situation préoccupante pour l’environnement comme pour la santé publique.

Cet article s’appuie principalement sur un diagnostic produit par l’association Donia for sustainable development (Donia pour le développement durable, ci-après Donia), qui a été chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes à Tripoli au Liban en collaboration avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM) et l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed). Pour réaliser le diagnostic, Donia a rencontré des ministères, des membres des conseils municipaux, la radio El Fajr et des étudiantes de la Faculté de Santé Publique de l’Université libanaise, et mené des groupes de discussion avec des activistes et des femmes au foyer, ainsi qu’une enquête auprès de 300 femmes et un atelier de travail avec des acteurs de la société civile et des expertes en environnement.

En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser les réalités des femmes au niveau local et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative.

Toutes les informations liées aux résultats des pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro-méditerranéenne.

La situation des femmes au Liban et dans le Caza de Tripoli

Au Liban, bien que les femmes représentent plus de 52% de l’électorat et malgré la nomination de 4 femmes ministres dans le gouvernement de Saad Hariri en 2019, elles restent sous-représentée dans les postes à responsabilité, dans les partis politiques et les syndicats.

Dans le Caza de Tripoli, le taux de femmes qui occupent des postes à responsabilité est de 2,2%, soit en deçà de la moyenne nationale de 5,6%. Après les élections de 2016, la représentation féminine dans le Caza de Tripoli a été réduite de moitié avec seulement deux élues, toutes deux responsables des commissions sociales de Tripoli et El Mina. L’élue de la municipalité d’El Mina, provenant d’une famille d’activistes engagés dans les questions environnementales, a souligné les difficultés qu’elle a rencontrées pour devenir présidente de la commission de l’environnement, poste dont elle a finalement été privée. [4]

Pendant et après la guerre civile (1978-1990), les femmes tripolitaines ont joué un rôle important dans l’histoire du pays grâce à leurs initiatives au sein des organisations de la société civile dans les secteurs social, culturel et éducatif. Néanmoins, leur participation dans les questions liées au processus de paix a été limitée. [5] Actuellement, la lutte pour les droits des femmes est menée par les associations féministes et se concentre sur les questions qui affectent le plus les femmes, telles que la violence basée sur le genre, le mariage précoce, la garde des enfants, le renforcement de leurs capacités politiques et économiques et les quotas de femmes dans les conseils élus. Le faible taux de femmes dans le marché de travail est une autre priorité pour l’émancipation des femmes au Liban.

La participation des citoyen-ne-s à la prise de décisions relatives à l’environnement 

Les mauvaises politiques environnementales adoptées depuis 1975 et la négligence des municipalités ont conduit à une crise nationale. En 2015, les ordures se sont accumulées à Beyrouth puis ont été transportées dans d’autres régions. [6] Cet épisode de mauvaise gestion des déchets est un exemple des politiques écologiques mal inspirées qui ont tendance au gaspillage des ressources naturelles et s’opposent à une gestion durable. En réponse à cela, les activistes et écologistes ont lancé des mouvements contre les politiques de traitement thermique des déchets. Ces mouvements se sont focalisés sur le besoin de tenir compte des études d’impact précédant la prise de décision relative à l’environnement, conformément aux accords internationaux ratifiés par le Liban, notamment la Convention Aarhus (qui fait le lien entre l’environnement et les droits humains) et la loi no 444/2002 sur la protection de l’environnement. [7]

« En 2018, une enquête a été menée auprès de 300 femmes (étudiantes, diplômées en sciences de l’environnement, activistes, femmes sans emploi et au foyer, etc.) sur leur participation dans la protection de l’environnement à Tripoli ». ©IEME

À Tripoli comme ailleurs au Liban, il est malheureusement habituel de prendre les décisions concernant la gestion des déchets sans dialoguer avec les activistes et les expert-e-s. Et ce, malgré la présence d’un réservoir de spécialistes en environnement car Tripoli accueille le seul département universitaire en sciences environnementales du Liban et la présence féminine y est majoritaire. En 2017-2018, 91% des étudiant-e-s étaient des femmes. [8] Malgré cela, la participation des étudiantes aux enjeux environnementaux reste faible et se limite aux manifestations, aux campagnes de nettoyage de plages et à l’embellissement des routes.  [9]

Obstacles à la participation des femmes dans la protection de l’environnement 

Les objectifs de la stratégie nationale pour l’égalité des genres 2017-2030, élaborée par le ministère d’État pour les affaires des femmes, et ceux de la Stratégie Nationale pour la femme 2011-2021, ne font aucune référence au rôle des femmes en matière d’environnement et de protection des ressources. En outre, la mobilisation des femmes n’est pas un objectif prioritaire pour les municipalités qui ont été ciblées par le diagnostic de Donia, qui ne mènent aucun projet de sensibilisation ou de renforcement des capacités visant les femmes. [10]

Les 300 femmes interrogées par Donia en 2018 ont cité plusieurs  obstacles pour  participer  à la protection de l’environnement tels que : le manque de connaissance et de conscience des problèmes environnementaux, le manque de temps disponible, les faibles revenus et la fatigue. La situation sécuritaire instable, la faible mobilisation de la communauté en général, l’absence de conteneurs de tri, le manque de confiance à l’égard des entreprises chargées de la collecte, les rôles de genre stéréotypés, la peur du harcèlement et le manque d’encouragement, voire l’opposition, de l’entourage sont d’autres freins identifiés par les femmes ayant répondu à l’enquête.

La faible conscience écologique se reflète également dans les pratiques (la majorité des femmes ne trient pas les déchets) et dans la méconnaissance des solutions qui pourraient être apportées. Ainsi, sur un total de 300 femmes, seulement 113 ont déjà participé à des actions environnementales, même si 90% des femmes interrogées se sont montrées intéressées par ce type d’initiative. [13] En dépit de ces bonnes volontés, le lancement d’actions de protection de l’environnement risque d’être freiné par l’absence de lois adéquates, le manque de financement et la faible coopération des institutions publiques dans ce domaine.

Conclusion : opportunités pour promouvoir la participation des femmes dans la protection de l’environnement

Au vu de la faible sensibilisation sur les sujets liés à l’environnement au Liban, il est essentiel de développer une citoyenneté active et consciente de sa responsabilité individuelle et collective. Selon les résultats de l’enquête menée par l’association Donia en 2018 de nombreuses femmes sont disposées à changer leurs habitudes pour protéger l’environnement et les ressources naturelles. [14]

Afin d’améliorer la situation, toutes les entités et personnes impliquées dans le diagnostic mené par l’association Donia en 2018 ont proposé plusieurs pistes d’action pour le futur :

  • Sensibiliser les administrations (ministères, municipalités) à l’importance de promouvoir la participation active des femmes aux questions environnementales et prendre en compte la dimension du genre dans tous leurs nouveaux projets, programmes et financements liés à l’environnement ;
  • Stimuler les associations locales pour développer des projets d’environnement conçus, mis en œuvre et gérés par des femmes ;
  • Encourager les médias à changer l’image stéréotypée des femmes tout en mettant l’accent sur les femmes activistes dans le domaine de l’environnement ;
  • Sensibiliser les spécialistes en environnement sur les sujets urgents et les politiques et lois connexes et renforcer leurs capacités afin de les engager dans la mise en œuvre et le suivi des politiques et des programmes.
  • Mener des recherches sur la propagation des maladies dues à la pollution dans le Caza de Tripoli en intégrant une perspective de genre et réaliser une étude sur les comportements des hommes et des femmes qui ont une incidence sur l’environnement.

Références

[1] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT, Diagnostic de terrain : Le rôle des femmes dans la sauvegarde de l’environnement dans le Caza de Tripoli, FFEM et IEMed, 2018, p. 7, https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8561/diagnostic-terrain-le-role-femmes-dans-protection-environnement-a-tripoli

[2] Université de Yale et Université de Columbia, Index de performance environnementale 2018, p. 4, https://epi.envirocenter.yale.edu/downloads/epi2018policymakerssummaryv01.pdf

[3] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 11.

[4] Ibid.

[5] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 10.

[6] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 9.

[7] Ibid.

[8] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 10.

[9] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 19.

[10] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 14.

[11] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 20.

[12] Ibid.

[13] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 19.

[14] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 21.

[15] DONIA FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT. Op. cit., p. 22.

[16] Ibid.

 

 

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-role-des-femmes-dans-la-protection-de-lenvironnement-au-liban-zoom-sur-tripoli/feed/ 0
Les conditions de travail des femmes dans les usines en Jordanie https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-conditions-de-travail-des-femmes-dans-les-usines-en-jordanie/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-conditions-de-travail-des-femmes-dans-les-usines-en-jordanie/#respond Tue, 26 Mar 2019 16:59:46 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=17254

 

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 26 mars 2019

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Introduction

Conformément à l’Organisation Internationale du Travail, en Jordanie, 64% des hommes participent au marché du travail contre seulement 14% des femmes, d’après des estimations de 2018. [1] Cet article s’intéresse aux conditions de travail des femmes dans les usines, en prenant comme étude de cas la région de Zarqa où les perspectives de formation et de perfectionnement professionnel sont limitées, ce qui réduit les possibilités de promotion ainsi que l’accès des femmes aux postes à responsabilité au sein des usines.

L’article s’appuie sur un diagnostic de terrain portant sur la région de Zarqa, dans le nord-est du Royaume hachémite de Jordanie [2]. Cette étude a été produite par le Jordanian Forum for Business and Professional Women- Forum jordanien des femmes d’affaires et professionnelles (JFBPW) en collaboration avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM) et l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed). Le diagnostic fournit des données qui ont été collectées grâce à des réunions et entretiens avec les pouvoirs publics concernés par la thématique, d’une part, et les employées et propriétaires de cinq usines de la région, d’autre part.

En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser au niveau local les réalités des femmes et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative.

Toutes    les     informations     liées     aux     résultats     des     pôles     locaux     sont     disponibles     sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro- méditerranéenne. En 2017, le JFBPW a été chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes- hommes à Zarqa en Jordanie.

Accès à l’emploi des femmes en Jordanie

La Jordanie enregistre l’un des taux d’activité des femmes les plus faibles au monde d’après la Banque mondiale ; les taux élevés de chômage féminin qui en résultent sont en moyenne de l’ordre de 33,5% (13,7% chez les hommes). [3] Ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes travaillant dans le secteur informel, parmi elles, de nombreuses femmes, et exacerbent les préjugés sexistes à l’égard de la présence des femmes sur le marché du travail. Toutefois, en raison du fort développement industriel de Zarqa, le taux de chômage des femmes dans cette région est parmi les plus faibles du pays. [4]

La constitution jordanienne consacre le principe de l’égalité en tant que garant du droit, néanmoins, de nombreuses lois et mesures contiennent des éléments discriminatoires à l’égard des femmes. [5] Dans la plupart des cas, ces normes concernent le marché du travail ainsi que les conditions de leur exercice. En Jordanie, il est interdit aux femmes de travailler dans certains domaines et les femmes n’ont pas le droit de travailler pendant la nuit.

En ce qui concerne les pensions, les femmes sont obligées de partir plus tôt à la retraite que les hommes dans le secteur public comme privé. En outre, les hommes reçoivent des allocations familiales en plus de leurs revenus, au détriment des femmes qui n’en bénéficient pas. [6]

Par ailleurs, les coutumes sociales du pays, souvent opposées aux principes d’égalité, exercent une forte influence sur l’accès des femmes au marché du travail. Dans le cas des usines, la société se montre peu encline à que les femmes occupent un emploi dans un tel environnement. L’accès à l’emploi des femmes est difficile : parmi les personnes ayant fait des études primaires, il y a 6 fois plus d’hommes que de femmes qui travaillent. [7] Pour les personnes ayant fait des études supérieures, la proportion va du simple au triple: le taux de chômage chez les femmes diplômées universitaires s’élève à 45 %, contre seulement 15 % chez les hommes.

Ce fossé entre femmes et hommes dans le marché du travail augmente dans les groupes démographiques les plus pauvres et les plus vulnérables tels que les travailleuses migrantes dans la mesure où les entreprises profitent de leur situation précaire pour mettre en place des pratiques d’exploitation. [8]

Conditions de travail dans les usines de Zarqa

Le diagnostic mené par le JFBPW a ciblé 82 travailleuses, âgées de 18 à 35 ans ayant en moyenne entre 5 mois et 2 ans d’ancienneté dans leurs fonctions. Plus de la moitié des femmes interrogées (60%), sont célibataires. [9]

En ce qui concerne les conditions de travail évoquées, un accent particulier a été mis sur l’environnement inadéquat et hostile qui caractérise la plupart des usines et le fait que plusieurs travailleuses ont été victimes de harcèlement sexuel dans la zone industrielle. [10] Le manque d’instructions et consignes claires de la part des employeurs concernant le travail à fournir est un autre problème cité par les enquêtées. Pareillement, les salles de travail sont des espaces sans ventilation et les employé-e-s ne disposent pas d’un uniforme. [11]

L’équilibre entre le travail et la vie privée des employées des usines à Zarqa est extrêmement compliqué. Il n’y a pas d’écoles maternelles dans la zone industrielle et les moyens de transport qui la desservent sont peu pratiques et peu sûrs. Ce déficit dans les infrastructures et les services est à l’origine de nombreux retards qui affectent négativement les femmes sous la forme de pénalités. [12] La difficulté de concilier la vie professionnelle et familiale incite souvent les femmes à quitter leur emploi.

Les conditions de travail des femmes dans les usines en Jordanie ©JFBPW

Par rapport à leurs homologues masculins, les femmes qui travaillent dans les usines de Zarqa sont rémunérées 20 % de moins que les hommes occupant des fonctions identiques [13]. Le nombre excessif d’heures de travail, le manque de compétences et les faibles opportunités de formation affectent la productivité des femmes.

En outre, les propriétaires d’usines profitent de la situation vulnérable de nombreuses femmes migrantes pour imposer des conditions de travail indécentes allant jusqu’à 16 heures de travail. [14]

Il est par conséquent essentiel de sensibiliser les travailleuses sur leurs devoirs et leurs droits en tant que salariées dans les usines. Pour cela, il est nécessaire, d’une part, de mettre en œuvre des initiatives de formation qui assurent l’apprentissage des techniques de travail et favorisent leur développement professionnel. Et, d’autre part, il est urgent que les institutions publiques, les organisations de la société civile et les syndicats plaident en faveur de conditions de travail décentes pour l’ensemble des employé-e- s des usines. Dans cette même optique, les inspections de travail effectuant un suivi exhaustif des conditions dans les usines, sont présentées comme une mesure de contrôle qui favoriserait le respect du principe d’égalité femmes-hommes en termes de salaire, d’heures de travail ou de couverture médicale.

Conclusion

Les plus grand défis auxquels font face les femmes dans la région de Zarqa sont liés à la disparité entre elles et leurs homologues masculins. L’environnement de travail, la pression de la part des employeurs, le manque de transports fiables ainsi que les difficultés à concilier le travail et la vie personnelle et familiale conduisent souvent les femmes à abandonner leurs postes, ce qui reproduit un cercle vicieux de pauvreté.

En conclusion, sur le plan juridique, des changements fondamentaux sont désormais impératifs pour garantir l’égalité des droits et des opportunités d’accès à l’emploi entre les femmes et les hommes. La promotion de politiques inclusives et la lutte contre les pratiques discriminatoires doivent être des priorités dans l’agenda politique et requièrent davantage une plus forte collaboration entre les ministères, les syndicats, les organisations de la société civile et les autres partenaires du secteur privé en Jordanie.

Références

[1] ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL, Taux de participation de la main-d’oeuvre, femmes, 2018 https://www.ilo.org/gateway/faces/home/statistics?_adf.ctrl-state=pgctdd7tb_9&locale=FR&countryCode=JOR

[2] JORDAN FORUM FOR BUSINESS AND PROFESSIONAL WOMEN (JFBPW), Diagnostic de terrain : Plaider en faveur de l’égalité dans les usines de Zarqa, FFEM et IEMed, 2017, https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7965/diagnostic-terrain-plaider-en-faveur-egalite-dans-usines-zarqa

[3] WORLD BANK, Jordan economic monitor: Global Practice for Macroeconomics, Trade & investment, 2017, p. 15. http://documents.worldbank.org/curated/en/444331513705915370/pdf/122139-REVISED-v1-Web-JEM-Fall-2017.pdf

[4] WORLD BANK, Hashemite Kingdom of Jordan: promoting poverty reduction and shared prosperity- systematic country diagnostic, 2016, p.15 http://documents.worldbank.org/curated/en/368161467992043090/pdf/103433-replacement.pdf

[5] JFBPW. Op. cit., p. 6.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] WORLD BANK, Op. cit., p. 67.

[9] JFBPW. Op. cit., p. 8.

[10] JFBPW. Op. cit., p. 9.

[11] Ibid.

[12] JFBPW. Op. cit., p. 8.

[13] Ibid.

[14] JFBPW. Op. cit., p. 9.

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L’entrepreneuriat féminin en Algérie https://www.wikigender.org/fr/wiki/lentrepreneuriat-feminin-en-algerie/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/lentrepreneuriat-feminin-en-algerie/#respond Fri, 25 Jan 2019 15:51:35 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=14235

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 25 janvier 2019

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Introduction

Selon l’Organisation mondiale du travail, les femmes sont à la tête d’un tiers des entreprises de l’économie formelle dans le monde [1]. Cependant, pour la majorité de celles qui opèrent dans les pays en développement il s’agit de très petites entreprises au potentiel de croissance limité. En effet, bien que l’entrepreneuriat féminin soit en plein essor [2], la sous-représentation des femmes dans les entreprises, toutes tailles confondues, est encore à déplorer. Cet article s’intéresse à l’entrepreneuriat féminin en Algérie et notamment aux facteurs qui limitent ou encouragent les femmes algériennes à entreprendre (par femme entrepreneur on entend aussi bien celles qui possèdent et/ou dirigent une entité juridique ainsi que les personnes physiques qui occupent une profession dite libérale ou indépendante). L’article s’appuie principalement sur deux diagnostics de terrain, l’un dans les communes d’Alger-centre et de Bouzaréah [3], et l’autre dans la wilaya (région) de Sétif [4]. Ces études ont été produites par l’Association des femmes en économie verte (AFEV) et Women in Business of Algeria (WIBA) en collaboration avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM) et l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed). En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser au niveau local les réalités des femmes et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative. Toutes les informations liées aux résultats des pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro-méditerranéenne. En 2017 et 2018, l’AFEV et WIBA ont été chacune chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes© à Alger et Sétif respectivement.

L’entrepreneuriat féminin en Afrique

Selon une étude réalisée par Women in Africa Philanthropy (WIA Philanthropy), les femmes africaines détiennent le taux de création d’entreprises le plus élevé au monde. Ainsi, 24% des Africaines se lancent dans la création d’entreprises, soit un taux plus élevé que ceux enregistrés en Amérique latine et Caraïbes (17%), en Amérique du Nord (12%) et en Europe et Asie centrale (8%) [5]. Pourtant, d’après la même étude, il existe un écart significatif entre l’Afrique subsaharienne (26%) et l’Afrique du Nord (8%), qui serait dû à des différences socio-économiques, culturelles et religieuses. En Algérie, les femmes entrepreneures ne constituent que 19% de la main d’œuvre féminine contre 30,9% chez les hommes [6]. Selon les statistiques du Centre national du registre de commerce (CNRC) de 2017, les femmes inscrites en tant que propriétaires d’entreprises (personnes morales) ne représentent que 6% du total des propriétaires d’entreprises dans le pays [7].

Obstacles et défis à l’entrepreneuriat féminin en Algérie

Dès son indépendance en 1962, l’État algérien a pris des mesures pour assurer l’égalité des femmes et des hommes devant la loi et un accès égal à l’éducation, à la formation et à l’emploi. La consécration de la représentation politique des femmes s’est concrétisée par la loi organique du 12 janvier 2012 qui stipule que « l’État œuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues » [8]. Au niveau de la scolarisation, d’après les données de l’Office National des Statistiques (ONS), les filles sont plus nombreuses que les garçons à réussir l’examen de passage à l’université après l’obtention de leur baccalauréat. Selon le Ministère de l’enseignement supérieur algérien, entre 2006 et 2010, 59% des inscrit-e-s en préparation d’une licence étaient des filles. La constitution garantit la non-discrimination à l’embauche et l’égalité salariale. Elle prévoit aussi des dispositions contre le harcèlement sexuel [9]. L’ONS constate aussi une forte croissance de l’emploi féminin, qui représentait 5.2% de la population active totale en 1971, alors qu’il a atteint le taux de 17.4% en 2017 [10]. Néanmoins, malgré la volonté de l’État d’inclure les femmes dans le secteur économique à travers la Constitution, les lois, et les différents mécanismes d’encouragement à l’entrepreneuriat, beaucoup de femmes dans le pays vivent dans un environnement conservateur qui freine leur autonomisation économique. Cela les amène à développer des activités économiques dans d’autres communes ou quartier que leur commune de résidence. D’après des enquêtes impliquant 325 femmes dans le cadre des diagnostics cités au début de l’article, de nombreuses femmes ont une image négative des femmes entrepreneures. En effet, certaines se montrent réticentes à l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat par peur de manquer au rôle et aux tâches domestiques qui leur sont traditionnellement  « assignés ». Ainsi, il semble qu’il y ait en Algérie une structure sociétale complexe où coexistent plusieurs modèles de société. L’un est traditionnel et s’inspire du droit musulman, y compris en ce qui concerne le droit privé, par exemple, lorsqu’il s’agit de la moralité des personnes, de l’héritage (la femme n’a droit qu’à la moitié de la part de l’homme)… D’un autre côté, il existe un projet de société d’obédience socialiste, héritier de l’indépendance, qui revendique l’égalité des sexes dans les droits et les devoirs de chacun-e [11]. L’application du système juridique qui reflète à la fois la culture arabo-musulmane ainsi que l’option socialiste choisie à l’époque par les autorités publiques, est donc perçue juste par certain-e-s et injuste par d’autres, selon que les personnes se revendiquent d’une société traditionnelle ou pas. Sur le plan économique, la wilaya de Sétif se distingue par rapport à d’autres wilayas par son dynamisme économique et commercial renforcé par l’existence de plusieurs pôles universitaires, et de centres de formation professionnelle et d’enseignement spécialisés. Cette région enregistre une insuffisante participation des femmes dans la sphère économique qui est similaire aux autres régions mais l’on y constate une forte intention entrepreneuriale parmi les jeunes femmes [12].

Visite de l’entreprise de culture du safran et de fabrication de miel des sœurs Bennaidja à Sétif @WIBA

Les enquêtes menées auprès des femmes porteuses de projet et/ou ayant créé leur entreprise ont mis à jour les principaux obstacles pour démarrer une entreprise à savoir : l’accès au financement (exigences de garantie, taux d’intérêt, etc.), le faible soutien familial, les lacunes en management et marketing et la difficulté à constituer une clientèle pour assurer le développement et l’expansion de leur entreprise. Un autre constat est que de nombreuses femmes entrepreneures s’orientent vers des secteurs dits « traditionnellement féminins » tels que les services à la personne, la vente de produits de bien-être, la couture, la confection et la vente de gâteaux, etc. [13]. Même s’il existe des entreprises féminines dans la publicité, le tourisme ou l’industrie, les femmes restent insuffisamment représentées dans ces secteurs. En outre, bien que chaque wilaya soit dotée d’une direction de l’Agence nationale de gestion du Micro-crédit en Algérie (ANGEM) qui prend en charge la formation et le soutien aux porteurs de projets, seulement 46% des entrepreneur-e-s est bénéficiaire de ce type de dispositifs. De façon plus générale, l’importance d’impliquer les pouvoirs locaux et les associations de terrain dans la sensibilisation des femmes sur les avantages de l’entrepreneuriat, notamment dans des secteurs comme l’économie sociale et solidaire, a été soulignée. Lors des enquêtes, certaines femmes ont évoqué la crainte du harcèlement sexuel de la part de leurs client-e-s et fournisseur-e-s. Il a aussi été recommandé de rendre plus visibles dans les médias les femmes entrepreneures ayant réussi et de créer des réseaux locaux de femmes entrepreneures pour faciliter l’échange d’informations, la solidarité et en encourager d’autres à investir.

Conclusion

Les plus grands défis auxquels font face les femmes désirant créer une entreprise sont la peur de se lancer lié à l’image négative des femmes entrepreneures dans la société, les faibles moyens financiers et le manque de soutien de l’entourage. Outre le contexte social et culturel qui, en général, n’encourage pas l’autonomisation des femmes, il y a un manque de formation en gestion d’entreprise qui conduit à des difficultés pour fidéliser la clientèle. Pour pallier à ces contraintes, il est urgent d’augmenter l’information sur les structures d’accompagnement et incubateurs de l’Etat ainsi que les avantages fiscaux disponibles [14] et que les autorités et les associations locales s’impliquent activement dans la dynamisation de l’entrepreneuriat féminin car elles sont proches des habitant-e-s et connaissent la réalité du terrain. De nombreuses femmes souhaitant travailler ne connaissent pas les opportunités de formation et le potentiel de secteurs comme l’économie verte ou l’agroalimentaire qui restent peu explorés. Les personnes impliquées dans les diagnostics conduits par les associations AFEV et WIBA ont aussi préconisé d’introduire, dès l’école primaire, des activités ludiques sur l’entrepreneuriat qui intègrent des femmes entrepreneures locales et d’inclure davantage de modules consacrés à l’entrepreneuriat dans les différents niveaux d’enseignement universitaire et de formation professionnelle.

Références

[1] ORGANISATION MONDIALE DU TRAVAIL, Le développement de l’entrepreneuriat féminin : encourager les femmes entrepreneurs pour l’emploi et le développement, 2016, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/—emp_ent/—ifp_seed/documents/publication/wcms_183754.pdf). [2] « Selon l’étude du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) édition 2016-2017, 163 millions de femmes  dans le monde ont créé une entreprise et 111 millions en dirigent une déjà constituée. Un chiffre en progression de 10 % depuis l’édition 2014-2015 et qui se rapproche des taux masculins », d’après la FONDATION TRAVAILLER AUTREMENT, https://www.fondation-travailler-autrement.org/2017/12/04/entrepreneuriat-feminin-progresse-partout-dans-le-monde/. [3] ASSOCIATION DES FEMMES EN ÉCONOMIE VERTE (AFEV), Diagnostic de terrain : Pour l’inclusion des acteurs locaux dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin à Alger, FFEM et IEMed, 2017, https://docs.euromedwomen.foundation/files/ermwf-documents/7421_entrepreneuriatfemininalgerfr.pdf. [4] WOMEN IN BUSINESS OF ALGERIA (WIBA), Diagnostic de terrain : Développer l’entrepreneuriat féminin dans la wilaya de Sétif, FFEM et IEMed, 2018, https://docs.euromedwomen.foundation/files/ermwf-documents/8303_developperl’entrepreneuriatfemininfr.pdf. [5] WOMEN IN AFRICA PHILANTHROPY, Women in Africa Entrepreneurship: A path to women empowerment?, 2018, https://wia-initiative.com/wp-content/uploads/z-press/WIA_Women_Empowerment.pdf. [6] AFEV. Op. cit., p. 13. [7] WIBA. Op. cit., p. 14. [8] WIBA. Op. cit., p. 12. [9] AFEV. Op. cit., p. 11. [10] OFFICE NATIONAL DES STATISTIQUES (ONS), http://www.ons.dz/IMG/Emploi%20Avril%202017.pdf. [11] AFEV. Op. cit., p. 15. [12] WIBA. Op. cit., p. 27. [13] AFEV. Op. cit., p. 19. [14] WIBA. Op. cit., p. 28.

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Lancement de l’édition 2019 de l’Indicateur « Social Institutions and Gender Index (SIGI) » https://www.wikigender.org/fr/wiki/lancement2019sigi/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/lancement2019sigi/#respond Thu, 15 Nov 2018 17:12:20 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=12103

Lancement de l’édition 2019 du SIGI

Bruxelles le 7 décembre 2018

12:30-15:30

Quoi de neuf ? Le Ministère fédéral de l’Europe, de l‘Intégration et des Affaires étrangères de l’Autriche en sa capacité actuelle de Président du Conseil de l’Union européenne, la Coopération autrichienne pour le développement et le Centre de développement de l’OCDE ont l’honneur de vous inviter au lancement de l’édition 2019 du SIGI.

 Qu’est-ce que le SIGI ? L’indicateur Social Institutions and Gender Index (SIGI) du Centre de développement de l’OCDE mesure les écarts créés par les lois, les normes et les pratiques sociales entre les femmes et les hommes en termes de droits et d’opportunités. L’évènement sera l’occasion de discuter des messages clés du SIGI 2019 et alimentera le dialogue politique sur les normes sociales et les discriminations à l’encontre des femmes et des filles à l’échelle mondiale. Les intervenants partageront leurs expériences sur comment les politiques et les programmes sensibles à la question du genre peuvent permettre la remise en question des normes liées au genre et promouvoir les droits des femmes, l’égalité entre les sexes et le développement durable.

 Pourquoi maintenant? Des progrès remarquables ont été réalisés concernant les engagements politiques visant à éliminer la disparité femmes-hommes. Certaines normes sociales préjudiciables à l’égalité ont perdu de leur importance. Néanmoins, les engagements politiques, les réformes et les programmes n’ont pas encore été traduits en changement réels. Les femmes et les filles sont toujours victimes de discriminations liées à leur genre tout au long de leur vie qui affectent différemment certains groupes de femmes.

 Veuillez confirmer votre participation avant le 27 novembre en suivant ce lien.

Pour plus d’informations, veuillez contacter dev.gender@oecd.org.

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La 61e Commission de la condition de la femme (CSW) 2017 https://www.wikigender.org/fr/wiki/commission-de-la-condition-de-la-femme-61/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/commission-de-la-condition-de-la-femme-61/#respond Mon, 06 Mar 2017 14:46:05 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=10027 CSW61 Banner-FR

La soixante et unième session de la Commission de la condition de la femme aura lieu au siège des Nations Unies à New York du 13 au 24 mars 2017.

Des représentants des États membres, des entités des Nations Unies et des organisations non gouvernementales accréditées par l’ECOSOC (ONG) de toutes les régions du monde participent à la session.

Thèmes

  • Thème prioritaire:L’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution.
  • Thème examiné: Difficultés rencontrées et résultats obtenus dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en faveur des femmes et des filles (conclusions concertées de la cinquante-huitième session)
  • Question nouvelle ou tendance: L’autonomisation des femmes autochtones.

Membres du Bureau

e Bureau de la Commission joue un rôle crucial dans la préparation des sessions annuelles de la Commission et contribue grandement à en assurer le succès. Les membres du Bureau sont nommés pour deux ans. En 2002, afin d’améliorer son travail et d’assurer la continuité, la Commission a décidé d’organiser la première réunion de sa session suivante juste après la clôture de la session ordinaire, dans l’unique but d’élire le nouveau Président et les autres membres du Bureau (décision 2002/234 de l’ECOSOC)

  • Président : S.E. M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes Vice-présidents
  • Mme Fatma Al Zahraa Hassan (Égypte), groupe des États africains, viceprésidente
  • Mme Šejla Đurbuzović (Bosnie-Herzégovine), groupe des États d’Europe orientale vice-présidente
  • M. Jun Saito (Japon), groupe des États de la région Asie-Pacifique, viceprésident
  • M.Andreas Glossner (Allemagne), groupe des États d’Europe occidentale et autres États, vice-président
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Les travailleuses de France veulent l’égalité #7Novembre16H34 https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-travailleuses-de-france-veulent-legalite-7novembre16h34/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-travailleuses-de-france-veulent-legalite-7novembre16h34/#respond Fri, 04 Nov 2016 09:26:17 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=9289

Les travailleuses de France veulent l’égalité des salaires #7NOVEMBRE16H34

Cet évènement a été lancé par Les Glorieuses. Le texte ci-dessous provient de la page dédiée a l’évènement sur leur site

 

7 novembre 2016 16h34
A partir du 7 novembre prochain à 16h34 (et 7 secondes), les femmes travailleront “bénévolement”. Si les femmes étaient payées autant que les hommes, elles pourraient s’arrêter de travailler le 7 novembre à 16h34. En étant payées 15,1% de moins que les hommes (Eurostat 2010), elles gagneraient alors autant que sur l’année 2016. Les 38,2 jours ouvrés restant représentent la différence de salaire entre les femmes et les hommes.

Inspirons nous des Islandaises
Lundi 24 octobre dernier, des milliers d’Islandaises ont quitté leur lieu de travail à 14h38. Ce geste symbolique a pour vocation de montrer leur mécontentement vis-à-vis des inégalités salariales (14% d’écart salariale). C’est un signal fort et nous nous joignons à cette protestation.

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Comment avons-nous obtenu cette date ?

Nous avons pris en compte l’inégalité des salaires calculée par Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union Européenne. Cette inégalité représente « la différence moyenne de rémunération horaire brute entre les travailleurs de sexe féminin et masculin». Nous avons ensuite adapté ce rapport au nombre de jours ouvrés en 2016 (253), ce qui nous a donné 38,203 jours ouvrés. Cette méthode nous a ainsi permise d’arriver à la date du 7 novembre 2016 à 16h34 et 7,5 secondes (soyons précises).

Cette inégalité en cache d’autres.

Cet écart de rémunération cache d’autres inégalités. Les femmes font davantage de tâches non payées comme les tâches domestiques. Le chiffre est éloquent puisque les hommes consacrent en moyenne 2 heures par jour pour les tâches domestiques contre 3.5 heures pour les femmes (Insee 2015). Par ailleurs, le calcul des écarts de rémunération ne prend pas en compte le recours au temps partiel : 30,4% des femmes contre 8% des hommes (Insee 2015).

On ne gagne pas un combat avec la moitié de l’équipe

13,795 millions de femmes font partie de la population active en France, soit 48% du total (Insee 2015). Nous représentons près de la moitié de cette population active et 52% de la population totale. Nous ne souhaitons pas attendre l’an 2186 pour atteindre l’égalité salariale. Nous ne souhaitons pas attendre 170 ans pour atteindre cette parité.

Nous appelons les femmes, les hommes, les syndicats et les organisations féministes à rejoindre le mouvement du “7 novembre 16h34” et à multiplier les événements et manifestations pour faire de l’inégalité salariale une problématique politique centrale. En s’emparant collectivement de ce sujet, nous montrons que l’inégalité des salaires entre les genres n’est pas une “affaire de bonne femme”.

REJOIGNEZ LE MOUVEMENT

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Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2016 https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-femmes-lentreprise-et-le-droit-2016/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-femmes-lentreprise-et-le-droit-2016/#respond Mon, 27 Jun 2016 11:53:51 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=8194 Malgré l’amélioration de l’égalité entre les hommes et les femmes partout dans le monde, des différences majeures persistent. De nombreuses lois et règlements continuent d’empêcher les femmes d’améliorer leur bien-être personnel, ainsi que celui de leurs familles par le travail ou la gestion des affaires. Comment les gouvernements peuvent-ils améliorer les lois ou règlements en faveur des femmes entrepreneurs et travailleurs ?WBL2016-Infographic-fr

Depuis sa création en 2009, les Femmes, l’Entreprise et le Droit a recueilli des données spécifiques sur les lois et règlements contraignants en matière de  l’entreprenariat et  de l’emploi des femmes. Cet ensemble de données éclaire sur  la manière  dont les politiques gouvernementales limitent  la pleine participation économique des femmes à travers des lois inégalitaires et un environnement des affaires peu propice aux secteurs d’activités autour desquelles les femmes ont tendance à se concentrer.

L’édition 2016 du Rapport les Femmes, l’Entreprise et le Droit, quatrième de la série, fournit des données sur les obstacles à l’entreprenariat et à l’emploi  des femmes dans 189 économies. Le rapport met en exergue les données globales sur les lois et régulations qui affectent la promotion  des femmes en tant qu’entrepreneurs et employées, et facilite  la comparaison économique. Il est à espérer que cette ressource pourra éclairer les recherches et discussions politiques sur l’amélioration des opportunités et des résultats économiques des femmes.

 

Points Clés

  • L’existence de différences de traitement juridique entre hommes et femmes est un phénomène courant : sur les 173 économies étudiées, 155 ont au moins une loi qui entrave la capacité des femmes à poursuive des opportunités économiques.
  • Au total, on dénombre 943 différences de traitment juridique entre hommes et femmes dans les 173 économies étudiées.
  • 46 des économies étudiées n’ont aucune loi protégeant expressément les femmes contre la violence domestique.
  • Dans 18 économies, le mari peut légalement empêcher sa femme de travailler.
  • Dans les économies où la femme n’est pas l’égale de l’homme devant la loi, les filles sont moins nombreuses que les garçons à suivre des études secondaires, les femmes sont moins nombreuses à travailler ou à diriger une entreprise, et l’écart de salaire avec les hommes est plus important.
  • Au cours des deux dernières années, 65 économies ont adopté 94 réformes visant à ouvrir plus d’opportunités économiques aux femmes.

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Méthodologie

Les Femmes, l’Entreprise et le Droit examine les lois et les règlements qui affectent la capacité des femmes à être entrepreneurs et employées. La législation peut directement ou indirectement affecter le potentiel économique des femmes. Ainsi, les indicateurs couverts dans le rapport capturent les lois qui différencient directement les hommes et les femmes et celles qui ont un plus grand impact indirect  sur la capacité des femmes à percevoir un revenu, à créer une entreprise ou à obtenir un emploi. Le projetLes Femmes, l’Entreprise et le Droit a travaillé avec des collaborateurs dans chacun des pays couverts afin de déterminer les sources  légales de différenciation des genres. La méthodologie a été conçue de façon à être facilement applicable de nouveau pour comparer le cadre juridique et réglementaire des femmes entrepreneurs et employées.

L’intégralité du rapport et les données qui l’accompagnent sont disponibles sur wbl.worldbank.org.

Liens utiles

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Définitions

Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont des outils de maniement de l’information comprenant un ensemble varié de produits, d’applications et de services qui sont utilisés pour produire, stocker, traiter, distribuer et échanger l’information. [1]  Elles comprennent les « anciennes » TIC que sont la radio, la télévision et le téléphone, et les « nouvelles » TIC que sont les ordinateurs, les satellites et l’Internet. [1]

Des disparités de genre dans l’accès et l’utilisation des TIC

Les TIC sont accessibles à une population grandissante, particulièrement dans les pays en développement. [2] En 2015, 95% de la population mondiale a accès à un réseau de téléphonie mobile et 40% des personnes dans le monde utilisent Internet. Cependant, il existe des écarts entre les sexes concernant l’accès et l’utilisation de ces technologies. En 2015, au niveau mondial, 46% des hommes contre 41% des femmes sont connectés à Internet. Cet écart est encore plus prononcé dans les pays en développement, où il est de 15,4% en défaveur des femmes, contre seulement 5,4% dans les pays développés. [3] En 2011, au Sénégal, 81,4% des hommes contre 75,3% des femmes ont accès à un téléphone mobile et 87,6% des hommes contre 86,6% des femmes à une télévision. Les disparités en termes de genre sont plus marquées dans l’accès à un ordinateur et à Internet, respectivement de 24,8% pour les hommes et 15,6% pour les femmes. Ces disparités sont moindres lorsque l’utilisation des TIC est exclusive, qu’elle requiert moins de compétences techniques et que son contenu est neutre ou adaptable. [4] Globalement, les études montrent que les femmes ont moins accès à ces technologies, et de fait, les maîtrisent moins bien. Ces disparités d’accès, de contrôle et d’utilisation des hommes et des femmes concernant les TIC sont couramment appelées la « fracture numérique de genre ». [5]

Obstacles à l’accès aux TIC

Dans les pays en développement, de nombreux facteurs interviennent dans les disparités de genre comme :

  • La langue : la maîtrise de l’écrit est un obstacle important à l’utilisation des TIC. Les femmes sont plus touchées que les hommes par l’analphabétisme et la plupart des TIC reposent sur l’écrit et n’utilisent que très peu les langues locales.
  • L’accès aux infrastructures : les utilisateurs-trices d’Internet, même au sein d’un même pays, sont extrêmement concentrés géographiquement et les populations rurales sont majoritairement exclues de cet accès. Certaines études ont montré que les TIC les plus utilisées par les femmes en milieu rural étaient les stations de radio communautaire locales, médias reposant sur l’oralité avec des frais d’accès généralement peu élevés. [7]
  • Le manque de ressources financières pour l’achat de TIC et l’accès aux espaces commerciaux est un autre frein majeur. [6]
  • Des facteurs socioculturels empêchent également les femmes d’utiliser les TIC, elles sont souvent considérées comme inaptes à l’utilisation de ces technologies et à l’accès à l’enseignement technologique. [4]

Femmes, TIC et développement

De nombreuses études attestent que l’utilisation des TIC par les femmes permet de renforcer leur autonomie et participe au développement économique et social.

  • Une étude au Mozambique sur l’utilisation des téléphones portables auprès des femmes en milieu rural a prouvé que cette utilisation a permis un renforcement de leurs réseaux, l’organisation d’activités collectives et de campagnes. En outre, le téléphone portable a incité certaines femmes à apprendre les chiffres pour pouvoir reconnaître et composer des numéros, ce qui peut constituer un premier pas vers l’alphabétisme. [7]
  • Les TIC peuvent permettre de documenter et de médiatiser certaines situations, ou de diffuser des messages de « bonnes pratiques » à tenir. L’ONG Human Network International, a par exemple mis en place dans plusieurs pays d’Afrique des services de diffusion de messages oraux et écrits via les téléphones portables. Ces messages, gratuits et pouvant être diffusés en langue locale, comportent de nombreuses informations concernant la santé, l’agriculture, le microcrédit ou encore le planning familial. [8]
  • L’initiative « Take back the Tech », initiée par APC (Association for Progressive Communications), permet aux femmes de disposer d’un espace de discussions en ligne sur les violences sexistes auxquelles elles peuvent être confrontées et se réapproprier la technologie. [9]

Références

  1. Diagne Abdoulaye, Birba Ousmane, « Les déterminants de l’adoption d’Internet en Afrique : cas de 17 pays », Consortium pour la Recherche Economique et Sociale et Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2008, http://www.cres-sn.org/sites/default/files/3.rapport_sur_les_determinants_de_ladoption_dinternet_diagne_birba.pdf
  2. Hafkin Nancy J., Huyer Sophia, Women and Gender in ICT Statistics and Indicators for Development, Information Technologies and International Development, Volume 4, Number 2, 2007, (en anglais), http://itidjournal.org/itid/article/viewFile/254/124
  3. International Telecomunication Union, « Measuring the Information Society Report 2015”, Executive Summary, 2015, (en anglais), http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2015/MISR2015-ES-E.pdf
  4. Daffé Gaye, Diallo Fatoumata, « Les disparité de genre dans l’accès et l’utilisation des TIC au Sénégal », Consortium pour la Recherche Economique et Sociale, août 2011, http://www.cres-sn.org/sites/default/files/rapport_tic_disparite_genre.pdf
  5. Enda Tiers-Monde, Réseau genre et TIC, « Fracture numérique de genre en Afrique francophone : une inquiétante réalité », Etudes et Recherches, n° 244, Sénégal, 2005, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2014/11/fracturenumeriquedegenre_afrique_2005.pdf
  6. Bridge, Panorama Genre et TIC, 2006, http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/HQ/SHS/pdf/Gender-ICTs_FR.pdf
  7. Centre de recherche sur le développement international (CRDI), Les Africaines et les TIC, Presses universitaires de Laval (PUL), 2011, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/07/Les-Africaines-Et-Les-Tic.pdf
  8. Site Internet de Human Network International, (consulté le 14/01/16, en anglais), http://hni.org/what-we-do/3-2-1-service/
  9. Site Internet « Take back the tech », (consulté le 14/01/16), https://www.takebackthetech.net/fr

Liens externes

Joëlle Palmieri, « Les femmes non connectées : une identité et des savoirs invisibles » Recherches Féministes (vol. 25, n°27), 2012, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2014/12/Vol25.pdf

Mavic Cabrera-Balleza, Françoise Mukuku, Sylvie Niombo, « Les deux côtés de la même médaille des TIC: Briser le silence sur la violence faite aux femmes et les infractions aux lois sur la protection de la vie privée », GenderIT.org, 2010, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2014/06/A_conversation_with_Sylvie_and_Francoise_on_ICTS.pdf

Union Internationale des Télécommunications, Données et chiffres concernant les TIC, 2013, https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/facts/ICTFactsFigures2013-f.pdf

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