Objectifs de développement durable – Wikigender https://www.wikigender.org/fr/ L'égalité des sexes Wed, 07 Dec 2022 14:51:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Égalité de genre en Jordanie : perceptions locales et obstacles à la participation politique https://www.wikigender.org/fr/wiki/egalite-de-genre-en-jordanie-perceptions-locales-et-obstacles-a-la-participation-politique/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/egalite-de-genre-en-jordanie-perceptions-locales-et-obstacles-a-la-participation-politique/#respond Mon, 02 Nov 2020 11:53:03 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=25682 Article proposé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée


Tables des matières :

  • Introduction
  • Le contexte jordanien : du national au local
  • Perceptions et obstacle dans le gouvernorat de Ma’an
  • Réflexions et recommandations politiques
  • Références

 

Introduction

En décembre 2018 l’Association caritative des femmes Al-Anwar (Al-Anwar Women Charity Society), a publié le diagnostic de terrain intitulé « Les femmes au pouvoir : perceptions locales et obstacles à Ma’an » en tant que chef de file du pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes© du troisième cycle en Jordanie, mis en œuvre par la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerrannée (FFEM) avec le soutien de l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed) et inséré dans l’Axe 1 «Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité» du projet «Femmes d’avenir en Méditerranée» financé par le Fonds de solidarité prioritaire de Ministère français des l’Europe et des Affaires étrangères.

Grâce à cette initiative, la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée met en évidence l’expertise de la société civile en tant que moteur de changement social et observatrice privilégiée des politiques d’égalité femmes-hommes. De plus, la méthodologie des pôles locaux  permet aux chercheurs et aux chercheuses  impliquées de connaître le travail des associations travaillant en faveur des droits des femmes.[1]

Grace aux expériences des associations participant aux cycles des pôles locaux précédents, l’Association caritative des femmes Al-Anwar disposait de nouvelles stratégies pour faire un suivi rapproché du sujet sélectionné.[2]  Le diagnostic duquel cet article est tiré propose une analyse participative de l’exercice du pouvoir et des responsabilités politiques des femmes jordaniennes à niveau local, notamment dans le gouvernorat de Ma’an, en faisant ressortir des données très utiles pour comprendre les attitudes et les normes sociales à l’égard de l’engagement politique féminin dans le pays.

La méthodologie suivie par l’équipe de recherche d’Al-Anwar[i] lui a permis de mesurer le degré d’acceptation de la présence des femmes au pouvoir par la société du gouvernorat de Ma’an, d’analyser les relations sociales et les stéréotypes relatifs au rôle des femmes dans la société, et de décrire les coutumes et traditions qui affectent la participation des femmes aux affaires publiques, parmi d’autres objectifs.

Le contexte jordanien : du national au local

Au niveau national, la Jordanie a enregistré dernièrement des progrès, bien que modérés,  pour ce qui en est des efforts pour la promotion des femmes à la direction des postes de direction politique, soit exécutive que législative :  le nombre de femmes occupant des portefeuilles ministériels dans le gouvernement actuel d’Omar al-Razzaz (14 juin 2018 – jusqu’à présent) a augmenté à 25% – en comptant 7 femmes sur 28 ministres –  par rapport au gouvernement précédent qui comptait 2 ministres femmes sur un total de 29 ministres, soit le 6,8%.[3]  Quant aux dernières élections législatives en 2016, les femmes ont remporté 15,38% des sièges, c’est-à-dire 20 sièges sur 130, [4] dont cinq ont été remportés sur la base de la concurrence électorale et les autres grâce au système de quotas imposé en 2012: [5] ce résultat est considéré par Al-Anwar comme le meilleur taux de participation politique des femmes jordaniennes jusqu’à présent. Les élections de novembre 2020 établiront probablement une référence pour comprendre le rythme de cette progression et établir des nouveaux mécanismes d’analyse pour les années à venir.

En ce qui concerne le gouvernorat de Ma’an, les femmes n’ont emporté aucun des sièges attribués à la circonscription électorale générale exemptes du système de quotas, tandis qu’une seule femme a obtenu un siège inclus dans le système de quotas.[6]

Ma’an représente dans ce sens un cas assez typique. En faite, au niveau local, la participation politique des femmes dans la totalité du territoire jordanien s’est triplée au cours des quinze dernières années par le biais du système de quotas, à l’exception des gouvernorats. Les élections des conseils municipaux et des gouvernorats du 2017 présentent les résultats suivants :

  • pour les conseils municipaux : 616 hommes et 441 femmes, dont 124 élues avec concurrence directe et 317 grâce au système des quotas ;
  • pour les conseils locaux : 1196 hommes et 555 femmes, dont 231 élues avec concurrence directe et 324 grâce au système des quotas ;
  • pour les conseils des gouvernorats : 263 hommes et 36 femmes, dont 4 avec concurrence directe et 32 femmes élues grâce à l’imposition du système des quotas.[7]

Sur les douze gouvernorats de Jordanie, le gouvernorat de Ma’an – le plus grand au niveau de la superficie mais onzième au niveau de la population – présentent la représentation politique féminine suivante, sur les différents espaces électoraux : 33.8% des femmes dans les conseil municipaux (la plus bas au niveau national) ; 27.8% des femmes élues dans les conseils locaux ; 11.1% des femmes élues dans les conseil du gouvernorat.[8]

L’utilisation des quotas reste controversée en Jordanie, comme dans la plupart des pays.  Étant donné que les quotas sont considérés comme des « mesures temporaires spéciales », on a tendance à penser souvent qu’ils ne sont plus nécessaires après un ou plusieurs cycles électoraux si la représentation des femmes a augmenté. [9] Cette logique suppose que puisque la représentation des femmes a augmenté, elle ne fera que continuer à le faire, et que le quota n’est plus indispensable. Ce type de réflexion peut constituer un facteur de risque[10] qui ne tient pas compte de l’influence significative des normes sociales sur les possibilités politiques des femmes, de leurs évolutions et des temps nécessaires pour que les changements souhaités se réalisent.

Perceptions et obstacle dans le gouvernorat de Ma’an

Le questionnaire de l’enquête du diagnostic réalisé par Al-Anwar est précisément consacré à la question des normes sociales en Jordanie influençant la pérennisation des stéréotypes de genre, dans le gouvernorat de Ma’an. Hormis les nombreuses études citées qui soulignent comment les femmes en Jordanie sont confrontées à un taux élevé d’analphabétisme, ce qui conduit à leur participation réduite au marché du travail et à taux de chômage élevés, à un faible niveau de vie,[11] et mettent en évidence que les femmes intériorisent les stéréotypes de genre, manquent d’ambition et de confiance en elles, sont la cible des discriminations tribales et que, pour cela aussi, beaucoup d’elles abandonnent leur emploi[12], le diagnostic s’appui également sur l’étude de Safaa Al Shuweihat – menée pour déterminer le niveau d’acceptation de la présence de femmes aux postes de direction et l’intensité des barrières sociales et culturelles du point de vue des étudiant.e.s universitaires jordanien.ne.s – qui a révélé que les étudiant.e.s universitaires soutiennent fortement la position selon laquelle les femmes puissent et doivent occuper des postes de direction, et estiment que l’intensité des barrières sociales est modérée. Elle a également montré que les étudiantes étaient plus ouvertes aux femmes occupant des postes de direction que les étudiants, alors que les étudiants pensaient que l’intensité des barrières sociales était plus élevée, par rapport aux étudiantes.[13]

Par contre, l’étude d’Al-Anwar présent des résultats différents, en montrant une attitude socioculturelle en moyenne plus conservatrice à Ma’an, comparée à celle du groupe cible des jeunes universitaires interviewées par Al Shuweihat que bénéficient d’une éducation internationale permettant la mixité des genres. Aux variables de perceptions analysées par les questionnaire pour mesurer le degré d’acceptation ou consentement de la société des femmes au pouvoir, les questions portant sur «j’accepte qu’une femme soit gouverneure/ambassadrice du pays/Premier Ministre/ chef de mon clan» ont reçu des estimations d’acceptation très faibles (entre 1.9 et 1.4 sur 5). Il a été constaté par Al-Anwar que les groupes sociaux et les communautés de Ma’an ont souvent du mal à accepter ce qui représente la nouveauté lorsqu’il s’agit du Royaume en général ou du gouvernorat en particulier.[14]

En ce qui concerne une deuxième question de l’enquête qui porte sur l’identification des obstacles empêchant les femmes d’occuper des postes de direction, les estimations des variables qui mesurent les contraintes socio-culturelles à l’exercice du pouvoir par les femmes se révèlent le plus élevées dans le cadre des affirmations suivantes, à titre explicatif :« la maison est le royaume de la femme et elle ne dispose pas du droit de le quitter sauf impératif », « les coutumes et les traditions requièrent que les femmes prennent soin de la maison ».[15]

Certaines tendances et méthodes d’éducation – dérivées souvent d’une interprétation politique et religieuse instrumentale – persistent à propager l’idée que l’unique rôle des femmes s’inscrit dans le contexte de la famille, et nient leurs rôles multiples dans la société.[16] Les femmes, en plusieurs territoires jordaniens, s’avèrent être influencées par ces pensées et ne sont pas encouragées à participer aux activités de la vie publique; par conséquent, elles n’accèdent pas non plus à des postes de décision.[17]

Rabaa Krishan, enseignante du Centre des Langues et de Communication culturelle à l’Université Al-Hussein Bin Talal, estime que des raisons variées ont conduit à de telles contraintes, notant que la société de Ma’an n’accorde ni la confiance ni le soutien nécessaire aux femmes: en plus du manque de soutien des femmes entre elles – causé par l’influence de la culture patriarcale –  les femmes ne disposeraient pas des compétences nécessaires pour persuader les autres, ce qui permet au même système de maintenir cet « ordre ».[18]

À cette égard, le diagnostic souligne que l’un des obstacles principaux serait l’insuffisante promotion par les médias des questions qui touchent les femmes au niveau politique et législatif, y compris leurs réussites, d’où viendrait la méconnaissance des femmes des lois et règlements (la Constitution stipule que les Jordaniens sont égaux devant la loi, et affirme le principe de l’égalité des chances dans les fonctions publiques ; la loi électorale autorise les hommes et les femmes à participer à la vie publique, soit en votant, soit en se présentant comme candidat.e.s. Par ailleurs, on a vu qu’il existe le principe du quota pour les sièges supplémentaires), ainsi que l’échec des partis politiques et des OSC qui ne facilitent pas l’accès des femmes aux structures de pouvoir plus élevées.[19] Cela signifie que les législations plus inclusives ont eu peu d’impact sur l’occupation des postes de direction par les femmes, dans le contexte local analysé par Al-Anwar.[20]

Des entretiens menés par l’OCDE en 2018 ont également révélé que les femmes du Sud de la Jordanie sont davantage entourées par des idéologies conservatrices concernant leurs rôles, notamment dans la dimension de la représentation et la participation politique. Par exemple, lors des discussions sur les moyens possibles pour les candidates de toucher leurs électeurs et électrices autrement qu’en leur rendant visite physiquement (puisque dans les régions plus conservatrices, il est socialement tabou pour les femmes de faire du porte-à-porte pour faire campagne ou d’organiser des dîners privés, le soir),  les femmes de Ma’an ont également considéré comme inappropriées des mesures moins directes, telles que les appels téléphoniques aux électeurs et électrices potentielles ou l’utilisation des médias sociaux.[21]

Il est utile de mentionner que les taux de pauvreté par gouvernorat en Jordanie atteignent le pourcentage le plus élevé dans le gouvernorat de Ma’an[22], et que la Jordanie a le taux de  participation des femmes au marché du travail (FLFP) le plus faible au monde parmi les pays qui ne sont pas en guerre, malgré le fait que le gouvernement jordanien et les partenaires de développement aient investi massivement dans la promotion de l’inclusion économique des femmes.[23] Dans ce cadre, le diagnostic d’Al-Anwar permet de mieux comprendre certaines contraintes très pertinentes qui empêchent les groupes exclus, tels que les femmes et les filles, d’avoir des chances égales d’améliorer leur qualité de vie en Jordanie.

Réflexions et recommandations politiques

Suite à l’analyse des résultats de l’enquête de terrain, intégré avec les discussions de groupes, la consultation de personnel expert et la documentation théorique, l’étude d’Al-Anwar aboutit à une série de recommandations:[24]

  • promouvoir la coopération entre les médias officiels et non-officiels, les OSC et les établissements d’enseignement secondaires et universitaires, afin de sensibiliser les publics sur les stéréotypes de genre, de lutter contre les traditions culturelles et sociétales inhibant l’auto-détermination des femmes et de remettre en question les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes ;
  • prévoir des mécanismes de plaidoyer pour demander aux responsables politiques, des partis et communautaires, de contribuer à transformer l’image stéréotypée des femmes, et de les soutenir dans l’autonomisation politique et socio-économique ;
  • réviser et transformer l’image des femmes dans les manuels scolaires et universitaires, modifiant les contenus afin de mettre en avant la capacité et la légitimité des femmes à occuper des postes de direction, et souligner leur rôle dans le développement de la société ;
  • assurer la présence des femmes dans les évènements internationaux et communautaires et organiser des rencontres avec les étudiant.e.s dans les écoles et les universités afin de valoriser leurs capacités et leurs qualifications dans tous les aspects de la vie ;
  • œuvrer pour des nouvelles lois électorales qui encouragent les coalitions et créent des opportunités pour les femmes afin qu’elles concourent plus aisément aux élections dans le but d’accélérer le changement social, en Jordanie et dans le gouvernorat de Ma’an en particulier ;
  • intégrer les femmes dans le processus de développement, améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles, à travers de programmes en partenariat avec les organisations internationales de la société civile et les institutions gouvernementales. Cette mesure permettrait d’améliorer la qualité des services dans le gouvernorat de Ma’an, d’assurer le développement local et d’améliorer le niveau de vie de sa population, ce qui aurait des répercussions positives sur la jouissance des femmes de leurs droits.

Références

[i] L’enquête – constituée grâce à groupes de discussion et un questionnaire en deux parties pour évaluer l’acceptation de la société des femmes au pouvoir et identifier les obstacles à la leadership féminine – a été menée auprès de 419 personnes du gouvernorat de Ma’an (président-e-s d’OSC, activistes, étudiant-e-s universitaires, journalistes, fonctionnaires publics, professeures et avocat-e-s) en juillet et août 2018.

[1] Fondation  des Femmes de l’Euro-Méditerranée (2016) «Les pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes sont présentés aux responsables politiques et autres acteurs euro-méditerranéens» – 18/10/2016. URL : https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/news/view/6131/les-poles-locaux-acteurs-egalite-femmeshommes-sont-presentes-responsables-politiques-autres-acteurs-euromediterraneens

[2] Fondation  des Femmes de l’Euro-Méditerranée (2017) «Rencontre avec les 7 associations qui analyseront la situation des femmes en 2018” – 22/12/2017». URL: https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/news/view/7484/rencontre-avec-7-associations-qui-analyseront-situation-femmes-en-2018

[3] Site officiel du gouvernement jordanien, par date de formation. URL : http://www.pm.gov.jo/byFormationDate

[4] Site officiel du Parlement Jordanien, liste des membres. URL:http://www.representatives.jo/ar/%D9%85%D8%AC%D9%84%D8%B3/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AC%D9%84%D8%B3-%D8%A7%D9%84%D9%86%D9%8A%D8%A7%D8%A8%D9%8A-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D8%A7%D9%85%D9%86-%D8%B9%D8%B4%D8%B1

[5] Article 51 de la loi n° 25 de 2012 sur Loi sur l’élection à la Chambre des représentants. URL : http://www.jordanpolitics.org/uploads/635463750512795199.pdf

[6] Al-Anwar Women Charity Society (2018) « Les femmes au pouvoir : perceptions locales et obstacles à Ma’an », Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée, diagnostic de terrain 21, cycle 3. p.14. URL :  https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8743/diagnostic-terrain-les-femmes-au-pouvoir-perceptions-locales-obstacles-a-maan-jordanie

[7] Al-Hayat Centre (2017), «RASED Analysis on the Representation of Women in Municipal Governorate Council Elections 2017». URL: http://www.hayatcenter.org/uploads/2017/09/20170907131130en.pdf

[8] Ibidem.

[9] OECD (2018), « Women’s Political Participation in Jordan – Barriers, Opportunities and Gender Sensitivity of Select Political Insitutions », MENA-OECD Governance Programme with the Jordanian National Commission for Women, p. 69. URL : https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/9305/womens-political-participation-in-jordan-barriers-opportunities-and-gender-sensitivity-of-select-political-institutions

[10] Ibidem.

[11] Kreishan, F.; Al-Awad, A. (2011). « Economic and Social Reality of Women in Ma’an Governate », An-Najah University Journal for Research (Humanities), V. 25, Issue No. 4, P. 821-848. URL : https://journals.najah.edu/article/177/

[12] Al-Hussein, I. (2011). « Attributes and Skills of Leading Jordanian Women and Obstacles They Face », Damascus University Journal, Volume 27, Issue No. 3, P. 413-473.

[13] Al Shuweihat, S. (2017). « Social and Cultural Barriers Hindering Educated Women from Assuming Leadership Positions, from GJU Students’ Perspective », Jordan Journal of Social Sciences, V.10, Issue No. 1, P. 99-118.

[14]  Al-Anwar Women Charity Society (2018) « Les femmes au pouvoir : perceptions locales et obstacles à Ma’an », Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée, diagnostic de terrain 21, cycle 3. p.16. URL :  https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8743/diagnostic-terrain-les-femmes-au-pouvoir-perceptions-locales-obstacles-a-maan-jordanie

[15] Ibidem, p. 18

[16] Al Maaitah R., Oweis A., Olimat H., Altarawneh I., Al Maaitah H. (2012). « Barriers Hindering Jordanian Women’s Advancement to Higher Political and Leadership Positions. »Journal of International Women’s Studies, 13(5), 101-122. URL: https://vc.bridgew.edu/jiws/vol13/iss5/10

[17] AL AHMAD, W. (2016). « Autonomisation politique des femmes arabes, étude comparative », Centre de recherche sur la recherche sociale et les études féministes, Riyadh. Du diagnostic surcité p. 18 URL :  https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8743/diagnostic-terrain-les-femmes-au-pouvoir-perceptions-locales-obstacles-a-maan-jordanie

[18] Al-Anwar Women Charity Society (2018) « Les femmes au pouvoir : perceptions locales et obstacles à Ma’an », Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée, diagnostic de terrain 21, cycle 3. p.20. URL :  https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8743/diagnostic-terrain-les-femmes-au-pouvoir-perceptions-locales-obstacles-a-maan-jordanie

[19] Ibidem

[20] Ibidem, p. 22

[21] OECD (2018), « Women’s Political Participation in Jordan – Barriers, Opportunities and Gender Sensitivity of Select Political Insitutions », MENA-OECD Governance Programme with the Jordanian National Commission for Women, p. 65, p.71. URL : https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/9305/womens-political-participation-in-jordan-barriers-opportunities-and-gender-sensitivity-of-select-political-institutions

[22] Lenner, K. (2013), «Poverty and Poverty Reduction Policies in Jordan» Atlas of Jordan : History, Territories and Society. Beyrouth: Presses de l’Ifpo,  pp. 335-343. URL: https://books.openedition.org/ifpo/5036

[23] World Bank (2018) «Hashemite Kingdom of Jordan Understanding How Gender Norms in MNA Impact Female Employment Outcomes». URL: https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/documents/view/9285/hashemite-kingdom-of-jordan-understanding-how-gender-norms-in-mna-impact-female-employment-outcomes

[24] Al-Anwar Women Charity Society (2018) « Les femmes au pouvoir : perceptions locales et obstacles à Ma’an », Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée, diagnostic de terrain 21, cycle 3. p. 24. URL :  https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8743/diagnostic-terrain-les-femmes-au-pouvoir-perceptions-locales-obstacles-a-maan-jordanie

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L’impact de la Covid-19 sur l’égalité hommes-femmes et les Objectifs de Développement Durable (ODD) https://www.wikigender.org/fr/wiki/limpact-de-la-covid-19-sur-legalite-hommes-femmes-et-les-objectifs-de-developpement-durable-odd/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/limpact-de-la-covid-19-sur-legalite-hommes-femmes-et-les-objectifs-de-developpement-durable-odd/#respond Fri, 17 Jul 2020 11:20:43 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=25357

Introduction

La pandémie liée à la Covid-19 constitue une menace sérieuse pour la réalisation des ODD liés au genre. Ses conséquences socio-économiques mettent en péril certaines des améliorations observées depuis 2015 en matière d’égalité hommes-femmes et d’autonomisation des femmes. Compte tenu de l’état d’avancement des ODD avant le déclenchement de la crise et de leurs liens les uns avec les autres, il est évident que les conséquences économiques et sociales de la pandémie vont exacerber les inégalités et les discriminations existantes à l’égard des femmes et des filles, en particulier des plus marginalisées. La crise d’Ébola (2014-2015) en Afrique de l’Ouest et l’épidémie de Zika (2015-2016) en Amérique latine ont révélé que les crises de santé publique peuvent mettre un frein aux politiques et aux réformes visant à transformer les relations entre les hommes et femmes. En effet, les crises privent les femmes de ressources nécessaires à leurs besoins tandis que ces mêmes crises accroissent les besoins auxquels font face femmes. Il est donc essentiel de prendre conscience de l’impact actuel du Covid-19 ainsi que de ses implications pour la réalisation des ODD si des mesures préventives ne sont pas prises.

Conséquences de la Covid-19 pour les ODD ayant un lien avec la condition des femmes et des filles

Compte tenu des vastes et multiples implications de la crise du Covid-19, tous les ODD, et en particulier les objectifs et indicateurs liés au genre, sont susceptibles d’être touchés. Reconnaître cet impact est une première étape essentielle pour concevoir des politiques de relance socio-économiques qui aideront à atteindre les ODD et l’égalité des sexes. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une liste exhaustive, si l’on considère le problème sous l’angle du genre, il est évident qu’au moins les ODD suivants souffriront de ralentissement, voire de recul :

ODD 8 – « Travail décent » : « Les femmes représentent environ deux tiers du personnel de santé dans le monde et […] environ 85 % des infirmières et des sages-femmes dans les 104 pays pour lesquels des données sont disponibles » (OCDE, 2020). Cette concentration sectorielle, ainsi que la surreprésentation des femmes dans certains secteurs tels que le commerce de détail et l’hôtellerie, signifie que les femmes sont exposées de manière disproportionnée à la Covid-19 au travail et sont plus touchées que les hommes par les mesures de confinement.

ODD 3 – « Bonne santé et bien-être » : En temps de crise sanitaire, les ressources allouées à la santé reproductive et sexuelle sont détournées et réorientées vers la réponse d’urgence. Comme constaté au cours de la crise d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-2015, cela a contribué à une augmentation de la mortalité maternelle dans les régions ayant de faibles capacités de soins de santé (Wenham, Smith et Morgan, 2020). Par exemple, en Sierra Leone, des études d’impact menées après la crise ont révélé une baisse drastique de l’utilisation des services de santé au cours de la crise, entraînant, selon les estimations les plus prudentes, 3 600 décès maternels, néonatals et mort-nés supplémentaires sur la période 2014-2015 (Sochas, Channon et Nam, 2017).

ODD 4 – « Une éducation de qualité » : La crise Ébola a également révélé une augmentation significative des grossesses adolescentes au cours de l’épidémie suite à la fermeture des écoles, se traduisant, en retour, par une augmentation du taux d’abandon scolaire – en particulier pour les mères adolescentes —  au cours de la période post-crise (Bandiera et al., 2019). En parallèle, l’augmentation à venir de la charge de travail non rémunéré et des tâches domestiques qui pèse sur les épaules des femmes et des filles – en particulier les soins rendus aux malades – aura probablement des conséquences importantes sur les perspectives d’éducation des filles.

ODD 2 – « Faim Zéro » : Dans les pays où les normes sociales impliquent une préférence pour les garçons plutôt que pour les filles, la pandémie pourrait amplifier ces préférences de plusieurs façons. Par exemple, dans des contextes de ressources alimentaires limitées, les ménages où les normes sociales discriminatoires sont répandues pourraient être amenés à privilégier les garçons par rapport aux filles, ce qui aurait une incidence négative directe sur le deuxième objectif stratégique. De même, dans un contexte de ressources limitées, la préférence pourrait être accordée aux garçons par rapport aux filles en matière d’éducation et de santé (ODD 3 et 4).

ODD 1 – « Pas de pauvreté » et ODD 10 – « Inégalités réduites » : Étant donné que les conséquences économiques de l’épidémie – par exemple les licenciements, la perte de revenus, la précarité de l’emploi – pourraient davantage toucher les femmes, une augmentation des niveaux de pauvreté des femmes dans le monde est très probable.

Conséquences de la Covid-19 pour l’ODD 5 en particulier

Plus spécifiquement, la pandémie aura de graves conséquences pour la réalisation de l’ODD 5, « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Avant la crise, on estimait que 2,1 milliards de filles et de femmes vivaient dans des pays qui n’atteindraient pas les cibles liées à l’égalité entre les sexes d’ici 2030 (Equal Measures 2030, 2020). Alors que le rythme des progrès commence à ralentir, les pays développés et en développement vont avoir besoin de plus de temps ainsi que de mesures fortes afin d’atteindre les cibles liées à l’égalité entre les sexes. Les cibles suivantes de l’ODD 5 seront en particulier gravement touchées :

ODD 5.1 sur l’élimination de « toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles » : D’après le SIGI (Social Institutions and Gender Index) de l’OCDE, de nombreuses nouvelles législations visant à renforcer l’égalité des sexes et à abolir les lois discriminatoires bénéficiaient d’engagements politiques croissants avant la crise (OCDE, 2019). Toutefois, la crise a paralysé la capacité de nombreux États à adopter à et mettre en œuvre de nouvelles lois.

ODD 5.2 sur l’élimination de « toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles » : Des données récentes révèlent que 18% des femmes dans le monde ont subi des violences physiques et/sexuelles de leur conjoint au cours des 12 derniers mois. De nouvelles données ajoutent que la violence domestique a augmenté au cours des mesures de confinement. Par exemple, la ligne d’assistance téléphonique nationale contre les violences domestiques du Royaume-Uni indique une augmentation de 25 % du nombre d’appels téléphoniques au cours de la première semaine de confinement et la multiplication par 1,5 des visites sur son site web (ONU Femmes, 2020).

ODD 5.3 sur l’élimination de « toutes les pratiques préjudiciables » : Avant la crise, les données suggéraient un déclin des mariages d’enfants en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne (Centre de développement de l’OCDE, 2019). La pauvreté induite par la pandémie pourrait engendrer une augmentation des mariages précoces et forcés. Dans le même temps, dans les pays à faibles revenus, la crise sanitaire va gravement compromettre les capacités et les ressources financières des gouvernements, ce qui aura des répercussions sur les capacités législatives et d’application de la loi de ces pays. Par exemple, les poursuites engagées contre les auteurs de mutilations génitales féminines risquent de s’atténuer, alors même que cette pratique semble s’être accrue depuis le début de la pandémie.

ODD 5.4 sur la reconnaissance et le partage des travaux domestiques non rémunérés : Avant l’épidémie de Covid-19, les femmes effectuaient déjà 75 % du travail domestiques non rémunéré dans le monde (Centre de développement de l’OCDE, 2019). La crise actuelle a souligné l’importance du rôle des individus qui s’occupent des personnes âgées ainsi que des personnes de santé fragile. En outre, dans de nombreux endroits, les écoles ont fermé, ce qui signifie que les enfants restent à la maison. Ces dynamiques contribuent à augmenter la charge de travail non rémunéré. Il sera probablement très difficile de revenir à la répartition d’avant la crise et presque impossible de parvenir à une répartition équitable du travail domestique non rémunéré entre les hommes et les femmes d’ici 2030.

ODD 5.6 sur la garantie de l’accès aux soins de santé sexuelle et aux droits en matière de procréation: La fourniture de produits de santé sexuelle et reproductive, y compris les protections hygiéniques, pourrait être affectée par la pression exercée sur les chaînes d’approvisionnement (UNFPA, 2020). La crise du Zika en Amérique latine mis en exergue le lien entre les gangs et l’accès des femmes aux soins gynécologiques, les réseaux informels prenant le contrôle de l’accès aux approvisionnements.

Conclusions

Alors que la crise de la Covid-19 se poursuit, la prise de conscience de son impact sur l’accomplissement des objectifs fixés dans l’Agenda 2030. Si les mois passés ont montré qu’il est toujours possible de s’adapter, il est maintenant essentiel de se pencher sur l’impact que les réponses apportées à la crise de la Covid-19 auront sur le développement humain à travers le monde. En tournant notre regard vers l’avenir, il est possible de comprendre que les mesures prises aujourd’hui seront fondamentales pour le futur. Cette prise de conscience s’accompagne de la possibilité d’élaborer des politiques publiques qui tiennent compte des inégalités entre les sexes et qui favorisent des redressements socio-économiques équitables.

Ressources supplémentaires de l’OCDE sur la Covid-19

Références

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Difficultés et avancements en matière de promotion de la participation politique des femmes en Palestine https://www.wikigender.org/fr/wiki/difficultes-et-avancements-en-matiere-de-promotion-de-la-participation-politique-des-femmes-en-palestine/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/difficultes-et-avancements-en-matiere-de-promotion-de-la-participation-politique-des-femmes-en-palestine/#respond Fri, 29 May 2020 14:40:47 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=24928

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro – Méditerranée

 

[toc]

Introduction

Malgré de nombreux progrès pendant les dernières années, les disparités de genre en Palestine restent très présentes dans différents contextes, notamment la participation politique et l’accès aux postes de décision, entraînant une discrimination à l’égard des femmes structurelle en termes d’égalité des chances politiques. Selon les données facilitées en 2018 par le King’s College, dans le secteur public palestinien le pourcentage de femmes qui occupent des postes de décision était limitée à 11,7 %, les femmes ne représentant que 16 % des sous-ministres, 3 % des sous-secrétaires adjoints et 12 % des directeurs généraux. Ce chiffre s’élevait à 22,7 % comme proportion de femmes occupant le poste de ministres, dont 5 femmes sur un total de 22 ministres en 2018[i], tandis que dans le dernier gouvernement palestinien formé en avril 2019, [ii] les ministres femmes sont 3 sur un total de 22 ministres.[iii]

L’association MIFTAH (the Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy) a coordonné en 2017 le pôle local d’acteurs de l’égalité femmes-hommes (cycle 2), un projet mis en place par la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerrnaée, en partenariat avec l’IEMed (Institut Européen de la Méditerranée). Dans ce cadre, MIFTAH a mené une étude[1] concernant la participation des femmes dans le système politique palestinien, en jetant une lumière sur les difficultés structurelles d’un système qui, à cause des conflits ouverts vécus premièrement aux niveaux politico-gouvernemental, montre les défis et les opportunités au sein du chemin que la participation démocratique des femmes devrait parcourir pour prendre sa place en tant qu’élément constitutif de ce système politique.

À travers le travail de MIFTAH, cet article interroge la dimension structurelle des obstacles à l’accès des questions de genre et des femmes dans le système politique palestinien, en se focalisant sur la centralité de la question constitutionnelle et de la législation, et réfléchit également aux efforts complémentaires de promotion d’une perspective de genre et d’une authentique participation politique féminine en Palestine.

La centralité de la question constitutionnelle dans le système politique

Afin d’historiciser le processus constitutionnel palestinien et contextualiser l’importance du lien entre un système politique et sa légitimité pour examiner les questions de genre, il est utile de mentionner le document constitutionnel transitionnel connu avec le nom de Basic Law avant de traiter le cadre actuel marqué par le projet de Constitution de 2016.

La BL (Basic Law) est un document constitutionnel transitoire, rédigé en raison de certaines circonstances historiques et officiellement approuvé en juillet 2002.[iv] Il s’agit du cadre constitutionnel de l’Autorité palestinienne (AP), l’organisme qui gouverne le peuple palestinien en Cisjordanie et Gaza. L’AP a été créée par un accord entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)[2] et le gouvernement d’Israël : les accords d’Oslo de 1993 et plus tard les accords d’Oslo 2 de 1995.[v] Ratifiée avec beaucoup de retard, la Basic Law avait facilité la centralisation du pouvoir entre les mains du président, ce qui n’était pas un problème majeur jusqu’au moment où la communauté internationale a insisté pour diviser le pouvoir exécutif entre un Premier ministre et le président Arafat en 2003.  Malgré cette intervention, les pouvoirs se sont encore concentrés dans le bureau du président en raison de la crise qui a suivi les dernières élections du Conseil législatif palestinien (PLC), qui ont eu lieu en janvier 2006 et ont vu le Hamas – mouvement islamiste palestinien – remporter une majorité de sièges au Conseil législatif. Cette victoire du Hamas n’a pas été appréciée au niveau international et l’aide étrangère a été largement supprimée, provoquant, entre autres, une impasse politique et la suspension du PLC. [vi] Il faudrait à ce propos préciser que ces dernières élections du Conseil législatif palestinien avaient vu 17 femmes élues sur 132 sièges totales, dans un système de quotas fortement restrictif et discriminatoire en termes de genre.[vii]

Après neuf ans de régime présidentiel par décret, commencé en raison du conflit ouvert avec le Hamas, le président palestinien Mahmoud Abbas, le 3 avril 2016, a pris la décision d’établir la première Haute Cour constitutionnelle palestinienne. L’objectif était d’assurer un suivi juridique des règles et règlements constitutionnels définissant les pouvoirs des autorités, ce qui aurait représenté un moment crucial pour la politique interne de la Palestine et ses arrangements constitutionnels, y inclus pour ce qui concerne la dimension de genre, mais en 2018 le nouveau système semi-présidentiel était encore loin de fonctionner.[viii] Néanmoins, en décembre 2018 la cour constitutionnelle, créée en 2016, a officiellement dissous le Conseil législatif palestinien en l’écartant de la scène politique. Le vide constitutionnel résulté de cette manœuvre a rendu les capacités législatives du gouvernement palestinien impuissantes. En effet, avant la décision de la cour, les lois en Palestine étaient promulguées par décret présidentiel grâce à l’article 43 de la BL (Basic Law);[3] cependant, cet article constitutionnel n’est valable que lorsque le PLC n’est pas en session : le PLC étant dissous, le président ne peut plus faire de lois juridiquement contraignantes.[ix]

Malgré cette condition de l’article 43, le président Abbas a continué à l’utiliser pour promulguer des décrets ayant pouvoir de loi, y compris pour promulguer à plusieurs reprises des lois qui promeuvent les droits des femmes en Palestine, leur participation électorale et leurs droits civiques et socio-économiques.

Techniquement, comme noté par Sanaa Alsarghali lors d’une intervention « The Constitution We Desire ? A Women’s Perspective »[x] organisée par MIFTAH en juin 2019,  pour que ces récents décrets en faveur des femmes aient un impact durable et force de loi, ils doivent être présentés au PLC (une fois qu’il aura été re-convoqué) lors de sa première session et approuvés par le même ; c’est pourquoi les organisations féministes en Palestine tiennent à s’assurer que les récents avancées en matière de droits des femmes soient codifiées dans la nouvelle constitution indépendamment du résultat de la première session du PLC,[xi] disparu de la scène politique et déjà inscrit dans un mécanisme largement défaillant auparavant.

En septembre 2016, la rédaction du nouveau projet de constitution palestinienne a été achevée, mais n’a pas encore été mise en pratique. Bien que plusieurs éléments de promotion de la participation politique des femmes aient été insérés (comme par exemple l’introduction du système des quotas au 30%), de nombreux observateurs craignent que ce nouveau projet de constitution ne reprenne pas de nombreuses questions et problèmes existants dans la loi fondamentale (Basic Law) actuelle, qui ne comporte pas beaucoup de mentions à la participation politique effective des femmes, ni perspective de genre, à l’exception de la déclaration du principe d’égalité devant la loi et le pouvoir judiciaire à l’article 9.[xii] Les critiques au nouveau projet constitutionnel vis-à-vis de la question de genre peuvent être résumées dans la non-reconnaissance effective de :

  • la participation égalitaire des femmes ;
  • l’alignement sur les conventions internationales (telles que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes – CEDAW, l’accord de Pékin, la Convention sur les droits de l’enfant) ;
  • la compatibilité de genre dans la constitution, notamment dans sa formulation.[xiii]

Les quelques éléments susmentionnés fournissent déjà des exemples limpides pour comprendre la difficile accessibilité au fonctionnement législative palestinien auxquels les associations et les organes qui travaillent pour l’inclusion du genre comme priorité publique doivent faire face.

Avec un cadre légal et constitutionnel représentant en soi un obstacle, les mouvements féministes en Palestine, tout en poursuivant les revendications pour une transformation législative nationale plus inclusive, ont essayé d’autres chemins pour permettre la reconnaissance officielle de la participation politique des femmes, comme le prochain paragraphe essaiera d’illustrer.

Simultanément, les femmes et les filles palestiniennes ont depuis longtemps utilisé les manifestations publiques citoyennes, même dans un contexte de répression multiple plutôt singulier,[xiv] pour faire progresser les instances de participation et liberté féminines, formellement freinées par un système politique extrêmement restrictif et non-légitime à l’égard de la citoyenneté.

La participation politique des femmes en Palestine : d’autres chemins vers l’égalité

L’urgence d’adresser la fragmentation légale palestinienne et d’unifier les lois a été reprise également en tant que nœud central lors de la considération du rapport de l’État de Palestine par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes du 11 juillet 2018.[xv]  En effet, la Palestine a accédé officiellement à la Convention CEDAW le premier avril 2014,[xvi] déjà signée par le président Mahmoud Abbas le 8 mars 2009.

En outre, elle a développé un Plan d’Action National concernant la résolution UNSCR 1325 sur les Femmes, la Paix et la Sécurité pour la période 2017-2019 dirigé par le ministère palestinien en charge des questions de genre (Women’s Affairs): ce plan intègre les orientations de la Stratégie de plaidoyer pour les femmes, la paix et la sécurité (FPS ou WPS), qui a été élaborée par la Coalition nationale pour la mise en œuvre de la RCSNU 1325 en 2015.[xvii] Visant en premier lieu à protéger les femmes et les filles palestiniennes des violations de l’occupation israélienne –  inévitable source de discrimination intérsectionnelle –, et travaillant pour accroître la participation des femmes au rétablissement de la paix et à la résolution des conflits en intégrant leurs points de vue dans les accord de réconciliation et en traitant l’impact des conflits sur les femmes,[xviii] le Plan met bien en évidence que, pour que les opportunités pour les femmes puissent s’affirmer dans l’espace politique, il faut envisager la création de mécanismes institutionnels et d’une infrastructure juridique pour les mettre en œuvre. [xix] Cette vision devrait s’articuler « autour de la démocratie, de la justice et du respect des droits humains des femmes afin de mettre en place un système social, sanitaire et éducatif adapté pour assurer une participation féminine active et authentique et faire progresser la société aux niveaux politique, social et économique ».[xx]

Le bureau de l’UNESCO à Ramallah, également, travaille pour l’alignement de la législation nationale palestinien sur les traités internationaux concernant l’égalité de genre. À cette égard,  il a travaillé à la reconnaissance du statut juridique du Gender Policy Institute rendu possible grâce à la ministre en charge de l’égalité de genre, Amal Hamad, qui a émané le 10 juin 2019 un décret gouvernemental accordant à l’Institut le statut juridique nécessaire pour en faire une entité nationale palestinienne autonome, une manœuvre juridique implémentée pour la premier fois dans toute la région MENA.[xxi]  Le focus de l’Institut sera le renforcement de la responsabilité en matière d’égalité des genre à travers l’élaboration de politiques efficaces et leur mise en œuvre en partenariat avec les institutions de l’Autorité palestinienne, les OSC et les universités, avec l’objectif de contribuer à orienter le débat politique.[xxii]

Parmi d’autres mesures, le nouveau gouvernement de Mohammad Shtayyeh, élu premier ministre de l’Autorité Palestinienne le 10 mars 2019,[xxiii] a adopté en novembre une loi fixant l’âge minimum du mariage à 18 ans pour les deux sexes afin de réduire les taux de mariage précoce, et protéger les droits à l’éducation des filles palestiniennes.[xxiv]

Ces épisode et évolutions décèlent l’implication gouvernementale à l’égalité de genre et à la promotion des droits des femmes, mais n’éclipsent pas les empêchements d’un système étatique complexe comme celui palestinien.

Cela dit, beaucoup des récentes manouvres (parmi lesquelles, les susmentionnées) représentent des véritables avancements en terme d’égalité et permettent la promotion officielle d’une perspective de genre aux niveaux politiques, socio-économiques et culturels, bien que plusieurs estiment que ce processus n’adresse pas les inégalités structurelles vécues par le femmes et le filles palestiniennes de manière directe et se développe au sein d’un système de législations satellitaire qui exclut, comme analysé précédemment, la Constitution.

La question de la légitimité du système de l’État palestinien (dont le processus constitutionnel représente un symbole) au sein de l’occupation israélienne, reste aux faites un obstacle primordial.  La dimension hégémonique du système politique israélo-palestinien pèse doublement sur les femmes, ayant celle-ci pour résultat, parmi beaucoup d’autres effets, l’empêchement de la facilitation de possibles synergies entre les luttes et les avancements des femmes d’Israël et de Palestine, ou de transformations potentielles aptes à la création d’un terrain commun qui pourrait avoir un haut pourcentage de probabilité d’être un terrain fertile.[xxv]

Le regard de MIFTAH

Au même temps, et pour revenir sur la question du système étatique palestinien et sa légitimité, l’association MIFTAH a reconnu comme entraves au changement ce que l’on peut appeler une attitude à «privilégier la lutte politique et négliger la lutte sociale » : « les programmes de l’OLP et ceux de diverses factions et partis politiques palestiniens accordent la priorité à la lutte politique et militaire, la lutte contre l’occupation, la libération du territoire et la création d’un État palestinien tout en négligeant la lutte sociale. Ils ne prennent pas en compte le type d’État et de société qu’ils veulent, ni les droits et les obligations, ni la justice et l’égalité ».[xxvi]

La majorité des factions politiques ne prêteraient pas d’attention aux luttes sociales, selon l’association palestinienne, puisqu’il s’agirait de questions qui peuvent attendre la libération de la Palestine et qui pourraient être traitées après la création d’un État : « la faible représentation des femmes aux postes de direction et de décision découle également de cette réflexion et du fait que les questions sociales, de la justice et de l’égalité, et des droits en général, sont négligées ».[xxvii]

Dans un contexte dans lequel il semble important de pouvoir catégoriser la lutte pour les droits de femmes sous l’angle sociale ou l’angle politique, qui se chevauchent aisément, s’instaure la nécessité d’établir des priorités parallèles pour poursuivre l’égalité de genre pour les femmes palestiniennes.

C’est pourquoi, parmi les recommandations proposées par MIFTAH dans le cadre de l’étude conduit en 2017, figure l’exigence d’élaborer une vision, des projets et de plans de la part des mouvements féministes et les mouvements des jeunes qui leur soient propres et « qui leur permettent de mettre en place des mécanismes pour obtenir des droits, établir un programme de travail, formuler des demandes spécifiques et lancer des programmes visant à créer une société dans laquelle les femmes et les jeunes jouent un rôle important ». [xxviii]

Centrales restent les efforts visant à reformer le système politique palestinien (notamment les systèmes électoraux des organes du Conseil National Palestinien et de l’Organisation de la libération de la Palestine), à travers lesquels MIFTAH plaide pour des dialogues axés sur l’égalité des droits des femmes et des jeunes en termes de participation à la vie politique, et se plaint de la lenteur de l’action politique dans ce domaine établissant un système encore profondément inégalitaire.[xxix]

Conclusion

Les obstacles auxquelles les femmes et les filles palestiniennes doivent faire face au niveau politique présentent des caractères de criticité uniques, indiquant que le chemin pour atteindre l’égalité dans la participation politique des femmes pourrait être encore longue, comme dans beaucoup d’autres pays du monde. Toutefois, la citoyenneté palestinienne dans son ensemble poursuit un gros travail de plaidoyer multidimensionnel qui est en train de donner des résultats pour et grâce aux nouvelles générations, ainsi qu’aux efforts des organisations de la société civile ayant pour but de mettre fin à toute forme de discrimination envers les femmes en Palestine, tout d’abord en rappelant les responsabilités politiques institutionnelles dans la favorisation d’un système plus égalitaire.

References

[1] Le diagnostic de terrain « Promouvoir la Participation des Femmes et des Jeunes dans le Système Politique Palestinien » s’inscrit dans l’Axe 1 « Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité » du Fonds de solidarité prioritaire « Femmes d’avenir en Méditerranée » financé par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, dans le cadre du projet « Développer l’autonomie des femmes » labellisé par l’Union pour la Méditerranée.

[2] L’OLP est l’organisation politique reconnue par les Nations Unies et la Ligue arabe comme la seule représentante légitime du peuple palestinien en Palestine et à l’étranger. L’OLP a été créée en 1964 pour représenter le peuple palestinien auprès des instances internationales, suite au premier Congrès Conseil national palestinien qui s’est tenu à Jérusalem sur la base d’une décision du Sommet de la Ligue arabe qui a eu lieu en 1964 au Caire.

[3] Article 43 de la loi fondamentale (Basic Law) : « Le président de l’Autorité nationale a le droit, dans les cas de nécessité qui ne peuvent être retardés, et lorsque le Conseil législatif n’est pas en session, d’émettre des décrets ayant force de loi. Ces décrets sont présentés au Conseil législatif lors de la première session convoquée après leur promulgation ; dans le cas contraire, ils cesseront d’avoir force de loi. Si ces décrets sont présentés au Conseil législatif, comme mentionné ci-dessus, mais ne sont pas approuvés par ce dernier, ils cessent d’avoir force de loi. » Traduction du Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée. URL : https://www.palestinianbasiclaw.org/basic-law/2003-amended-basic-law

[i] Samaroo, D. (2018), « The Political Participation of Palestinian Women in Official and Non-Official Organizations in Limited Horizon » – International Centre for the Study of Radicalisation, Department of War Studies, King’s college London, pp. 9-10. URL: https://icsr.info/wp-content/uploads/2018/12/KPMED-Paper_The-Political-Participation-of-Palestinian-Women-in-Official-and-Non-Official-Organizations-in-Limited-Horizon.pdf

[ii] WAFA – Palestininan News & Info Agency (2019) « New 18th Palestinian government sworn-in » 13/4/2019. URL : http://english.wafa.ps/page.aspx?id=E6QPXqa110069282697aE6QPXq

[iii] State of Palestine, Coucil of  Ministers (2019) « The Eighteenth Government ». URL: http://www.palestinecabinet.gov.ps/portal/Government/indexEn#

[iv] Biagi F., Mansari A., Alsarghali, S. (2019) « Constitutional Principles in Palestine – Expanded Workshop Proceedings 2019/06/25 », MIFTAH the Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy, 31/11/2019, p. 29. URL: http://www.miftah.org/Publications/Books/Constitutional_Priniciples_in_Palestine_wrokshop_proceedings_June_2019_English.pdf

[v] Israel Ministry of Foreign Affairs (1995), « The Israeli-Palestinian Interim Agreement, 28/09/1995 ». URL: https://mfa.gov.il/mfa/foreignpolicy/peace/guide/pages/the%20israeli-palestinian%20interim%20agreement.aspx

[vi] Précité, « Constitutional Principles in Palestine » (2019), p.30

[vii] International Insitute for Democracy and Electoral Assistance « Gender Quota Database, State of Palestine » URL : https://www.idea.int/data-tools/data/gender-quotas/country-view/246/35

[viii] Précité, « Constitutional Principles in Palestine » (2019), p.30-31

[ix] Ibidem.

[x] Leçon de Sanaa Alsarghali au sein de la conférence « Constitutional Principles »  tenue par MIFTAH en collaboration avec le centr Constitutional Studies Centre at An-Najah National University et l’association Women Media and Development Association le 25/06/2019. URL: http://www.miftah.org/Publications/Books/Constitutional_Priniciples_in_Palestine_wrokshop_proceedings_June_2019_English.pdf

[xi] Précité, « Constitutional Principles in Palestine »  (2019),  p.33

[xii] Basic Law of the Palestinian National Authority, publiée à Ramallah le 18 mars 2003. URL : https://www.palestinianbasiclaw.org/basic-law/2003-amended-basic-law

[xiii] Précité, « Constitutional Principles in Palestine » (2019),   p.46

[xiv] Barghouti, M. (2020) « Il est temps d’en finir avec l’Autorité de Ramallah », Union Juive Française pour la Paix  – 08/02/2020. URL : http://www.ujfp.org/spip.php?article7672&lang=fr

[xv] Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme – HCDH (2018), « Committee on the Elimination of Discrimination against Women considers the report of the State of Palestine » 11/07/2018. URL : https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=23377&LangID=E

[xvi] Nations Unies (2017) « Conventions sur l’éliminations de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes  CEDAW/C/PSE/1 » – Examen des rapport soumis par les États parties en application de l’article 18 de la Convention et conformément à la procédure simplifié de présentation des rapports – Rapports initiaux des États attendus en 2015 – État de Palestine. 24/05/2017. URL : https://digitallibrary.un.org/record/1306786

[xvii] State of Palestine, Ministry of Women’s Affairs (2017) « Tha National Action Plan for the Implementation of UNSCR 1325 », Women, Peace and Security – Palestine 2017 – 2019. URL : http://peacewomen.org/action-plan/national-action-plan-palestine

[xviii] Ibidem, p. 6.

[xix] Women’s International League for Peace and Freedom (2017), « National Action Plan : Palestine », United Nations Office – PeaceWomen URL : http://peacewomen.org/action-plan/national-action-plan-palestine

[xx] Ibidem.

[xxi] UNESCO National Office for Palestine (2019) « UNESCO and the Ministry of Women’s Affairs officially established the first Gender Policy Institute in Palestine and the Arab Region » – 18/06/2019. URL: https://en.unesco.org/news/unesco-and-ministry-womens-affairs-officially-established-first-gender-policy-institute

[xxii] UNESCO National Office for Palestine (2019) « UNESCO and the Government of Norway officially handed-over the Gender Policy Institute (GPI) to the Ministry of Women’s Affairs (MoWA) » -14/10/2019. URL : https://en.unesco.org/news/unesco-and-government-norway-officially-handed-over-gender-policy-institute-gpi-ministry-womens

[xxiii] European Council on Foreign Relations: Mapping Palestinian Politics – ECFR online project. URL : https://www.ecfr.eu/mapping_palestinian_politics/detail/mohammad_shtayyeh_prime_minister

[xxiv] Abumaria D. (2019) « PA outlaws child marriage » – The Jerusalem Post – 15/11/2019. URL : https://www.jpost.com/Middle-East/PA-Outlaws-Child-Marriage-606874

[xxv] The New Arab (2020) « The four Palestinian women behind stunning Joint List surge in Israel’s elections » -13/03/2020. URL : https://english.alaraby.co.uk/english/news/2020/3/13/the-palestinian-women-behind-joint-lists-israeli-election-surge

[xxvi] The Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue and Democracy – MIFTAH (2017), « Promouvoir la participation des femmes et des jeunes dans le système politique palestinen » – Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée & IEMed Institut Européen de la Mèditerranée, Diagnostic de terrain 9, 2ème cycle, p. 16. URL : https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7455/diagnostic-terrain-promouvoir-participation-femmes-jeunes-dans-systeme-politique-palestinien

[xxvii] Ibidem.

[xxviii] Ibidem, p. 19

[xxix] Ibidem, p. 18

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Le changement climatique et les oasis tunisiennes de Tozeur: une opportunité pour renforcer le leadership et l’activité économique des femmes https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/#respond Mon, 28 Oct 2019 15:04:08 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=24004

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 28 octobre 2019

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Introduction 

Dans son dernier rapport « Le climat mondial en 2015-2019 », l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a averti que le réchauffement planétaire s’accélère, de même que les caractéristiques y associées telles que l’élévation du niveau de la mer, la diminution de la glace de mer, la fonte des glaciers, et les événements extrêmes tels que les vagues de chaleur, les sécheresses, les glissements de terrain, les inondations et les ouragans [1]. Bien que ces événements affectent l’humanité tout entière, leurs répercussions peuvent affecter de manière radicale la vie, les modes de vie, la consommation et la dynamique économique et sociale de certains groupes, en particulier ceux dont la vie dépend fortement des ressources naturelles ou qui subit un certain degré de perte résultant de l’épuisement ou la pénurie des ressources [2].

De nombreux acteurs internationaux ont démontré que les femmes font partie des groupes les plus vulnérables au changement climatique, en particulier dans les domaines où les rôles et relations de genre acheminent des inégalités femmes-hommes. Par exemple, 80% des personnes déplacées dans le monde par le changement climatique sont des femmes, selon le PNUD [3], qui a également conclu que «les femmes n’ont pas accès ou ne peuvent pas facilement accéder à des fonds pour couvrir les pertes liées aux violentes intempéries ou pour recourir aux technologies d’adaptation. Les femmes sont également victimes de discrimination dans l’accès à la terre, aux services financiers, au capital social et à la technologie. [4]’’

Malgré l’impact disproportionné du changement climatique sur les femmes et les d’alarme des scientifiques, ces risques doivent être affrontés avec espoir et considérés comme une opportunité de renforcer l’autonomie des femmes et d’accroître leur contribution à la recherche d’alternatives et de solutions durables aux problèmes environnementaux et à leurs conséquences socio-économiques. Cet article tente d’explorer la relation spécifique entre le changement climatique et les femmes dans les oasis de Tozeur (Tunisie), dont l’écosystème a été perturbé et certaines de ses cultures résistantes au changement climatique ont disparu en raison de politiques agricoles inappropriées.

L’article est basé sur un diagnostic de terrain réalisé par l’association La Ruche de la citoyenneté active de Tozeur, avec le soutien de la Fondation des Femmes de l’Euro – Méditerranée (FFEM) et de l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed), dans le cadre du projet « Renforcement des capacités des acteurs de l’égalité » consistant à analyser les réalités locales des femmes et les politiques publiques par le biais de consultations et de dialogues au niveau local, à travers la mise en place de pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes dans 7 pays du sud de la Méditerranée, dont la Tunisie (Plus d’informations sur le projet de ces pôles locaux sont disponibles sur www.euromedwomen.foundation). L’article est également basé sur des enquêtes de perception menées auprès de 32 entités environnementales ou autonomisant les femmes dont des associations, des syndicats et des groupes de développement agricole (GDA), aussi bien que sur quatre discussions de groupe avec des acteurs institutionnels et civiques de Chebika, Tamagheza, Hezouwa et Nafta.

Tozeur: Démographie, faits et un écosystème fragile 

Vu son emplacement géographique, le gouvernorat de Tozeur et ses 6 délégations (Tozeur, Hezoua, Tamagheza, Nefta, Deguèche et Hamma) se caractérisent par un climat aride caractérisé par l’évaporation très élevée et une pluviométrie extrêmement faible ne dépassant jamais les 100 mm/an [5].

Tozeur est le gouvernorat le moins peuplé de Tunisie, son nombre d’habitants représentant moins de 1% de la population tunisienne. Plus de la moitié de sa population est constituée de femmes, en raison de la récente migration croissante de jeunes hommes à la recherche de meilleures conditions de vie dans les villes et les régions voisines.

L’économie de ce gouvernorat est dominée par l’agriculture, principalement par la production de dattes dans les palmiers, qui reste le secteur le plus important en termes de superficie, de volume de production et de revenus, à la suite de décennies de politiques agricoles soutenant la monoculture de palmiers dattiers. Ces politiques ont cependant conduit à l’épuisement des ressources hydrauliques et à la perte progressive du savoir-faire des Oasien-ne-s, qui ont adopté une agriculture intégrée pour s’adapter aux conditions climatiques difficiles.

Une agriculture intégrée est typiquement menée avec la superposition de trois étages : au plus haut des palmiers dattiers, au niveau intermédiaire des arbres fruitiers (oranger, bananier, grenadier, pommier, etc.) et à l’ombre, à l’étage le plus bas les plantes (maraîchage, fourrage, céréales) [6]. La culture en trois étages crée un microclimat oasien qui réduit l’évaporation, permet la mise en culture de plusieurs espèces en valorisant l’eau et le sol et abrite et préserve une grande diversité animale [7]. Par conséquent, la dépendance d’un seul type d’agriculture, associée à des températures élevées et à la pénurie d’eau, a commencé à fragiliser l’écosystème oasien et à constituer une menace sérieuse pour ses habitant-e-s et leurs moyens de subsistance.

Cette situation fragile a toutefois poussé la population de Tozeur à s’engager dans le tourisme, secteur qui présente de grands potentiels

Les savoirs traditionnels et les pratiques économiques des femmes oasiennes

Comme la plupart des femmes oasiennes en Afrique du Nord, les femmes à Tozeur jouent un rôle important dans la gestion et la conservation de la biodiversité. Elles possèdent un savoir et un savoir-faire acquis depuis des siècles dans la conservation, la transformation et la valorisation des produits du palmier dattier, des autres fruits et des sous-produits de la palmeraie et de ses espèces environnantes [8].

Leur mode de vie, leurs positions, leurs rôles, leurs coutumes, leurs comportements et même leurs activités économiques sont très variés et régis par la nature de leur région. Par exemple, dans les régions montagneuses de Tamagheza, Chbika et Mides où le mode de vie est semi-rural, les femmes participent aux travaux du champ de l’étage bas (l’irrigation, le binage, le désherbage, etc…) et contribuent ainsi à maintenir la qualité du sol. Elles sont également responsables de l’hygiène des troupeaux et des bergeries.
Les femmes de la région de Hezoua sont semi-nomades, elles partent avec leurs maris éleveurs à la recherche de pâturages désertiques.

Dans les zones urbaines telles que Tozeur et Nafta, la division entre agriculture et vie domestique est très claire. Les femmes de ces régions ne travaillent pas habituellement dans les champs, où les tâches sont considérées comme difficiles pour les femmes, mais elles contribuent à tri, remplissage et packaging des dattes, d’une part, conservation et transformation en produits de terroir (par ex. sirop de dattes, pâte de dattes, vinaigre de dattes, etc.) et d’artisanat (vannerie à partir des roseaux), Elles contribuent aussi
massivement à l’artisanat et aux produits laitiers artisanaux. Les femmes se profitent également d’autres produits oasiens tels que les légumes, les plantes aromatiques et médicinales. Par ailleurs elles tissent des vêtements et des tapis à partir des peaux de chameaux et des restes de tissus.

Sous-représentation des femmes oasiennes dans la sphère publique

Malgré la contribution importante des femmes à l’économie locale et à la préservation de la biodiversité des oasis et à leur participation remarquable aux premières élections municipales suivant la révolution de 2018
(sur 36 listes électorales, 11 étaient dirigées par des femmes à Tozeur), leur présence dans la gouvernance locale et la scène politique reste faible. Après les élections municipales de 2018, les femmes de Tozeur n’ont remporté que des sièges en tant que vice-présidentes. Il en va de même pour la société civile: 70% des membres des organisations ciblées par l’enquête sur laquelle cet article est partiellement basé étaient des femmes, alors que ce chiffre s’inverse au niveau des postes de décision (seulement 30% des femmes actives dans les associations sont dans les comités de direction).

Dans l’enquête, 3/4 des personnes interrogées ont déclaré que le niveau d’intégration du genre dans les projets de développement à Tozeur était insuffisant et que les programmes spécifiques dans la région ne
prenaient pas en compte les besoins et les attentes des femmes oasiennes. Par exemple, seuls 3 des 40 projets de développement programmés pour les régions de Chebika, Tamagheza et Mides dans le cadre du projet de gestion durable des écosystèmes oasis (SMOE), financé par la Banque mondiale, sont consacrés aux femmes. De même, les femmes ne représentent que 3% des membres des GDA nommés par l’État pour gérer les ressources naturelles locales, y compris l’eau, les forêts et les pâturages.

Initiatives existantes et efforts prometteurs pour autonomiser les femmes oasis 

La révolution des jasmins a ouvert la voie à une participation accrue des femmes à tous les niveaux. À Tozeur, plusieurs initiatives ont été menées par ou pour les femmes et divers programmes et projets ont été lancés pour améliorer la vie des femmes et renforcer leur leadership. En 2017, la Commission régionale de développement agricole (CRDA) a créé un GDA pour femmes à Tozeur dans le cadre d’un projet mené depuis 2013 avec le soutien du ministère allemand de la Coopération
économique et du Développement (BMZ) et de l’agence allemande de coopération internationale (GIZ), pour promouvoir la participation des femmes au développement rural durable [9].

Les organisations de la société civile jouent également un rôle important dans l’autonomisation des femmes et le renforcement de leur entrepreneuriat. Le centre WES de Tozeur [10] est un bon exemple car les réalisations de certaines de ses bénéficiaires ont été reconnues aux niveaux local et national. Tel est e cas de Fathia Arfaoui, une femme au foyer de Bouhlel, qui a remporté plusieurs prix pour la qualité de ses produits dérivés de la datte, après avoir suivi l’un des programmes de formation du Centre WES.

Un autre bon exemple est l’entreprise sociale Shanti, qui a lancé le projet El Mensej comme solution pour lutter contre la pollution de l’environnement causée par les déchets de tissu, ainsi que pour perpétuer un savoir et une tradition en péril [11].

« Investir dans des initiatives permettant aux femmes de récupérer le patrimoine agricole contribuerait à l’autonomisation économique des femmes oasiennes » © La Ruche de la citoyenneté active de Tozeur

En 2018 et à la suite du diagnostic de terrain sur lequel repose cet article, l’association La Ruche de la citoyenneté active à Tozeur a mené plusieurs activités visant à renforcer la résilience des femmes oasiennes face au changement climatique et à améliorer les revenus des artisanes à travers la promotion du savoir faire local et des produits qu’y dont liés (gastronomie, artisanat …). Ces activités comprenaient aussi une formation sur les questions de genre et le changement climatique à l’intention des élu-e-s locaux et des membres de la société civile de Tozeur, la production et la diffusion de vidéos et d’émissions radiophoniques sur les plats traditionnels en relation avec la biodiversité des oasis, et la distribution d’un catalogue pour faciliter la commercialisation des produits locaux élaborés par les femmes de la région de Tozeur [12].

Conclusion 

Les femmes de Tozeur ont une relation étroite avec l’oasis. Par conséquent, tout déséquilibre affectant l’écosystème de l’oasis aura évidemment un impact sur leur vie, ce qui signifie qu’elles doivent être
impliquées dans toutes les décisions liées au développement local.

Investir dans des initiatives permettant aux femmes de récupérer et de faire revivre les connaissances ancestrales et le patrimoine agricole et culturel contribuerait à l’autonomisation économique des femmes à Tozeur et à la préservation de l’environnement. Un programme d’amélioration de la qualité des produits, de l’emballage et du marketing augmentera les revenus des ventes de ces femmes et les aidera à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

La recherche scientifique dans le domaine de l’adaptation et de la résilience au changement climatique dans les régions oasiennes doit être développée et explorée davantage. Il est également nécessaire de renforcer les capacités des acteurs civils et institutionnels locaux en matière de planification et d’exécution de projets et programmes tenant compte des questions de genre. Une action urgente visant à protéger et à réintroduire des variétés locales résistantes au changement climatique est également nécessaire.

Références

[1] ORGANISATION METEOROLOGIQUE MONDIALE (OMM), Le climat mondial en 2015-2019, 2019
https://library.wmo.int/index.php?lvl=notice_display&id=21522

[2] ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE, Désastres naturels et vulnérabilité, 1982.[3] PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT, Genre et changement climatique – Vue d’ensemble des liens entre la problématique hommes-femmes et le changement climatique, 2017

[4] Ibid

[5] LA RUCHE DE LA CITOYENNETE ACTIVE DE TOZEUR, Diagnostic de terrain : Changement climatique et
autonomisation économique des femmes oasiennes de Tozeur, 2018 https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8362/diagnostic-terrain-changementclimatique-autonomisation-economique-femmes-oasiennes-tozeur

[6] ASSOCIATION QUEBECOISE DES ORGANISMES DE COOPERATION INTERNATIONALE (AQOCI), Communauté de pratique « Genre en pratique » – L’accompagnement des partenaires à l’intégration du genre : L’autonomisation économique des femmes, 2013

[7] Les oasis de Tozeur et Chenini Gabès : diversité et durabilité des formes de valorisation à l’ère de la mondialisation et des crises du développement – Article paru in Marshall A., Lavie E., Chaléard J-L., Fort M., Lombard J. (dir.), 2014, Actes du colloque international : Les oasis dans la mondialisation : ruptures et continuités, Paris, 16 et 17 Décembre 2013, 105-112
http://www.umifre.fr/c/1864

[8] LA RUCHE DE LA CITOYENNETE ACTIVE DE TOZEUR, Diagnostic de terrain : Changement climatique et autonomisation économique des femmes oasiennes de Tozeur, 2018
https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/8362/diagnostic-terrain-changementclimatique- autonomisation-economique-femmes-oasiennes-tozeur

[9] Profile Genre de la Tunisie, préparé dans le cadre de la coopération de l’Union européenne avec le Gouvernement de la République tunisienne , 2014
https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/rapport_national_genre_tunisie_2014_complet_fr.pdf

[10] Centre WES Tozeur https://www.facebook.com/Centre-WES-Tozeur-1543117069264012/

[11] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Autonomiser les artisanes de Nefta à travers le recyclage de tissus, 2018
https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/sharedpractices/view/8278/autonomiser-artisanes-nefta-atravers-recyclage-tissus

[12] FONDATION DES FEMMES DE L’EURO – MEDITERRANEE, Changement climatique et autonomisation économique des femmes à Tozeur, 2018

https://www.euromedwomen.foundation/pg/en/news/view/8281/climate-change-and-womens-economic-empowerment-in-tozeur

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/le-changement-climatique-et-les-oasis-tunisiennes-de-tozeur-une-opportunite-pour-renforcer-le-leadership-et-lactivite-economique-des-femmes/feed/ 0
Eclairer Les Femmes d’Afrique, l’Enjeu de l’Initiative Mama Light https://www.wikigender.org/fr/wiki/initiative-mama-light/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/initiative-mama-light/#respond Fri, 21 Sep 2018 09:09:14 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=11574 Par Aurélie KYHENG

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Qu’est-ce que la fondation H.R.H Princess Abze Djigma ?

Descendante de la princesse mossi Yennenga, H.R.H Princess Abze Djigma du Burkina Faso a placé sa vie et son influence au service des populations les plus vulnérables, notamment des femmes et des jeunes africains. C’est dans ce but qu’elle a créé la fondation H.R.H Princess Abze Djigma, organisation non-lucrative qui s’implique en faveur du respect des droits humains, de l’environnement et de l’égalité femmes-hommes.

Principalement localisée en Afrique subsaharienne et en particulier au Burkina Faso, la fondation propose des aides adaptées à la population et à ses ressources afin d’apporter énergie et lumière dans les foyers. Elle agit principalement dans les pays en développement (PED), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits états insulaires en développement (PIED).

H.R.H Princess Abze Djigma du Burkina Faso

Activités et principaux objectifs de la fondation

La fondation H.R.H Princess Abze Djigma soutient et œuvre pour la mise en application des objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030. La majorité de ses actions vise également à favoriser la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris, ratifié en 2016 par 174 pays. L’Accord de Paris prévoit notamment la baisse des émissions de gaz à effet de serre, objectif difficile à atteindre que les organisations et fondations s’efforcent de faire appliquer.

Encadré 1 : Femmes et précarité énergétique

Près de 14 % de la population mondiale (1,3 milliard d’habitants) n’a pas accès à de l’énergie au quotidien (Le Monde de l’énergie, 2017). Cette pénurie est majoritairement située en Asie du Sud et en Afrique. Par ailleurs, près de 3 milliards de personnes ont seulement accès à une énergie très polluante (charbon, paille, bois, kérosène…), causant plus de 4 millions de décès par an. De très nombreux foyers sont donc condamnés à vivre dans une grande pauvreté. Des instruments comme la COP 21 ou l’Agenda 2030 tentent d’y remédier car, pour certaines organisations comme l’Organisation des Nations Unis (ONU), énergie et développement sont liés.

Si le Burkina Faso est l’un des pays avec le meilleur taux d’ensoleillement, il présente aussi un déficit électrique colossal, dû à une demande en énergie élevée face à une trop faible disponiblité, causant de nombreux problèmes en terme d’éducation, de santé et pour l’égalité femmes-hommes. Ce déficit s’explique notamment par un manque d’investissement, nécessaire pour équiper le pays en infrastructures. Le gouvernement burkinabè a toutefois annoncé en 2016 la construction d’une nouvelle centrale solaire, la plus grande du pays (Sékou Projet Voltatic, 2017).

Les premières victimes de cette précarité énergétique sont les femmes. En effet, en vertu des rôles traditionnels associés à chaque genre, les femmes sont souvent responsables de la préparation des repas. Le manque d’électricité et de ressources les oblige à aller chercher du bois souvent très loin, qu’elles brûlent ensuite pour la cuisine, tout en inhalant de nombreuses particules polluantes et dangereuses pour la santé. Dans plus de huit ménages sur dix, le bois est le principal combustible utilisé pour la cuisine et dans près de neuf cas sur dix, ce sont des femmes qui le collectent (OCDE, 2018). L’eau, une ressource également indispensable, se trouve souvent à des kilomètres des villages, obligeant les femmes à partir avant le lever du soleil et à affronter un périple hostile dans le noir. En plus de leurs responsabilités domestiques, beaucoup de femmes burkinabè travaillent dans de petits commerces très souvent informels où elles s’abiment les yeux, une fois la nuit tombée (Fasotour, s.d.).

Aux abords de 2050, la population africaine devrait enregistrer une vraie explosion démographique, se traduisant par une population atteignant les 2 milliards d’habitants, contre 1,2 milliard aujourd’hui (Le Monde de l’énergie, 2017). En parallèle, la demande en ressources énergétiques augmentera singulièrement, impliquant de trouver rapidement des solutions accessibles et adaptées (bioénergies…), pour combler le manque d’accès actuel. Le projet MamaLight repose ainsi sur l’énergie solaire, ressource plus qu’accessible dans cette région, afin de permettre aux petits commerces, aux femmes et aux enfants d’avoir accès à une énergie renouvelable et indispensable (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018).

Toute l’initiative MamaLight repose sur les produits et les kits que la société AbzeSolar, créée et dirigée par H.R.H Princesse Abze Djigma, vend à un prix bas et abordable pour les familles africaines. La société propose des kits maisons ou travail (qui approvisionnent plusieurs machines et dispositifs en énergie), des panneaux solaires, des chauffe-eaux, des lampes LED portable ou bien des batteries (AbzeSolar, 2018). Tous les produits développés par la fondation fonctionnent à l’énergie solaire.

L’initiative MamaLight se base sur des piliers fidèles aux idéaux de H.R.H Princess Abze Djigma : un accès pour tous à l’électricité et à l’éclairage pour favoriser l’éducation. De plus, le projet participe à l’amélioration des indicateurs de santé en apportant de l’électricité dans les hôpitaux (pour les accouchements, les opérations…), et au développement économique en alimentant les machines, les usines et les commerces en électricité (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). Ces initiatives contribuent aussi à améliorer les conditions de vie des Burkinabè et plus particulièrement des femmes.

Le but principal de la fondation est de développer un socle solide pour une société qui respecte l’égalité femmes-hommes, le développement et l’amélioration du statut de la femme (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). Cependant, elle permet aussi aux petits commerces du secteur informel de se développer et prévoit la création de 1000 coopératives qui, à leur tour, engendreront la création de milliers d’emplois en Afrique (The SDG Business Forum, 2016).

Des résultats encourageants

Afin de sensibiliser le grand public et les spécialistes sur son projet, H.R.H Princess Abze Djigma participe à de nombreux évènements (SDG Business Forum, Abis Annual Colloqium 2015, 3ème International Conference on Financing for Developement…). Ses efforts ont permis à la fondation d’initier des projets avec d’autres organisations. Par exemple, les fondations H.R.H Princess Abze Djigma et ENGIE ont distribué 2000 lampes LED à des élèves burkinabè pour leur permettre d’étudier et pour permettre à leurs parents de travailler plus tard sans se soucier de leur santé. Au Sahel, la fondation a fait don de 18 000 lampes à d’autres élèves (Fondation H.R.H Princess Abze Djigma, 2018). La Banque mondiale effectue aussi des dons de lampes MamaLight.

Les actions que réalise la fondation en faveur du développement énergétique de l’Afrique ont été récompensées par l’ONU, qui l’a qualifié de « l’une des 14 solutions révolutionnaires pour la réalisation des objectifs de développement durable ». H.R.H Princess Abze Djigme a été remerciée pour son projet MamaLight par le secrétaire général de l’ONU, H.E Ban Ki-Moon, dans une lettre publique (ONU, 2017).

Encadré 2 : Entretien à la princesse Mossi Abze Djigma

Fondation Mama Light

Quelle étape charnière a été décisive dans votre engagement sur le terrain ? Quel facteur a déterminé la création de votre fondation ?

Altesse Royale du Royaume Mossi ayant bénéficié d’une éducation de haut niveau dans le système royal et à l’étranger, cela m’est apparu comme une suite logique. Je crois au potentiel de nos communautés et à nos valeurs. Les solutions existent : je me les suis appropriées et me suis donné le mandat humaniste de les rendre accessibles, abordables et à la disposition des milliards de personnes à la base de la pyramide, « the Billion Bottom ». Il s’agit des personnes, y compris dans les pays de l’OCDE, qui sont obligées de combiner deux, voire trois emplois pour survivre. L’Initiative MAMA-LIGHT for Sustainable Energy est mondiale et a vocation à être implémentée dans tous les endroits où un besoin existe.

Pourquoi avoir appelé votre projet MamaLight ?

Car nos mères éclairent nos vies aux sens propre comme au figuré. MAMA-LIGHT est un hommage au genre humain, un rappel lumineux du besoin de fraternité entre les genres et d’amour pour nos mamans, et ceci sans distinction de races et de niveau social.

Lors de vos visites sur le terrain, que ressentez-vous face à la réaction des personnes concernées par vos projets?

Un paragraphe ne suffira pas !

Cela me remplit de joie de savoir que ma créativité contribue effectivement à émanciper économiquement des femmes et à réduire les effets pervers de la sexualité précoce. J’ai entendu de nombreux témoignages : par exemple une jeune fille, grâce à un investissement de 15 centimes d’euro par jour sur 5 mois pour acquérir sa lampe solaire MAMA-LIGHT, m’a dit « MAMA-LIGHT, ce n’est pas un gadget, c’est une vraie lumière qui me permet coudre les vêtements y compris la nuit, qui ne fait pas mal aux yeux, et qui m’a permis d’acheter ma moto », ou le père d’un adolescent qui était certain que son fils ferait ses devoirs le soir grâce à la lampe, ou encore des parents de jeunes filles qui n’auront pas à assumer les frais d’une éventuelle grossesse…

Vous pouvez consulter ici un reportage de la chaîne allemande Deutsche Welle  sur l’impact de mes activités dans un village de 1000 âmes

Votre ressenti/expérience de femme

Avez-vous été victime de discrimination du fait de votre appartenance au genre féminin ? Sous quelle forme ? Comment les avez-vous dépassées ?

On est victime quand on n’a pas d’armes de défense. J’ai eu l’avantage de recevoir des conseils très avisés dans ce domaine par ma grand-mère, ma mère ainsi que de mon père. Et par la suite, croyez-le ou non, par d’autres hommes.

J’ai un caractère qui me permet de tenir tête et je pars du principe que si quelqu’un ne m’apprécie pas, il a probablement ses raisons, mais étant donné que je ne dépends pas de son amour pour avancer, cela ne constitue en rien un facteur déstabilisant. C’est lui qui a un problème, pas moi, donc la vie est belle et je continue.

Comme toute personne, homme ou femme, j’ai bien sûr été confrontée à la discrimination: dans mon cursus scolaire, du collège au lycée, au travail une fois, mais ma réaction a été tellement radicale que ça a stoppé les ardeurs des autres. Il faut parfois forcer le respect !

Quelle norme sociale ou coutume considérée comme discriminante envers les femmes burkinabè vous révolte le plus ?

Dans le Royaume Mossi, c’était l’excision. Mais le  Gouvernement a pris des dispositions légales et a mené des actions sur le terrain avec la société civile. Nous devons tous rester vigilants, mais je me suis réjouie de la position de notre Empereur Mossi Le Moogo Naaba Baongo sur les violences faites aux femmes au Burkina Faso, je forme le vœu que d’autres rois d’Afrique lui emboîtent le pas.

Quels conseils voudriez-vous partager auprès de la nouvelle génération de femmes et hommes engagés pour la parité femmes-hommes ?

 

Sources

 

 

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/initiative-mama-light/feed/ 0
La 61e Commission de la condition de la femme (CSW) 2017 https://www.wikigender.org/fr/wiki/commission-de-la-condition-de-la-femme-61/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/commission-de-la-condition-de-la-femme-61/#respond Mon, 06 Mar 2017 14:46:05 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=10027 CSW61 Banner-FR

La soixante et unième session de la Commission de la condition de la femme aura lieu au siège des Nations Unies à New York du 13 au 24 mars 2017.

Des représentants des États membres, des entités des Nations Unies et des organisations non gouvernementales accréditées par l’ECOSOC (ONG) de toutes les régions du monde participent à la session.

Thèmes

  • Thème prioritaire:L’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution.
  • Thème examiné: Difficultés rencontrées et résultats obtenus dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement en faveur des femmes et des filles (conclusions concertées de la cinquante-huitième session)
  • Question nouvelle ou tendance: L’autonomisation des femmes autochtones.

Membres du Bureau

e Bureau de la Commission joue un rôle crucial dans la préparation des sessions annuelles de la Commission et contribue grandement à en assurer le succès. Les membres du Bureau sont nommés pour deux ans. En 2002, afin d’améliorer son travail et d’assurer la continuité, la Commission a décidé d’organiser la première réunion de sa session suivante juste après la clôture de la session ordinaire, dans l’unique but d’élire le nouveau Président et les autres membres du Bureau (décision 2002/234 de l’ECOSOC)

  • Président : S.E. M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes Vice-présidents
  • Mme Fatma Al Zahraa Hassan (Égypte), groupe des États africains, viceprésidente
  • Mme Šejla Đurbuzović (Bosnie-Herzégovine), groupe des États d’Europe orientale vice-présidente
  • M. Jun Saito (Japon), groupe des États de la région Asie-Pacifique, viceprésident
  • M.Andreas Glossner (Allemagne), groupe des États d’Europe occidentale et autres États, vice-président
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https://www.wikigender.org/fr/wiki/commission-de-la-condition-de-la-femme-61/feed/ 0
COP22 Side-Event « Genre, action climatique et finances vertes » https://www.wikigender.org/fr/wiki/cop22-side-event-genre-action-climatique-et-finances-vertes/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/cop22-side-event-genre-action-climatique-et-finances-vertes/#respond Mon, 14 Nov 2016 10:53:05 +0000 http://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=9329 A la COP22 à Marrakech la Plateforme française Genre et développement organise dans la zone verte (zone société civile, salle Moulouya)  une conférence-débat le 14 novembre, 11h à 12h30 : « Genre, action climatique et finances vertes : de nouvelles alliances pour une action efficace contre le changement climatique et un accès facilité aux financements climat »

Ce débat est organisé par le groupe de travail Genre et climat, animé par Enda Europe, CARE France et Adéquations. Il vise notamment à présenter et compléter le document de plaidoyer « Eléments-clés pour prendre en compte l’égalité femmes-hommes dans l’accord de Paris« .

Interventions introductives autour du plaidoyer et de nouvelles alliances

  • Plaidoyer de la Plateforme genre et développement : Ouafae Sananès du ministère des Affaires étrangères et du Développement international de France, Marie-Dominique de Suremain d’Enda Europe et Lucie Faucherre du réseau du CAD de l’OCDE sur l’égalité hommes-femmes (Gendernet).
  • Présentation des questions d’accès aux finances climat : Sécou Sarr du Réseau Climat et Développement/Enda Energie.
  • Intervention de la société civile ou collectivité locale du Maroc (sous réserve)

Travail en petits groupes animés par des membres de la Plateforme pour discuter le document de plaidoyer, les conditions pour que les moyens financiers soient appropriés aux objectifs de renforcement de la résilience et de l’égalité femmes-hommes, et renforcer les propositions d’actions conjointes.

Plénière pour mettre en commun les propositions et enrichir le document de plaidoyer.Ces propositions seront diffusées lors du Gender Day le 15 novembre 2016, sur les réseaux sociaux, auprès des négociateurs-trices et observateurs-trices.

Ce débat est précédé d’un atelier de 9h à 11h30 « Féministes pour la justice climatique ».

Adéquations, Réseau Féministe Ruptures, Fondation pour les Femmes Africaines, L’Université Nomade, organisent le 14 novembre de 9h à 10h30 un atelier « Féministes pour la justice climatique », en lien avec Genre en Action et d’autres partenaires internationaux comme le Forum Femmes Méditerranée.

Cette initiative s’inscrit dans le prolongement du plaidoyer et de la mobilisation animés par ces associations sur les enjeux du genre et du développement durable, depuis la Conférence Rio + 20 et les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) jusqu’à la COP 21 à Paris, avec la dynamique collective française « Féministes pour la justice climatique ».

L’atelier-débat vise à la concertation et aux échanges entre organisations de la société civile sur les enjeux climatiques et de transition écologique avec une vision féministe et intégrant l’approche de genre. Des documents pédagogiques, de plaidoyer, des témoignages et des pratiques serviront de base à une discussion en vue de recommandations pour l’intégration de l’approche de genre et des organisations de femmes dans les politiques climatiques, du niveau international au niveau de la mise en œuvre localement. Il s’agit également de resituer les enjeux de transition écologique dans le contexte plus global des ODD et notamment de l’objectif n°5 « Egalité des sexes et autonomisation de toutes les femmes et les filles. »

Parmi les interventions :

  • Yveline Nicolas, Adéquations : Plaidoyers et initiatives d’associations de femmes et féministes autour des enjeux climatiques et des Objectifs de développement durable.
  • Fatiya Saïdi, Union de l’Action Féministe, Réseau Femmes face aux défis climatiques en Méditerranée et Esther Fouchier, Forum Femmes Méditerranée : une mobilisation en réseau.
  • Camille Risler, Asia Pacific Forum on Women, Law and Development : Mettre en œuvre des démarches de recherche féministe participative.
  • Fatou Ndoye, Enda Graf Sahel : Préservation et transformation des produits locaux, une stratégie de renforcement de la résilience face au changement climatique.

Plus d’informations sur le site de la Plateforme Genre et Développement.

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La COP21: Genre et climat https://www.wikigender.org/fr/wiki/genre-et-climat/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/genre-et-climat/#respond Mon, 06 Jun 2016 09:05:03 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=7580 Cet article a été rédigé par Ouafae Sananes et Noémie Réant du Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International de la France

La COP21 était un des rendez-vous très attendu de l’année 2015. Cet évènement a en effet suscité une large mobilisation de la part de la société civile et des pouvoirs publics relatif à la promotion des droits des femmes aux processus internationaux. Organisatrice et présidente de cette édition, la France fait de la diplomatie des droits des femmes un enjeu central de sa politique de développement. Une vision qu’elle n’hésite pas à porter au cœur des enceintes internationales par un plaidoyer soutenu dont les effets commencent à s’en faire ressentir. L’autonomisation sociale, économique, politique et culturelle des femmes est désormais inscrite au top des agendas internationaux, tant au plan des négociations des ODD pour 2030, qu’à l’union européenne, au G20 et G7 ou à l’Union pour la Méditerranée. La COP21 incarne ce nouvel élan, traduit par l’insertion des droits humains et de l’égalité femmes-hommes à l’accord universel de Paris.

La conférence Paris Climat était une nouvelle occasion de constater les avancées réalisées, que certain.e.s jugent encore trop insuffisantes, et ce, à juste titre, dans le domaine de l’égalité. C’était aussi un rendez-vous avec la société civile, premiers acteurs de terrain à constater les progrès et les difficultés que rencontrent les femmes face au dérèglement climatique.

Des échanges entre les experts, la société civile et les pouvoirs publics, ressort un constat partagé. Le dérèglement climatique produit un impact différencié sur les femmes du fait de leur rôle socialement construit. En effet, les femmes sont les plus affectées par l’intensité et la fréquence des catastrophes climatiques. Parce qu’elles ont à leur charge la survie de leur famille, de la communauté et par extension la préservation de la biodiversité des écosystèmes, les femmes sont les premières à développer des stratégies d’adaptation. Leurs initiatives sont néanmoins encore peu reconnues tant au niveau local, national qu’international.

L’Accord de Paris, approuvé le samedi 12 décembre 2015, est le résultat d’une mobilisation sans faille de divers acteurs (société civile, pouvoirs publics, la recherche) sur les questions de gouvernance environnementale et de droits de l’Homme. Depuis le début de cette initiative, la France s’est pleinement mobilisée à l’élaboration d’une gouvernance climatique intégrant les principes des droits de l’Homme ainsi que l’égalité femmes-hommes.

Toutefois, de nombreux obstacles subsistent à la réalisation de ces principes directeurs. Beaucoup de pays ne reconnaissent pas encore l’égalité entre les femmes et les hommes, préférant des termes tels que « complémentarité » ou « équilibre » entre les sexes. Bien que le lien entre genre et climat soit établi, il est encore nécessaire que les parties traduisent ces engagements en actions dans les programmes de développement.

Afin de lutter contre le dérèglement climatique avec efficacité, il est primordial de tenir compte des besoins stratégiques des femmes et des filles et de l’impact différencié du dérèglement climatique sur elles. Cela implique l’élaboration de nouveaux outils d’analyse, de nouveaux indicateurs spécifiques, une collecte des données sexospécifiques systématique (données désagrégées par sexes), afin de mieux identifier les besoins selon le genre et de mieux analyser la réalité du terrain. Cela permettra également d’analyser la question des régimes d’accès à la terre, de l’utilisation et du contrôle des ressources naturelles.

Renforcer la participation et le leadership des femmes dans les processus de décision, et de mise en place de projets, leur accorder un accès à l’éducation et à la formation professionnelle, leur assurer l’accès et la maîtrise des technologies et des moyens de production, constituent les priorités du développement humain levier de la lutte contre le dérèglement climatique. Afin que ces initiatives réalisent leur plein potentiel, il reste impératif que l’égalité entre les femmes et les hommes soit intégrée de manière transversale à l’ensemble des politiques de développement durable et par extension aux programmes d’adaptation, d’atténuation, d’accès et de transfert des technologies.

 

Dans les actualités

Voir également

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L’éducation des filles en Afrique https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/#respond Mon, 30 May 2016 07:30:30 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=7554

Quelques chiffres

Depuis 2000, la hausse significative de la scolarisation au primaire a profité dans une large mesure aux filles dans de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne. En 1970, le taux brut de scolarisation au primaire des filles dans cette région était de 44,43%, il atteint 97% en 2013. [1] Selon le dernier Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT), en 2015, 17 pays d’Afrique subsaharienne sur 117 pays dans le monde ont atteint la parité au primaire. Cependant, les progrès enregistrés dans l’élimination des disparités entre les sexes ont été beaucoup moins marqués dans l’enseignement secondaire et supérieur. En Afrique subsaharienne, le nombre moyen de filles scolarisées au secondaire par rapport au nombre de garçons n’a que faiblement progressé depuis 1999, pour s’établir en 2012 à 84 filles pour 100 garçons. [2]

Globalement, le pourcentage d’enfants n’ayant jamais été scolarisés a diminué dans la plupart des pays d’Afrique. Cependant, ce sont toujours les filles les plus pauvres qui ont le moins de chances d’être scolarisées. Au Niger et en Guinée, près de 70 % des filles issues des ménages les plus pauvres ne sont jamais allées à l’école – pourcentage beaucoup plus élevé que chez les garçons – contre moins de 20 % des garçons issus des ménages les plus riches. [2]

La scolarisation des filles dans les OMD, ODD et EPT

Depuis la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, l’éducation constitue un droit fondamental, inscrit dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), puis dans les Objectifs de développement durable (ODD) :

  • La Conférence mondiale sur l’éducation pour tous qui s’est tenue à Jomtiem (Thaïlande) en 1990 a marqué un tournant dans le dialogue international sur le rôle de l’éducation dans les politiques de développement en réaffirmant ce droit. [3]
  • En 2000, l’objectif 5 de l’initiative « l’Education Pour Tous (EPT) » est centré sur « l’élimination des disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2005 et l’instauration de l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite ». [4]
  • En 2000, deux des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont centrés sur l’amélioration de la scolarisation des filles : l’objectif 2 « Assurer l’éducation primaire pour tous » et l’objectif 3 « Promouvoir l’’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ». [5]
  • Les Objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2015 réaffirment à nouveau le droit à l’éducation pour tous, notamment des filles. Plusieurs cibles de l’objectif 4 mentionnent cette thématique : la cible 2 « D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire» et la cible 4.3 « D’ici à 2030, faire en sorte que les femmes et les hommes aient tous accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable ». [6]

En 2015, malgré des progrès indéniables en termes d’accès à l’éducation, la parité filles-garçons n’est toujours pas atteinte en Afrique. [6]

Causes de la non scolarisation des filles

Globalement, les obstacles à la scolarisation des filles sont multiples :

  • Les normes sociales : Les filles sont le plus souvent discriminées du fait du rôle que les sociétés leur assignent. Dans de nombreuses communautés, les normes sociales imposent une division genrée du travail conférant à la fille un statut de future mère de famille, que l’on croit incompatible avec l’école. Les femmes sont le plus souvent en charge des tâches domestiques, de l’éducation des enfants, l’entretien du foyer ou encore la gestion de la nourriture. Avec le mariage, la fille est appelée à quitter sa famille pour une autre, ce qui veut dire qu’investir sur elle est souvent considéré comme une perte, contrairement aux garçons pour qui l’accès à l’éducation est synonyme d’investissement économique. [7]
  • Les grossesses et mariages précoces : Des études montrent que les grossesses et mariages précoces  ont des conséquences négatives sur la scolarisation des filles. Très souvent, cet état entraine un arrêt volontaire ou forcé de la scolarisation de la fille. [8] Ces phénomènes sont particulièrement présents dans les pays à faible revenus où il existe très peu de dispositifs spécifiques d’accompagnement des grossesses à l’école et où l’éducation sexuelle fait défaut. [9]
  • Les violences à l’école : Les violences de genre en milieu scolaire sont très répandues et constituent un autre facteur très important de la déscolarisation des filles en Afrique. Ces violences subies à l’école, sur le chemin ou aux abords de l’école, mettent en jeu des dimensions multiples: économique (cas du sexe transactionnel entre élèves et enseignant.e.s), socioculturelle (tabou sur la sexualité, absence d’éducation à la sexualité, relations de genre inégalitaires) et sanitaire (peu ou pas de sanitaires adaptés). [10] En 2009, une étude de l’UNICEF en République Démocratique du Congo estime que 46 % des élèves féminines interrogées confirment être victimes de harcèlement, d’abus et de violences sexuels de la part de leurs enseignants ou d’autres membres du personnel de l’école. [11]

Les effets positifs de l’éducation des filles

De nombreuses études ont démontré l’impact positif de l’éducation des filles sur la réduction de la pauvreté, de la mortalité infantile et sur la promotion de l’égalité entre les sexes. [12] L’éducation est un facteur clé permettant aux femmes d’exercer des activités rémunératrices, de participer aux revenus du ménage et d’acquérir une autonomie économique et sociale. [7] Ainsi, il est aujourd’hui démontré qu’une fille instruite se mariera plus tard, aura moins d’enfants, se nourrira mieux, aura un emploi mieux rémunéré et participera davantage à la prise de décisions dans le domaine familial, social, économique et politique. La scolarisation des filles a également un effet multiplicateur : ses enfants, à leur tour, auront de meilleures chances d’aller à l’école et d’y rester dans de meilleures conditions. [7]

Quelques exemples chiffrés

Selon l’UNICEF, en 2013 au Burkina Faso, parmi les filles âgées de plus de 15 ans, la probabilité d’avoir eu recours au suivi prénatal est de l’ordre de 30% pour celles n’ayant jamais été à l’école contre 45% pour celles ayant complété le cycle secondaire. Au Mali, la probabilité de déclarer une naissance à l’état civil est de 65% pour les mères sans instruction, de 88% pour celles ayant fait l’enseignement primaire et de 98% pour celles ayant achevé le second cycle du secondaire. [13]

Politiques et stratégies pour l’éducation des filles

De nombreux pays se sont dotés de plans gouvernementaux soutenus par des organisations internationales et non gouvernementales (UNICEF, UNESCO, FAWE, Plan International etc.) destinés à améliorer la scolarisation des filles.

Parmi les stratégies les plus pertinentes, nous pouvons citer :

  • Les programmes d’alimentation scolaire ont donné des résultats positifs dans le renforcement de la scolarisation et de la rétention des garçons et des filles à l’école. [13] D’après un examen du programme « Des vivres pour l’éducation » dans 32 pays d’Afrique subsaharienne, la fourniture de repas au sein de l’école a entraîné un accroissement de la scolarisation des filles et des garçons de respectivement 28 % et 22 % au cours de la première année du programme. [2]
  • La réussite scolaire des filles est liée à la présence d’enseignantes qui peuvent jouer un rôle de modèles auprès des filles. Les enseignantes peuvent également faire en sorte que les classes apparaissent comme des lieux plus sûrs et plus accueillants pour les filles et les jeunes femmes, les encourageant ainsi à poursuivre leur éducation. [14]
  • La réduction de la distance pour se rendre à l’école permet d’augmenter le taux de fréquentation de celle-ci. La construction d’écoles de proximité et d’internats pour filles est une solution efficace pour améliorer la scolarisation des filles. [14]
  • L’amélioration des conditions d’études (construction de latrines, électrification des classes, manuels pédagogiques non sexistes et adaptés)  et la formation des enseignants (approches pédagogiques sensibles au genre) sont aussi des facteurs pertinents. [15]

Ces mesures sont spécifiques à un contexte particulier et n’ont pas le même impact dans tous les pays.

Références

  1. UNESCO, Base de données de l’Institut de statistique de l’UNESCO, (consulté le 14/01/16), http://data.uis.unesco.org/?lang=fr#
  2. Rapport mondial de suivi de l’EPT, Education Pour Tous : 2005-2015 Progrès et enjeux, UNESCO, 2015 : http://unesdoc.unesco.org/images/0023/002324/232433f.pdf
  3. Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous, UNESCO, 1990, http://www.francophonie.org/IMG/pdf/Conf_mondiale_education_pour_tous_Jo_m_t_i_e_n_Th_a_i_l_a_n_d_e_1990.pdf
  4. Rapport final, Forum mondial sur l’éducation, Dakar, Sénégal, avril 2000, http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001211/121117f.pdf
  5. Rapport 2015 – Objectifs du Millénaire pour le Développement, ONU, 2015 : http://www.un.org/fr/millenniumgoals/reports/2015/pdf/rapport_2015.pdf
  6. Site Internet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/education/
  7. Devers Marie, Rapport sur les bonnes pratiques en matière d’éducation des filles et des femmes en Afrique de l’Ouest, UNICEF, UNGEI, 2014, http://www.ungei.org/resources/files/Rapport_final_30_septembre_2014%282%29.pdf
  8. OCDE, “Why discriminatory social institutions affecting adolescent girls matter”, 2013, (en anglais) http://www.wikigender.org/images//0/08/Adolescent_girls_policy_brief_FINAL.pdf
  9. UNFPA, GEEP, « Sénégal : Etude sur les grossesses précoces en milieu scolaire », 2015, http://countryoffice.unfpa.org/senegal/drive/ETUDESURGROSSESSESENMILIEUSCOLAIREAUSENEGALjuin2015.pdf
  10. Ministère des Affaires étrangères et européenne et Genre en Action, « Les violences de genre en milieu scolaire en Afrique subsaharienne francophone », 2012, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Rapport_violences_en_milieu_scolaire__cle0bafe2.pdf
  11. Papinutto M., « La violence à l’école », 2009, UNICEF, République démocratique du Congo
  12. Eileen Kane, La Banque Mondiale, Girl’s Education in Africa, What do we know about strategies that work, 2004, (en anglais), http://www.ungei.org/resources/files/girls_ed_Africa04_AFRHD.pdf
  13. UNICEF, UNGEI, Ministère français des Affaires étrangères, « Atelier régional sur la lutte contre les violences de genre en milieu scolaire en Afrique de l’Ouest », novembre 2013, http://hivhealthclearinghouse.unesco.org/sites/default/files/resources/rapport_final_atelier_vgms_2013.pdf
  14. UNESCO, “World atlas of gender equality in education”, 2012, http://www.uis.unesco.org/Education/Documents/unesco-gender-education-atlas-2012-fr.pdf
  15. Parce que je suis une fille, Rapport 2012, Progrès et obstacles à l’Education des filles en Afrique, PLAN INTERNATIONAL, 2012, https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&ved=0CC0QFjACahUKEwio64C__93IAhVB1hoKHRPxBhs&url=https%3A%2F%2Fplan-international.org%2Ffile%2F986%2Fdownload%3Ftoken%3DhnCClzE7&usg=AFQjCNESP99vLtpH8yksMNL3kwmLrTfklw&sig2=eJ9vtlDAnKJM1lKGm2wndw&bvm=bv.105841590,d.d2s&cad=rja

Liens externes

Jeanine Eldred, « Alphabétisation et autonomisation des femmes : histoires réussies et inspirantes », Institut pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL), UNESCO, 2014, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/02/alphabetisation-et-autonomisation-des-femmes1.pdf

Unesco, Infographie « Laissées pour compte. L’éducation des filles en Afrique », (consulté le 14/01/16), http://www.uis.unesco.org/_LAYOUTS/UNESCO/no-girl-left-behind/index-fr.html#cover-intro-0

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/leducation-des-filles-en-afrique/feed/ 0
L’implication politique des femmes en Afrique https://www.wikigender.org/fr/wiki/limplication-politique-des-femmes-en-afrique/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/limplication-politique-des-femmes-en-afrique/#respond Sun, 20 Mar 2016 20:59:01 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=6759

État des lieux

La participation des femmes en politique est un enjeu important afin d’instaurer une véritable représentativité des instances dirigeantes politiques et de permettre aux femmes de jouir de leurs pleins droits. En Afrique, la participation des femmes au processus politique est très inégale selon les pays. Selon l’Union interparlementaire, au 1er novembre 2015, parmi les 20 pays comportant le plus de femmes au sein de leur parlement, 7 sont des pays africains : Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Namibie, Mozambique, Ethiopie et Angola. Le premier pays de ce classement est le Rwanda, avec 63.8% de femmes. D’autres pays sont bien moins classés : ainsi au Bénin et au Nigéria, les femmes au parlement représentent respectivement 7,2% et 5,6%. [1]

Les femmes sont confrontées à deux sortes d’obstacles qui freinent leur participation à la vie politique. D’une part, des entraves structurelles causées par des lois et des institutions discriminatoires qui réduisent leurs possibilités de voter ou de se porter candidates à un mandat politique. D’autre part, les femmes ont généralement moins de chances que les hommes de suivre une formation, de nouer les contacts et de bénéficier des ressources nécessaires pour devenir des dirigeantes performantes. [2]

Engagements internationaux et ODD

Le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, dit également Protocole de Maputo, adopté à Maputo en 2003, prévoit à l’article 9 le « droit de participation au processus politique et à la prise de décisions » [3]:

« 1. Les États entreprennent des actions positives spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays, à travers une action affirmative et une législation nationale et d’autres mesures de nature à garantir que :

a) les femmes participent à toutes les élections sans aucune discrimination;

b) les femmes soient représentées à parité avec les hommes et à tous les niveaux, dans les processus électoraux;

c) les femmes soient des partenaires égales des hommes à tous les niveaux de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques et des programmes de développement de l’État

  1. Les États assurent une représentation et une participation accrues, significatives et efficaces des femmes à tous les niveaux de la prise des décisions ». [3]

En 2011, l’Assemblé générale des Nations Unies adopte la résolution n°A/RES/66/130. Cette résolution appelle les États membres à renforcer la participation des femmes à la vie politique, à accélérer l’instauration de l’égalité entre les hommes et les femmes dans toutes les situations, y compris en période de transition politique, de promouvoir et de protéger le droit fondamental des femmes. [4]

La participation des femmes en politique est également mentionnée dans la cible 5.5 des Objectifs de développement durable (ODD) : « Garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique ». [5]

Des mesures existantes pour améliorer la participation des femmes en politique

Face à la faible participation des femmes en politique, des pays ont mis en place des mesures pour favoriser la candidature et l’élection des femmes à différents niveaux. Les quotas obligatoires sont l’un des dispositifs institutionnels qui ont permis d’accélérer la progression de l’accès des femmes aux postes politiques, en vue d’une représentation paritaire. En 2010, le Sénégal a adopté une loi instituant la parité hommes-femmes qui prévoit que toutes les listes aux élections législatives, régionales, municipales et rurales doivent comporter le même nombre d’hommes et de femmes. Ce système garantit aux femmes, non seulement une représentation équitable en nombre, mais aussi des places de choix sur le plan électoral, ce qui évite qu’elles ne soient reléguées en bas des listes. Tout manquement à ces obligations disqualifie le parti du processus électoral. Au Rwanda, dès 1994, un système de quota a été institué réservant 30% des sièges à des femmes. [6]

Une forte implication des femmes dans la société civile

Si les femmes en Afrique sont moins représentées que les hommes dans les structures institutionnelles de pouvoir, elles sont particulièrement impliquées dans les organisations de la société civile, notamment sur des questions qui les affectent particulièrement comme le mariage forcé, la pesanteur des charges domestiques, la mortalité infantile ou encore la difficulté d’accès à l’emploi. À partir des années 1970, l’organisation de grandes conférences mondiales sur les femmes et sur d’autres thématiques ont accéléré et structuré les processus de revendications chez les africaines. Ces conférences ont largement favorisé l’émergence d’organisations non gouvernementales féminines et/ou féministes qui ont été des espaces privilégiés d’expressions, de luttes et de conquêtes de libertés pour les femmes. [7]

Références

  1. Union interparlementaire, « Les femmes dans les parlements nationaux. Etat de la situation au 1er novembre 2015 », (consulté le 14/01/16), http://www.ipu.org/wmn-f/classif.htm
  2. Site Internet d’ONU Femmes, « Leadership et participation des femmes à la vie publique », (consulté le 14/01/16), http://www.unwomen.org/fr/what-we-do/leadership-and-political-participation
  3. Union Africaine, Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes, 2003, http://www.eods.eu/library/AU_Protocol%20ACHPRW_2003_FR.pdf
  4. Texte de la Résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, 19 décembre 2011, (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/66/130&referer=/english/&Lang=F
  5. Site Internet des Nations Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD), (consulté le 14/01/16), http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/gender-equality/
  6. Assemblée Parlementaire de la Francophonie, Réseau des Femmes Parlementaires, « Projet de rapport, Femmes et politique, promouvoir l’accès des femmes en politique : la question des quotas », juillet 2014, http://apf.francophonie.org/IMG/pdf/2014_07_femmes_rapporfemmesrepresentativite.pdf
  7. Sow Fatou, 2007, « Politiques néolibérales et alternatives féministes : l’apport des mouvements de femmes en Afrique », in Actes du colloque du gtm, « Le genre au cœur de la mondialisation », 21-23 mars 2007, Paris, http://www.feministes-radicales.org/wp-content/uploads/2010/11/Politiques-n%C3%A9olib%C3%A9rales-alternatives-f%C3%A9ministes.pdf

Liens externes

Site Internet d’ONU Femmes, « Règles et normes internationales », (consulté le 14/01/16), http://www.unwomen.org/fr/what-we-do/leadership-and-political-participation/global-norms-and-standards

Genre en Action, « Plaidoyer sur le genre et la participation politique en Afrique », 31 mars 2014, (consulté le 14/01/16), http://www.genreenaction.net/Plaidoyer-sur-le-genre-et-la-participation.html

Djibril Abarchi Balkissa, « La participation politique des femmes en Afrique, cas de la zone CEDEAO », Association des femmes juristes du Niger (AFN), 2010, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/05/femme-vie-politique-en-cEDEAO.pdf

Entretien entre Fatou Sow et Christine Verschuur, « Mouvements féministes en Afrique », Revue Tiers Monde, 2012/1 n°209, p. 145-160

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