Migration – Wikigender https://www.wikigender.org/fr/ L'égalité des sexes Wed, 07 Dec 2022 14:51:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 La migration féminine https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-migration-feminine/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/la-migration-feminine/#respond Mon, 30 May 2016 07:36:40 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=7557

Quelques chiffres

En 2013, on recense dans le monde environ 232 millions de migrants internationaux, dont environ six sur dix vivent dans les régions développées. [1] Durant les années 1990, ce nombre a augmenté en moyenne de 2 millions par an puis de 4.6 millions par an pendant la période 2000-2010. Depuis 2010, la progression du nombre total de migrants a ralenti, dû en partie aux effets de la crise économique mondiale. [1]

Les femmes représentent presque la moitié de l’effectif mondial des migrants avec une part de 48%. Cependant, cette proportion varie considérablement d’une région à l’autre. En Europe, la part des femmes parmi les migrants est la plus élevée avec 51.9% contre 41.6% en Asie où les pays producteurs de pétrole exercent une forte demande de travailleurs masculins. [1] On note que la «fuite des cerveaux» est plus marquée pour les femmes que pour les hommes. Dans de nombreux pays d’origine, la part des femmes diplômées de l’enseignement tertiaire vivant hors de leur pays de naissance était supérieure à celle des hommes. En 2010-2011, l’écart atteignait 10 points au Congo, dans les Maldives, en Sierra Leone et au Togo. [1]

Une migration différente selon le genre

Les coûts et les opportunités de la migration féminine ne sont pas les mêmes que la migration masculine. [2] La probabilité de migrer pour les femmes est plus forte si elles sont célibataires et sans enfant, la situation s’inverse pour les hommes. [2] Cette différence s’observe aussi selon le niveau d’éducation. Les hommes possédant un niveau d’éducation élevé sont moins susceptibles de migrer par rapport aux femmes avec le même niveau d’études. Dans le pays d’origine, plus l’accès à l’éducation est meilleur pour les femmes, plus elles auront de possibilités d’emploi dans les pays de destination, ce qui explique en partie l’augmentation du nombre de migrantes. [2]

Si les femmes migrent souvent pour des raisons liées au regroupement familial ou aux demandes d’asile, elles sont de plus en plus nombreuses à migrer pour des raisons économiques. Les travailleuses migrantes jouent un rôle essentiel dans le marché du travail et apportent une contribution importante aux économies et aux sociétés des pays d’accueil. [3] Tandis que les hommes migrent dans divers secteurs économiques, les femmes restent principalement concentrées dans le secteur des services, notamment dans le secteur informel en tant que travailleuses domestiques, soignantes, travailleuses du sexe ou dans les industries de main-d’œuvre et de fabrication orientée vers l’exportation. [4]

Des discriminations plus importantes pour les femmes

Les femmes migrantes font face à des difficultés conséquentes dans l’accès à l’emploi, en particulier lorsque celles-ci sont issues des migrations non européennes. Elles se différencient des hommes par des taux d’activité et d’emploi plus faibles. Le taux d’emploi des femmes migrantes de 18 à 50 ans est de 58 %, 17 points au-dessous de la population native féminine. L’écart s’accroit est encore plus important pour les femmes originaires de pays non-européens: 21 points de différence. Le taux d’actifs occupés des hommes migrants est quant à lui très proche de celui des natifs. De plus, le chômage des migrant.e.s est aussi nettement plus élevé dans son versant féminin: 18,2% en moyenne pour les femmes originaires du Maghreb, de l’Afrique Sahélienne, de Turquie et de l’Asie du Sud-est contre 13,2% pour le versant masculin. [5] En travaillant principalement dans le secteur informel, les femmes ont tendance à être plus discriminées que leurs homologues masculins, car plus sujettes aux faibles salaires, aux niveaux de protection et de sécurité plus faibles et aux conditions de travail plus difficiles. [4]

Dans le contexte des flux migratoires provenant d’Afrique subsaharienne, les femmes sont exposées à un risque très élevé de violence sexuelle. En 2010, une enquête de Médecins sans Frontières (MSF) souligne que tout au long de leurs parcours migratoires, les femmes d’Afrique subsaharienne souhaitant rejoindre l’Europe par voie terrestre sont victimes de discriminations et de violences spécifiques. Une femme sur trois prise en charge par MSF à Rabat et Casablanca a admis avoir subi un ou plusieurs épisodes de violence sexuelle, que ce soit dans son pays d’origine, pendant le processus de migration ou une fois sur le territoire marocain. Ce chiffre semble sous-estimé, peu de femmes osent parler des agressions qu’elles ont subies et encore moins les dénoncer. [6]

Références

  1. OCDE, ONU, Les migrations internationales en chiffres, Contribution conjointe des Nations Unies/DAES et de l’OCDE au Dialogue de haut niveau des Nations Unies sur les migrations et le développement, 3-4 octobre 2013, http://www.oecd.org/fr/els/mig/les-migrations-internationales-en-chiffres.pdf
  2. Gaëlle Ferrant, Michele Tuccio, Estelle Loiseau, Keiko Nowacka, « The role of discriminatory social institutions in female South – South migration”, Centre de développement de l’OCDE, avril 2014, (en anglais), http://www.oecd.org/dev/development-gender/SIGI%20and%20Female%20Migration_final.pdf
  3. Moreno-Fontes Chammartin Gloria, Les migrations féminines : un nouveau défi pour repenser les politiques migratoires et favoriser leur contribution au développement, OIT, 2013, http://www.france-terre-asile.org/images/stories/publications/proasile/proasile-final-article-5.pdf
  4. UNFPA, International Migration and Development: Contributions and Recommendations of the International System, 2013, (en anglais), http://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/CEB%20Pub.%20International%20Migration%20and%20Development.pdf
  5. Olivier Noblecourt, L’égalité pour les femmes migrantes, Ministère des Droits des Femmes, février 2014, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000126.pdf
  6. Médecins Sans Frontières, Violence sexuelle et migration, la réalité cachée des femmes subsahariennes arrêtées au Maroc sur la route de l’Europe, 2010, http://www.msf.fr/sites/www.msf.fr/files/d87b284fadac0af3475f1f92bce47b3c.pdf

Liens externes

Cimade, « Petit guide pour conjuguer la migration au féminin », 2013, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2014/12/Petit-guidefemmes.pdf

Gaëlle Ferrant and Michele Tuccio, “How do female migration and gender discrimination in social institutions mutually influence each other?”, Centre de développement de l’OCDE, Working Paper n°326, mars 2015, (en anglais), http://www.oecd.org/dev/development-gender/WPAE%20326.pdf

Site de l’UNFPA sur la migration (consulté le 14/01/16), http://www.unfpa.org/fr/migration

Sophie Vause, Genre et migrations internationales Sud-Nord, une synthèse de la littérature, Université Catholique de Loudain, (date non mentionnée), https://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/demo/documents/31._Sophie_Vause.pdf

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Femmes réfugiées et demandeuses d’asile https://www.wikigender.org/fr/wiki/femmes-refugiees-et-demandeuses-dasile/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/femmes-refugiees-et-demandeuses-dasile/#respond Wed, 09 Mar 2016 18:12:10 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=6604

Définitions

Selon l’article I de la Convention de Genève de 1951, le terme de réfugié s’applique à toute personne, qui “craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays.”

De nombreux pays reconnaissent désormais le principe selon lequel la définition du réfugié contenue dans la Convention de 1951 englobe les formes de persécution liée au genre – comme par exemple le fait de fuir son pays pour échapper aux mutilations génitales féminines ou aux mariages forcés (HCR, 2008).

Un demandeur d’asile est une personne qui dit être un(e) réfugié(e) mais dont la demande est encore en cours d’examen (HCR, n.d.)

Les réfugiés ont droit à une protection de la part des États, notamment:

  • l’assurance de ne pas être renvoyé chez eux face aux dangers qu’ils ont fuis;
  • l’accès à des procédures d’asile justes et efficaces;
  • et des mesures visant à assurer que leurs droits fondamentaux sont respectés afin de leur permettre de vivre dans la dignité et la sécurité tout en les aidant à trouver une solution à long terme (HCR, 2015)

Le terme de réfugié ne doit pas être confondu avec celui de migrant : tandis que les réfugiés fuient les guerres et les persécutions, les migrants choisissent de s’en aller non pas en raison d’une menace directe, mais surtout afin d’améliorer leurs conditions de vie (HCR, 2015).

Quelques chiffres

Fin 2014, le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) estimait qu’il y avait environ 59, 5 millions de personnes déplacées de force dans le monde (HCR, 2015).

Près de 50% de l’ensemble des populations réfugiées dans le monde seraient des femmes, selon le HCR (n.d).

En 2015, plus d’un million de demandeurs d’asile, fuyant principalement le conflit syrien, ont traversé la méditerranée pour tenter de rallier l’Europe de l’Ouest, aboutissant à la plus grave crise de réfugiés depuis la deuxième guerre mondiale. On estime que 42 % de ces personnes étaient des femmes et des enfants en novembre 2015 (respectivement 17 et 25%). Le nombre de femmes et de filles a augmenté de 10% entre mai et novembre 2015 (ONU Femmes, 2016)

Risques et difficultés rencontrées par les femmes réfugiées

Tout au long de leur parcours, les femmes réfugiées et demandeuses d’asile font face des risques et des difficultés spécifiques :

  • Pendant les conflits qu’elles fuient, les femmes sont souvent les cibles de violences sexuelles et sexistes: viol, traite, esclavage sexuel et propagation intentionnelle d’infections sexuellement transmissibles comme le VIH/sida, etc. Elles sont également susceptibles d’être recrutées de force par des groupes armés, en tant que combattantes ou à des fins d’exploitation sexuelle ou d’autres tâches (HCR, 2008 ; voir également l’article sur la résolution 1325 du Conseil de Sécurité sur les femmes dans les conflits).
  • Pendant leur périple pour fuir leur pays, femmes sont exposées à des risques d’agressions, d’exploitation et de harcèlement sexuel tout au long de leur trajet. Une étude récente d’Amnesty International (2016) portant sur le parcours des femmes fuyant la Syrie et l’Irak montre qu’elles sont souvent prises pour cible par les passeurs, en particulier lorsqu’elles voyagent seules. Lorsqu’elles ne sont pas en mesure de payer le trajet, les passeurs essaient notamment de les forcer à avoir des relations sexuelles. Les femmes interrogées par Amnesty se sont également senties menacées sur les zones et camps de transit en territoires européens, où elles ont dû dormir aux côtés d’hommes réfugiés, partageant parfois les mêmes douches et sanitaires. Les femmes enceintes ont évoqué le manque de nourriture et de services de santé essentiels. Certaines ont aussi rapporté avoir été soumises à des brutalités par les forces de l’ordre (Amnesty, 2016) lors du passage des frontières.
  • Les procédures de demande d’asile peuvent poser des difficultés particulières pour les femmes. Elles peuvent ainsi être réticentes à évoquer les persécutions traumatiques dont elles ont fait l’objet devant des interprètes et des agents de protection des réfugiés masculins, compromettant ainsi leurs chances d’obtenir l’asile. En outre, lorsqu’une famille demande l’asile, les hommes sont généralement considérés comme le « demandeur principal » et par conséquent le porte parole de l’ensemble de la famille, au risque de négliger les voix des femmes et des filles. Cela peut aussi rendre plus difficile la reconnaissance des persécutions subies par les femmes et des filles, qui peuvent aussi avoir lieu au sein même de la famille (HCR, 2008).
  • Même dans les camps de réfugiés, la sécurité des femmes n’est pas toujours assurée. L’extrême précarité entraine une hausse de la violence domestique. Les femmes et les filles peuvent être attaquées quand elles cherchent du bois de chauffe ou de l’eau en dehors du camp. L’absence de ressources rend les adolescentes plus vulnérables aux mariages précoces, tandis que le travail sexuel peut devenir pour certaines l’unique moyen de survie. (HCR, 2008)

Pistes pour mieux protéger les femmes réfugiées et demandeuses d’asile

ONU-Femmes (2016) a récemment conduit une évaluation des besoins des femmes demandeuses d’asile en Serbie et en Macédoine qui a conclu que les interventions mises en œuvre ne répondaient pas entièrement à leurs vulnérabilités particulières.

L’évaluation d’ONU Femmes a relevé que certains efforts actuellement déployés contribuaient positivement à la protection des femmes réfugiées tels que :

  • Le repérage rapide des groupes vulnérables (dont les femmes et les filles) dans les centres d’enregistrement ;
  • la distribution de kits d’hygiène et de vêtements pour les femmes ;
  • l’offre de quelques services de santé sexuelle et procréative ;
  • la collecte et la communication de données ventilées par sexe et par âge
  • l’aménagement d’abris pour les femmes avec des enfants en bas âge.

L’évaluation fait néanmoins ressortir la nécessité de renforcer les services ciblant les femmes et les filles, en proposant notamment :

  • des mesures de prévention des violences sexuelles et des violences fondées sur le genre ;
  • un soutien psychologique face aux traumatismes ;
  • l’aménagement systématique d’espaces spécifiquement réservés aux femmes (dortoirs, douches, sanitaires, etc.) ;
  • le renforcement des capacités d’enregistrement aux centres de transit et des points d’entrée afin d’assurer la collecte de données détaillées ventilées par sexe ;
  • le déploiement de services gynécologiques à plein temps dans les centres de transit et de réception.

En dehors des interventions en zones de transit, ONU Femmes promeut l’établissement d’un réseau d’ONG locales – notamment d’associations féminines – reliant les pays originaires des réfugiés à ceux des pays de transit et de destination, dans le but de mieux coordonner les interventions en cours et de renforcer le plaidoyer pour la prise en compte des droits femmes et des filles.

Amnesty International (2016) recommande aux gouvernements européens de proposer des itinéraires sûrs et légaux dès le début aux demandeurs d’asile afin d’éviter que les femmes se retrouvent soumises aux abus des passeurs et à l’insécurité de la traversée.

Pour les situations d’asile qui s’inscrivent dans la durée, le HCR met l’accent sur l’autonomisation économique et sociale des femmes à travers son initiative Women Leading for Livelihoods (WLL). Lancé en 2008, le programme part du principe que les femmes, loin d’être des bénéficiaires passives de l’aide humanitaire, sont capables de changer leurs vies et celles de leurs familles lorsqu’on leur en donne les moyens. Le programme vise à faire tomber les barrières qui entravent l’accès à l’emploi des femmes réfugiées : restrictions juridiques, traumatismes physiques et psychologiques, manque de ressources financières, problèmes de garde d’enfant, compétences inadaptées à leur environnement, etc. (HCR, n.d). Dans ce cadre, WLL a par exemple financé MakaPad, une entreprise employant des femmes réfugiées en Ouganda, pour produire des protections hygiéniques jetables et écologiques à bas coûts, à partir de branches de roseaux.

Références

Amnesty International (2016), Communiqué de presse, “Les femmes réfugiées risquent agressions, exploitation et harcèlement sexuel lors de leur traversée de l’Europe”,http://www.amnesty.fr/Presse/Communiques-de-presse/Les-femmes-refugiees-risquent-agressions-exploitation-et-harcelement-sexuel-lors-de-leur-traversee-d-17330

HCR (2015), Des déplacements de population plus importants que jamais, article d’actualité du 18 juin 2015, http://www.unhcr.fr/5581a037c.html

HCR (2015), Point de vue du HCR: « Réfugié » ou « migrant »? Quel est le mot juste? Article d’actualité du 31 août 2015, http://www.unhcr.fr/55e45d87c.html

HCR (2008), Manuel du HCR pour la protection des femmes et des filles, http://www.unhcr.fr/4c8f3fd96.html

HCR (n.d.), demandeur d’asile, page web consultée le 7 mars 2016 http://www.unhcr.fr/5581a037c.html

HCR (n.d.), femmes, page web consultée le 7 mars 2016, http://www.unhcr.fr/pages/4aae621d36e.html

ONU-Femmes (2016), Gender Assessment of the Refugee and Migration Crisis in Serbia and fYR Macedonia,http://eca.unwomen.org/en/digital-library/publications/2016/01/gender-assessment-of-the-refugee-and-migration-crisis-in-serbia-and-fyr-macedonia#sthash.o2D7IZ41.dpuf

Liens externes

HCR (2003), La violence sexuelle et sexiste contre les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées – principes directeurs pour la prevention et l’intervention, http://www.unhcr.fr/4ad2f840e.html

Parlement Européen (2012), Demandes d’asile liées au genre en Europe, http://www.cir-onlus.org/images/pdf/gen%20sen.pdf

 

 

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