Accès restreint aux ressources productives et financières – Wikigender https://www.wikigender.org/fr/ L'égalité des sexes Wed, 07 Dec 2022 14:51:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.8 Les conditions de travail des femmes dans les usines en Jordanie https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-conditions-de-travail-des-femmes-dans-les-usines-en-jordanie/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-conditions-de-travail-des-femmes-dans-les-usines-en-jordanie/#respond Tue, 26 Mar 2019 16:59:46 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=17254

 

Article proposé et préparé par le Secrétariat de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée

Date de publication: 26 mars 2019

[toc]

Introduction

Conformément à l’Organisation Internationale du Travail, en Jordanie, 64% des hommes participent au marché du travail contre seulement 14% des femmes, d’après des estimations de 2018. [1] Cet article s’intéresse aux conditions de travail des femmes dans les usines, en prenant comme étude de cas la région de Zarqa où les perspectives de formation et de perfectionnement professionnel sont limitées, ce qui réduit les possibilités de promotion ainsi que l’accès des femmes aux postes à responsabilité au sein des usines.

L’article s’appuie sur un diagnostic de terrain portant sur la région de Zarqa, dans le nord-est du Royaume hachémite de Jordanie [2]. Cette étude a été produite par le Jordanian Forum for Business and Professional Women- Forum jordanien des femmes d’affaires et professionnelles (JFBPW) en collaboration avec la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM) et l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed). Le diagnostic fournit des données qui ont été collectées grâce à des réunions et entretiens avec les pouvoirs publics concernés par la thématique, d’une part, et les employées et propriétaires de cinq usines de la région, d’autre part.

En effet, la FFEM a pour vocation d’analyser au niveau local les réalités des femmes et les politiques publiques qui les concernent à l’aide de consultations et de dialogues de proximité. Pour ce faire, la FFEM met en place annuellement des pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes en Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie (1 par pays). Leur mission est de mobiliser les acteurs de l’égalité au moyen d’activités de collectes de données, de consultations et d’échanges d’expériences dans le but d’analyser des thèmes liés aux droits des femmes et de faire un suivi de l’effectivité des politiques publiques dans ces domaines avec une approche participative.

Toutes    les     informations     liées     aux     résultats     des     pôles     locaux     sont     disponibles     sur www.euromedwomen.foundation, et font l’objet d’une vaste diffusion dans la région euro- méditerranéenne. En 2017, le JFBPW a été chef de file d’un pôle local d’acteurs de l’égalité femmes- hommes à Zarqa en Jordanie.

Accès à l’emploi des femmes en Jordanie

La Jordanie enregistre l’un des taux d’activité des femmes les plus faibles au monde d’après la Banque mondiale ; les taux élevés de chômage féminin qui en résultent sont en moyenne de l’ordre de 33,5% (13,7% chez les hommes). [3] Ces chiffres ne tiennent pas compte des personnes travaillant dans le secteur informel, parmi elles, de nombreuses femmes, et exacerbent les préjugés sexistes à l’égard de la présence des femmes sur le marché du travail. Toutefois, en raison du fort développement industriel de Zarqa, le taux de chômage des femmes dans cette région est parmi les plus faibles du pays. [4]

La constitution jordanienne consacre le principe de l’égalité en tant que garant du droit, néanmoins, de nombreuses lois et mesures contiennent des éléments discriminatoires à l’égard des femmes. [5] Dans la plupart des cas, ces normes concernent le marché du travail ainsi que les conditions de leur exercice. En Jordanie, il est interdit aux femmes de travailler dans certains domaines et les femmes n’ont pas le droit de travailler pendant la nuit.

En ce qui concerne les pensions, les femmes sont obligées de partir plus tôt à la retraite que les hommes dans le secteur public comme privé. En outre, les hommes reçoivent des allocations familiales en plus de leurs revenus, au détriment des femmes qui n’en bénéficient pas. [6]

Par ailleurs, les coutumes sociales du pays, souvent opposées aux principes d’égalité, exercent une forte influence sur l’accès des femmes au marché du travail. Dans le cas des usines, la société se montre peu encline à que les femmes occupent un emploi dans un tel environnement. L’accès à l’emploi des femmes est difficile : parmi les personnes ayant fait des études primaires, il y a 6 fois plus d’hommes que de femmes qui travaillent. [7] Pour les personnes ayant fait des études supérieures, la proportion va du simple au triple: le taux de chômage chez les femmes diplômées universitaires s’élève à 45 %, contre seulement 15 % chez les hommes.

Ce fossé entre femmes et hommes dans le marché du travail augmente dans les groupes démographiques les plus pauvres et les plus vulnérables tels que les travailleuses migrantes dans la mesure où les entreprises profitent de leur situation précaire pour mettre en place des pratiques d’exploitation. [8]

Conditions de travail dans les usines de Zarqa

Le diagnostic mené par le JFBPW a ciblé 82 travailleuses, âgées de 18 à 35 ans ayant en moyenne entre 5 mois et 2 ans d’ancienneté dans leurs fonctions. Plus de la moitié des femmes interrogées (60%), sont célibataires. [9]

En ce qui concerne les conditions de travail évoquées, un accent particulier a été mis sur l’environnement inadéquat et hostile qui caractérise la plupart des usines et le fait que plusieurs travailleuses ont été victimes de harcèlement sexuel dans la zone industrielle. [10] Le manque d’instructions et consignes claires de la part des employeurs concernant le travail à fournir est un autre problème cité par les enquêtées. Pareillement, les salles de travail sont des espaces sans ventilation et les employé-e-s ne disposent pas d’un uniforme. [11]

L’équilibre entre le travail et la vie privée des employées des usines à Zarqa est extrêmement compliqué. Il n’y a pas d’écoles maternelles dans la zone industrielle et les moyens de transport qui la desservent sont peu pratiques et peu sûrs. Ce déficit dans les infrastructures et les services est à l’origine de nombreux retards qui affectent négativement les femmes sous la forme de pénalités. [12] La difficulté de concilier la vie professionnelle et familiale incite souvent les femmes à quitter leur emploi.

Les conditions de travail des femmes dans les usines en Jordanie ©JFBPW

Par rapport à leurs homologues masculins, les femmes qui travaillent dans les usines de Zarqa sont rémunérées 20 % de moins que les hommes occupant des fonctions identiques [13]. Le nombre excessif d’heures de travail, le manque de compétences et les faibles opportunités de formation affectent la productivité des femmes.

En outre, les propriétaires d’usines profitent de la situation vulnérable de nombreuses femmes migrantes pour imposer des conditions de travail indécentes allant jusqu’à 16 heures de travail. [14]

Il est par conséquent essentiel de sensibiliser les travailleuses sur leurs devoirs et leurs droits en tant que salariées dans les usines. Pour cela, il est nécessaire, d’une part, de mettre en œuvre des initiatives de formation qui assurent l’apprentissage des techniques de travail et favorisent leur développement professionnel. Et, d’autre part, il est urgent que les institutions publiques, les organisations de la société civile et les syndicats plaident en faveur de conditions de travail décentes pour l’ensemble des employé-e- s des usines. Dans cette même optique, les inspections de travail effectuant un suivi exhaustif des conditions dans les usines, sont présentées comme une mesure de contrôle qui favoriserait le respect du principe d’égalité femmes-hommes en termes de salaire, d’heures de travail ou de couverture médicale.

Conclusion

Les plus grand défis auxquels font face les femmes dans la région de Zarqa sont liés à la disparité entre elles et leurs homologues masculins. L’environnement de travail, la pression de la part des employeurs, le manque de transports fiables ainsi que les difficultés à concilier le travail et la vie personnelle et familiale conduisent souvent les femmes à abandonner leurs postes, ce qui reproduit un cercle vicieux de pauvreté.

En conclusion, sur le plan juridique, des changements fondamentaux sont désormais impératifs pour garantir l’égalité des droits et des opportunités d’accès à l’emploi entre les femmes et les hommes. La promotion de politiques inclusives et la lutte contre les pratiques discriminatoires doivent être des priorités dans l’agenda politique et requièrent davantage une plus forte collaboration entre les ministères, les syndicats, les organisations de la société civile et les autres partenaires du secteur privé en Jordanie.

Références

[1] ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL, Taux de participation de la main-d’oeuvre, femmes, 2018 https://www.ilo.org/gateway/faces/home/statistics?_adf.ctrl-state=pgctdd7tb_9&locale=FR&countryCode=JOR

[2] JORDAN FORUM FOR BUSINESS AND PROFESSIONAL WOMEN (JFBPW), Diagnostic de terrain : Plaider en faveur de l’égalité dans les usines de Zarqa, FFEM et IEMed, 2017, https://www.euromedwomen.foundation/pg/fr/documents/view/7965/diagnostic-terrain-plaider-en-faveur-egalite-dans-usines-zarqa

[3] WORLD BANK, Jordan economic monitor: Global Practice for Macroeconomics, Trade & investment, 2017, p. 15. http://documents.worldbank.org/curated/en/444331513705915370/pdf/122139-REVISED-v1-Web-JEM-Fall-2017.pdf

[4] WORLD BANK, Hashemite Kingdom of Jordan: promoting poverty reduction and shared prosperity- systematic country diagnostic, 2016, p.15 http://documents.worldbank.org/curated/en/368161467992043090/pdf/103433-replacement.pdf

[5] JFBPW. Op. cit., p. 6.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] WORLD BANK, Op. cit., p. 67.

[9] JFBPW. Op. cit., p. 8.

[10] JFBPW. Op. cit., p. 9.

[11] Ibid.

[12] JFBPW. Op. cit., p. 8.

[13] Ibid.

[14] JFBPW. Op. cit., p. 9.

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Lancement de l’édition 2019 de l’Indicateur « Social Institutions and Gender Index (SIGI) » https://www.wikigender.org/fr/wiki/lancement2019sigi/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/lancement2019sigi/#respond Thu, 15 Nov 2018 17:12:20 +0000 https://www.wikigender.org/?post_type=userpress_wiki&p=12103

Lancement de l’édition 2019 du SIGI

Bruxelles le 7 décembre 2018

12:30-15:30

Quoi de neuf ? Le Ministère fédéral de l’Europe, de l‘Intégration et des Affaires étrangères de l’Autriche en sa capacité actuelle de Président du Conseil de l’Union européenne, la Coopération autrichienne pour le développement et le Centre de développement de l’OCDE ont l’honneur de vous inviter au lancement de l’édition 2019 du SIGI.

 Qu’est-ce que le SIGI ? L’indicateur Social Institutions and Gender Index (SIGI) du Centre de développement de l’OCDE mesure les écarts créés par les lois, les normes et les pratiques sociales entre les femmes et les hommes en termes de droits et d’opportunités. L’évènement sera l’occasion de discuter des messages clés du SIGI 2019 et alimentera le dialogue politique sur les normes sociales et les discriminations à l’encontre des femmes et des filles à l’échelle mondiale. Les intervenants partageront leurs expériences sur comment les politiques et les programmes sensibles à la question du genre peuvent permettre la remise en question des normes liées au genre et promouvoir les droits des femmes, l’égalité entre les sexes et le développement durable.

 Pourquoi maintenant? Des progrès remarquables ont été réalisés concernant les engagements politiques visant à éliminer la disparité femmes-hommes. Certaines normes sociales préjudiciables à l’égalité ont perdu de leur importance. Néanmoins, les engagements politiques, les réformes et les programmes n’ont pas encore été traduits en changement réels. Les femmes et les filles sont toujours victimes de discriminations liées à leur genre tout au long de leur vie qui affectent différemment certains groupes de femmes.

 Veuillez confirmer votre participation avant le 27 novembre en suivant ce lien.

Pour plus d’informations, veuillez contacter dev.gender@oecd.org.

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Les travailleuses de France veulent l’égalité #7Novembre16H34 https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-travailleuses-de-france-veulent-legalite-7novembre16h34/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/les-travailleuses-de-france-veulent-legalite-7novembre16h34/#respond Fri, 04 Nov 2016 09:26:17 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=9289

Les travailleuses de France veulent l’égalité des salaires #7NOVEMBRE16H34

Cet évènement a été lancé par Les Glorieuses. Le texte ci-dessous provient de la page dédiée a l’évènement sur leur site

 

7 novembre 2016 16h34
A partir du 7 novembre prochain à 16h34 (et 7 secondes), les femmes travailleront “bénévolement”. Si les femmes étaient payées autant que les hommes, elles pourraient s’arrêter de travailler le 7 novembre à 16h34. En étant payées 15,1% de moins que les hommes (Eurostat 2010), elles gagneraient alors autant que sur l’année 2016. Les 38,2 jours ouvrés restant représentent la différence de salaire entre les femmes et les hommes.

Inspirons nous des Islandaises
Lundi 24 octobre dernier, des milliers d’Islandaises ont quitté leur lieu de travail à 14h38. Ce geste symbolique a pour vocation de montrer leur mécontentement vis-à-vis des inégalités salariales (14% d’écart salariale). C’est un signal fort et nous nous joignons à cette protestation.

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Comment avons-nous obtenu cette date ?

Nous avons pris en compte l’inégalité des salaires calculée par Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union Européenne. Cette inégalité représente « la différence moyenne de rémunération horaire brute entre les travailleurs de sexe féminin et masculin». Nous avons ensuite adapté ce rapport au nombre de jours ouvrés en 2016 (253), ce qui nous a donné 38,203 jours ouvrés. Cette méthode nous a ainsi permise d’arriver à la date du 7 novembre 2016 à 16h34 et 7,5 secondes (soyons précises).

Cette inégalité en cache d’autres.

Cet écart de rémunération cache d’autres inégalités. Les femmes font davantage de tâches non payées comme les tâches domestiques. Le chiffre est éloquent puisque les hommes consacrent en moyenne 2 heures par jour pour les tâches domestiques contre 3.5 heures pour les femmes (Insee 2015). Par ailleurs, le calcul des écarts de rémunération ne prend pas en compte le recours au temps partiel : 30,4% des femmes contre 8% des hommes (Insee 2015).

On ne gagne pas un combat avec la moitié de l’équipe

13,795 millions de femmes font partie de la population active en France, soit 48% du total (Insee 2015). Nous représentons près de la moitié de cette population active et 52% de la population totale. Nous ne souhaitons pas attendre l’an 2186 pour atteindre l’égalité salariale. Nous ne souhaitons pas attendre 170 ans pour atteindre cette parité.

Nous appelons les femmes, les hommes, les syndicats et les organisations féministes à rejoindre le mouvement du “7 novembre 16h34” et à multiplier les événements et manifestations pour faire de l’inégalité salariale une problématique politique centrale. En s’emparant collectivement de ce sujet, nous montrons que l’inégalité des salaires entre les genres n’est pas une “affaire de bonne femme”.

REJOIGNEZ LE MOUVEMENT

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L’accès au crédit et l’entrepreneuriat féminin en Afrique https://www.wikigender.org/fr/wiki/lacces-au-credit-et-lentrepreneuriat-feminin-en-afrique/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/lacces-au-credit-et-lentrepreneuriat-feminin-en-afrique/#respond Mon, 30 May 2016 07:45:34 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=7559

Définitions

L’accès au crédit est la capacité des personnes ou des entreprises à obtenir des services financiers y compris des crédits, assurances, services de gestion des risques ou autres par le biais d’une institution formelle. [1] Le microcrédit est un crédit de faible montant, avec intérêts, accordé à des micro-entrepreneurs qui n’ont pas accès aux services financiers traditionnels. Ce faible emprunt permet aux populations exclues du système bancaire classique de créer ou de développer une activité génératrice de revenus. Le microcrédit peut être individuel ou de groupe. [2]

La notion « d’entrepreneuriat » peut être considérée au sens large ou de manière plus restreinte suivant le contexte, elle renvoie généralement à une action, un processus ou une activité dans lesquels l’innovation joue un rôle significatif. [3] Une femme entrepreneur peut être définie comme une femme qui a créé une entreprise dans laquelle elle détient une participation majoritaire et qui participe activement à la prise de décisions, la prise de risques et la gestion courante de l’entreprise. [4]

État des lieux en Afrique

De façon générale, le secteur privé en Afrique est majoritairement composé de micro-entreprises informelles, qui coexistent avec de grandes entreprises. Ces micro-entreprises, le plus souvent individuelles, souffrent d’un accès au financement limité qui contraint leur émergence et leur développement. L’autofinancement, les associations informelles et formelles d’épargne et de crédit, comme les agences de micro-crédit, restent leurs sources de financement principales. [5]

L’émergence et la croissance de entrepreneuriat féminin est une tendance globale à travers le monde. [6] Cependant, les femmes sont toujours sous représentées dans les entreprises et opèrent principalement dans les économies en développement et de transition via des très petites entreprises ou des micro-entreprises au potentiel de croissance limité. En 2014, elles dirigent un tiers de toutes les entreprises de l’économie formelle à travers le monde mais plus l’entreprise est grande, moins elle est susceptible d’être dirigée par une femme. [7] La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est la région qui possède la proportion de femmes la plus faible dans la population active, avec seulement 24% des femmes qui travaillent ou cherchent un emploi rémunéré contre plus de 60% en moyenne dans les pays de l’OCDE. La région possède aussi le plus grand écart mondial entre les sexes en matière entrepreneuriat, avec seulement 12% de femmes chefs d’entreprises contre 31% d’hommes. [8]

En Afrique, même si les hommes et les femmes rencontrent des difficultés pour accéder aux sources de financement, les femmes ont des difficultés encore plus grandes, manquant souvent de garantie et d’expérience des crédits bancaires formels. [8] Les normes sociales, les lois discriminatoires en matière de propriété et d’héritage, le manque d’accès aux institutions financières formelles et les contraintes de temps dues aux responsabilités familiales et domestiques sont aussi des obstacles à la création et au développement de l’entreprenariat féminin. [7]

Le microcrédit, outil d’émancipation ?

Le microcrédit s’est beaucoup développé dans le monde, notamment à la fin des années 70 avec la création en 1976 au Bangladesh de la « banque des pauvres » (la Grameen Bank) par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006. Ce système de financement cible en premier lieu les femmes, en leur permettant de faire de petits emprunts pour monter leurs activités économiques. [9] En 2010, on comptabilise près de 150 millions de micro-emprunteurs à travers le monde, la grande majorité de ces client-e-s n’avaient auparavant aucun accès au crédit bancaire. [10]

Depuis quelques années, des études affirment que le microcrédit peut entrainer un risque de surendettement des bénéficiaires, s’il est utilisé à d’autres fin ou contracté sans informations préalables. [11] Selon Abhijit Banerjee et Esther Duflo, une autre des limites du microcrédit est qu’il finance essentiellement des activités à toute petite échelle et de très faible croissance dont les bénéfices suffisent à peine à payer un salaire minimal à l’entrepreneur-e. Ceci peut poser un problème à long terme concernant les effets bénéfiques attendus du micro-crédit. Des études en Inde et aux Philippines ont permis de constater que même si le microcrédit rendait les services attendus d’un bon produit financier en permettant aux emprunteurs d’effectuer des achats importants qu’ils n’auraient pas pu engager autrement, dix-huit mois plus tard, aucun signe d’une transformation profonde de la vie de ces familles n’était constaté. Ces études ne démontrent pas d’impact significatif de l’accès au micro-crédit sur la santé, la scolarisation ou le pouvoir de décision des femmes. [12]

Références

  1. Site Internet de Wikipédia (consulté le 14/01/16, en anglais), https://en.wikipedia.org/wiki/Access_to_finance
  2. Site Internet de Babyloan (consulté le 14/01/16), http://www.babyloan.org/fr/le-microcredit-un-outil-d-emancipation
  3. OCDE, Encourager l’entreprenariat en tant que moteur de la croissance dans une économie mondialisée, 2ème Conférence de l’OCDE des Ministres en charge des petites et moyennes entreprises, 2004, http://www.oecd.org/fr/cfe/pme/31946162.pdf
  4. Parlement européen, « Rapport sur l’entrepreneuriat féminin dans les petites et moyennes entreprises », mai 2011, http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//NONSGML+REPORT+A7-2011-0207+0+DOC+PDF+V0//FR
  5. Kauffmann Céline, Le financement des PME en Afrique, Repère n°7, Perspectives économiques en Afrique 2004/2005, OCDE, 2005, http://www.oecd.org/fr/dev/34919047.pdf
  6. OIT, Promotion de l’entrepreneuriat féminin et de l’égalité entre femmes et hommes, (date non mentionnée), http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/—emp_ent/documents/publication/wcms_118106.pdf
  7. OIT, Le développement de l’entrepreneuriat au féminin, 2014, http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—ed_emp/—emp_ent/—ifp_seed/documents/publication/wcms_183754.pdf
  8. OCDE, Les femmes et l’entreprise 2014, Accélérer le développement de l’entrepreneuriat dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, 2014, http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/development/les-femmes-et-l-entreprise-2014_9789264227521-fr#page4
  9. Site Internet Babyloan, (consulté le 14/01/16), http://www.babyloan.org/fr/le-microcredit-un-outil-d-emancipation
  10. Duflo Esther, « Microcrédit, miracle ou désastre ? », Journal le Monde, 2010, (consulté le 14/01/16), http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/11/microcredit-miracle-ou-desastre-par-esther-duflo_1290110_3232.html
  11. ATTAC CATDM-Maroc, Le microcrédit ou le business de la pauvreté, 2013, http://cadtm.org/IMG/pdf/Brochure_microcredit_2.pdf
  12. Abhijit V. Banerjee, Esther Duflo, Repenser la pauvreté, Seuil, coll. « Les Livres du Nouveau Monde », 2012

Liens externes

Babyloan, « Les femmes et le microcrédit », (consulté le 14/01/16), http://www.babyloan.org/fr/les-femmes-et-le-microcredit

Commission Européenne, Bonnes pratiques dans la Promotion de l’entrepreneuriat féminin, Exemples d’Europe et d’autres pays de l’OCDE, 2002, http://www.eurosfaire.prd.fr/bibliotheque/pdf/study-female-entrepreneurship-fr.pdf

Convergences, Baromètre de la microfinance, 2014, http://www.convergences.org/assets/uploads/Barom%C3%A8tre-de-la-Microfinance-2014.pdf

Laurice Alexandre Leclair, Renaud Redien Collot, « L’intention entrepreneuriale des femmes : le cas de l’Egypte », 2013 http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/02/lintention-entrepreneuriale-des-femmes-le-cas-de-lEgypte-.pdf

« Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une vieille question », collectif, Appui au Développement Autonome (ADA) (Dialogue, n°37), 2007, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2014/07/FAITDialogue_37_FR.pdf

Site de la Banque Mondiale sur le Global Findex database, (consulté le 14/01/16), http://www.worldbank.org/en/programs/globalfindex

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L’accès des femmes à la terre https://www.wikigender.org/fr/wiki/lacces-des-femmes-a-la-terre/ https://www.wikigender.org/fr/wiki/lacces-des-femmes-a-la-terre/#respond Sun, 20 Mar 2016 20:29:34 +0000 http://www.wikigender.org/fr/?post_type=userpress_wiki&p=6751

La problématique de l’accès à la terre pour les femmes

© David.Tran/Shutterstock.com

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L’accès à la terre est un droit économique incluant l’accès, le contrôle à la terre, mais également la possession de titres fonciers dans certains cas. Les femmes ont tendance à être plus pénalisées que les hommes dans l’accès à la terre à cause de pratiques discriminatoires. [1] Dans de nombreuses communautés, c’est le droit coutumier et traditionnel qui dicte les possibilités d’accès des membres de la communauté à la terre et aux ressources. La terre n’est pas considérée comme un bien qui peut être acheté ou vendu, mais est gérée en fonction des structures familiales et parentales, ainsi que des coutumes. [2] Il existe un lien très fort entre les droits à l’héritage qui privilégient souvent les fils et l’accès à la terre détenu majoritairement par les hommes. [1] Les femmes n’y ont accès que par l’intermédiaire de leurs parents ou membres de famille de sexe masculin. [2]

États des lieux

En 2010, une étude de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que dans le monde moins de 20% des propriétaires fonciers sont des femmes. En Afrique occidentale et centrale ainsi qu’au Proche-Orient et en Afrique du Nord, les femmes représentent moins de 10% des propriétaires. En Afrique orientale et australe et dans certaines parties de l’Amérique latine, les femmes semblent avoir un meilleur accès à la terre. Elles possèdent 30% des titres fonciers individuels. [3]

Les enjeux des droits fonciers

L’accès à la terre est important pour assurer une autonomie alimentaire et financière aux individus. La propriété foncière est associée directement au pouvoir. L’accès à la terre est donc un enjeu crucial et constitue également une facilité dans l’accès au crédit. Lorsque les femmes ne jouissent pas des mêmes droits de propriété que les hommes, elles voient leur statut social, économique et politique diminuer. [2] De nombreux pays, comme le Burkina Faso ou le Sénégal, ont adopté des textes de loi visant à donner les mêmes droits fonciers aux hommes et aux femmes. Cependant, les femmes continuent de subir toutes sortes de discriminations qui les éloignent de cette ressource, indispensable à leur autonomisation et au développement socio-économique de leurs pays. [4]

Mesurer les inégalités en termes d’accès à la terre

Les organisations internationales et le monde de la recherche ont progressivement investi la problématique des droits fonciers des femmes en mettant à disposition des outils pour mesurer les inégalités en termes d’accès à la terre.

  • En 2010, la FAO a mis en place une base de données intitulée « Genre et Droit à la terre », qui recense le nombre de femmes propriétaires agricoles et établit des cartographies des droits fonciers par pays. Par exemple, au Maroc en 2008, les femmes représentaient 4,5% du nombre global des exploitants agricoles et disposaient de 2,5% de la surface agricole utile. [5]
  • Le SIGI (Social Institutions and Gender Index), créé par le Centre de développement de l’OCDE, a également intégré une dimension « Accès aux ressources » afin d’identifier les discriminations faites aux femmes concernant l’accès et le contrôle de la terre. Selon les résultats 2014 du SIGI, la Gambie et la Zambie sont les pays où les discriminations en termes d’accès aux ressources et à la terre pour les femmes sont les plus fortes. [6]
  • L’initiative « Feed the future », mise en place par l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development, USAID), a mis en place un indicateur permettant de mesurer l’autonomisation des femmes dans l’agriculture, le « Women’s Empowerment in Agriculture Index ». [7] En 2012, l’indicateur a permis d’établir le profil d’Aysha, une agricultrice du Bangladesh. Les résultats ont montré une dépendance d’Aysha très forte envers son mari, la parité au sein de son couple n’était pas atteinte. [8]

Exemple d’initiative pour améliorer l’accès des femmes à la terre

En 2010, la Banque Mondiale, en lien avec le gouvernement, a appuyé un programme d’octroi de titres fonciers en Éthiopie afin de promouvoir l’égalité femmes-hommes. Auparavant, les femmes avaient très peu de droits en matière d’accès à la terre. Pendant cinq ans, ce programme a bénéficié à 6,3 millions de ménages, notamment des femmes, dans de nombreuses régions du pays. Le programme a eu pour effet de réduire les conflits existants entre les communautés et d’améliorer directement le statut économique et social des femmes propriétaires terriennes. [9]

Références

  1. OCDE, Social Institutions and Gender Index (SIGI), 2014 Synthesis Report, 2014, (en anglais), http://www.genderindex.org/sites/default/files/docs/BrochureSIGI2015.pdf
  2. FAO, « Les femmes et le droit foncier, sur un pied d’égalité », 2000, http://www.fao.org/3/a-y3495f.pdf
  3. FAO, Perspectives Economiques et Sociales, Synthèses 8, « Genre et droit à la terre », mars 2010, http://www.fao.org/3/a-al059f.pdf
  4. FAO, L’accès des femmes à la terre en Afrique de l’Ouest: problématique et pistes de solutions au Sénégal et au Burkina Faso, 2008, http://www.fao.org/docrep/016/ap532f/ap532f.pdf
  5. FAO, Base de données Genre et le Droit à la Terre, (consulté le 14/01/16), http://www.fao.org/gender-landrights-database/background/fr/
  6. OCDE, Site Internet du SIGI (Social Institutions and Gender Index), (consulté le 14/01/16, en anglais), http://www.genderindex.org/data#restricted-resources-and-assets
  7. Feed the future, Women’s Empowerment in Agriculture Index, (consulté le 14/01/16, en anglais), http://feedthefuture.gov/lp/womens-empowerment-agriculture-index
  8. Feed the future, Women’s Empowerment in Agriculture Index, “Etude de cas d’Aysha, Bangladesh” (en anglais), 2012, http://feedthefuture.gov/sites/default/files/resource/files/weai_case_bangladesh2.pdf
  9. Site Internet de la Banque mondiale, «Les femmes deviennent propriétaires de terres en Ethiopie », 2013, (consulté le 19/02/16), http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/NEWSFRENCH/0,,contentMDK:22555461~pagePK:64257043~piPK:437376~theSitePK:1074931,00.html

Liens externes

Debbie Budlender, Eileen Alma, « Les femmes et la terre. Des droits fonciers pour une meilleure vie », Centre de recherche sur le développement international (CRDI) (Un focus), 2011, http://www.observaction.org/wp-content/uploads/2015/07/les-femmes-et-la-terre.pdf

ACORD, Oxfam, ActionAid, « Le droit des femmes à la terre et à la justice en Afrique », Rapport de la conférence sur les droits fonciers des femmes africaines, Kenya, 2011, http://www.acordinternational.org/silo/files/le-droit-des-femmes–la-terre-et–la-justice-en-afrique.pdf

Documentaires réalisés par l’association Enda Pronat sur les droits fonciers des femmes au Sénégal, à visualiser sur Observ’action.org, http://www.observaction.org/genre-et-foncier/femmes-rurales-du-senegal-agriculture-durable-et-acces-a-la-terre/

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https://www.wikigender.org/fr/wiki/lacces-des-femmes-a-la-terre/feed/ 0